La vie d’une femme, et pas n’importe qui. Olympe est gérante d’une galerie d’art à Paris, qui prospère grâce à son caractère bien trempé. Son côté baroudeur et ses frasques ont fait d’elle un personnage de premier plan dans le monde de la peinture. Ses choix en tableaux sont aussi vifs et éphémères que ses aventures amoureuses. Olympe n’a que faire des états d’âmes apparemment. Pourtant, si a priori aucune émotion ne l’affecte, c’est un personnage plus contrasté qu’il ne paraît. C’est lors de la venue d’un client assez particulier que l’écheveau vacille. Paul, un scientifique, veut offrir une toile, mais il ne dispose que d’un petit budget. Olympe n’est pas intéressée de prime abord par ce genre de client fauché, pourtant elle ne le laisse pas filer. Elle lui trouve un tableau de Solal, un peintre tombé dans l’oubli, sorte de nounours mal léché qui vit reclus dans un quartier sombre de Perpignan. L’empire d’Olympe vacille, entre Paul qui l’attire mais n’est décidément pas une proie facile, et l’impertinent Solal. Deux opposants aussi redoutables qu’elle, d’une autre manière…
L’écriture de ce roman fait penser d’une certaine manière à une pièce de théâtre. Le personnage d’Olympe est sublimé, transcendé par un style vif et emporté, comme s’il fallait convaincre le spectateur du fond de la salle et le tirer sans cesse de sa torpeur. Chaque chapitre se présente comme une scène, avec un fil conducteur plutôt ténu, une intrigue en pointillés. Le personnage principal mène la danse d’un bout à l’autre, tandis que les autres sont au second plan le plus souvent, un peu comme des figurants.
« Ils sont assommés par cet échange qui les ramène à ce qu’ils sont : des indociles. Des marcheurs de côté. des êtres qui échappent à la définition. Ils ne se sont jamais pliés à une seule loi, une seule façon d’aller au monde. Ils sont conventionnels, puis ne le sont plus. Réactionnaires puis profondément ancrés dans leur époque. Ils ne pensent pas en « école », en « tendance », en « famille ». Ils ne veulent entraîner personne derrière eux, ni créer de courants qui seraient des courants d’air. «
Les Indociles de Murielle Magellan
Date de parution : 11/01/2016