Autodidacte forcené, travailleur acharné, Martin devient un homme cultivé et se lance dans l’écriture. Malgré ses efforts, tous ses manuscrits sont rejetés par les éditeurs. Il finit par nouer avec Ruth une tendre et sincère relation amoureuse mais lorsqu’un journal local le présente comme un socialiste après une réunion syndicale, sa fiancée rompt les ponts définitivement. Peu après, ses écrits sont publiés et connaissent un succès phénoménal. Devenu un écrivain célèbre, Martin décide de fuir le monde et de retourner en mer…
Martin, aveuglé par l’amour, désireux d’intégrer la bourgeoisie en s’élevant culturellement, va se heurter au cloisonnement des conventions de classe. Ruth, qui soutient dans un premier temps ses tentatives d’écriture, souhaite rapidement le voir s’engager dans une direction professionnelle plus stable et surtout plus conforme aux souhaits de sa famille. Elle devient muse néfaste qui, par conformisme, va couper les ailes de l’artiste en devenir. Après leur séparation, Martin souffre terriblement, et au moment où ses talents sont reconnus, où il obtient ce qu’il désire et peut enfin vivre de sa plume, il ne ressent que tristesse et désillusion.
Une belle adaptation de ce roman du désenchantement, surement le plus autobiographique de London. Un roman qui dresse le portrait en creux d’un écrivain narcissique et idéaliste sombrant dans la dépression et l’autodestruction. L’histoire ne dégouline certes pas d’optimisme béat mais dégage une forme de beauté romantique assez fascinante.
Martin Eden d’après le roman de Jack London – Aude Samama et Denis Lapière. Futuropolis, 2016. 175 pages. 24,00 euros.