Chronique #18 : Marche ou Crève - Stephen King

Je n'ai lu qu'un Stephen King jusqu'à maintenant (Dolores Claiborne) qui m'avait à la fois horrifiée et charmée. Le style de l'auteur est addictif, j'ai l'impression que c'est un professionnel du "page-turner", ce type de livre qu'on arrive pas à lâcher jusqu'à la fin.. En tout cas, Marche ou Crève en est un bon exemple.100 jeunes hommes de moins de 18 ans marchent, un camion de militaire à leurs côtés. S'ils s'arrêtent, s'ils s'écartent de la route, s'ils ralentissent trop... Ils sont tués, froidement. On ne sait pas vraiment pourquoi ils marchent, ce qu'ils ont à y gagner ou à perdre. La société semble se délecter de cette Longue Marche, des spectateurs se massent sur les côtés de la route, aux abords des villes pour regarder. Et ce qu'ils voient n'est pourtant pas si distrayant...Des jeunes hommes fatigués, épuisés, souffrant le martyr. Ils ont mal aux pieds, aux jambes, au ventre à la tête et au cœur. Ils n'ont droit qu'à trois avertissements avant de se faire exécuter froidement. Pourquoi ? C'est la question que je me suis posée tout le long de ce roman haletant, immersif et horrifiant.Malgré l'absurdité de la situation et la compétition entre les garçons (il ne peut en rester qu'un...), des amitiés se forment peu à peu. Des querelles éclatent aussi. Les jeunes américains parlent de leurs parents, de leurs petites copines, de leurs rêves, de leurs peurs et de leur présence à cette marche de la mort. Le personnage principal, Ray Garraty nous entraîne souvent dans son esprit et son corps torturé. On ressent presque ses douleurs au fur et à mesure qu'il les décrit.La fin est déchirante, étrange et très, très belle je trouve. Beaucoup d'autres avis sont négatifs à cause de ce final, mais je ne suis pas d'accord. Même si je me sens frustrée, j'ai bien apprécié ma lecture. Deux ou trois passages m'ont semblé un peu longuet, mais rien de bien grave. En même temps, écrire plus de 300 pages sur un groupe de jeunes qui ne font "que" marcher... quel exploit !