La mémoire est une chienne indocile.Elliot PERLMAN.Editio...

Par Autantenemporteleslivres
La mémoire est une chienne indocile.
Elliot PERLMAN.
Editions 10.18
766 pages.
Résumé:
New-York, aujourd'hui. Ex-taulard en probation dans un hôpital, Lamont, jeune noir du Bronx, se lie d'amitié avec un patient, rescapé des camps. Uptown, Zignelik, professeur d'histoire en pleine crise existentielle, exhume un document inédit: les premiers témoignages sonores de survivants de l'Holocauste. Dans le creux de cette mémoire ravivée, leurs destins vont s'entremêler. D'un ghetto à l'autre, dans une myriade de voix et une narration virtuose, ce roman poignant interroge l'Histoire du XXème siècle.
Mon avis:
Ce livre est arrivé dans ma Pal un peu par hasard, au détour d'un vide grenier. Je l'ai aperçu posé sur un étalage, à deux euros en parfait état. Sa couverture, mais surtout son titre, m'ont tout de suite attiré et je me suis décidée à l'acheter sans savoir qu'il s'agissait d'un roman traitant de la seconde guerre mondiale.
C'est un livre déconcertant sur le plan de la narration, puisque l'on suit l'histoire de plusieurs personnages et à des époques différentes.
Celle, tout d'abord, de Lamont, ancien taulard en réinsertion, qui a pour habitude chaque soirs à la fin de son service, de rejoindre dans sa chambre M. Mandelbrot, un patient de l'hôpital où il travaille et rescapé d'Auschwitz, où ce dernier lui raconte les mois terribles qu'il a vécu dans les camps de la mort.
Mais aussi, celle d'Adam, professeur universitaire, qui tente de découvrir  parmi les témoignages sonores des survivants de l'holocauste qu'il vient de mettre à jour. une preuve selon laquelle les noirs aussi, auraient participé à la libération des camps.
Puis celles, des années plus tôt, de Henry Border, jeune psychologue, auteur de ces fameux enregistrements datant de 1946, Rosa Rabinowicz, Noah Lewental et bien d'autres, tous prisonniers d'Auschwitz.
Pendant la  première partie du roman, j'étais souvent perdue. Les époques se succédaient sans arrêt et de nouveaux personnages apparaissaient constamment, sans que je sache trop de qui il s'agissait. Je ne voyais finalement pas de lien entre eux.
De plus, je me suis un peu ennuyée, car de nombreux passages très longs sont consacrés à des faits historiques. L'auteur nous raconte très exactement comment les nazis en sont venus à commettre de telles atrocités Il nous assomme de détails, de décisions politiques très complexes, qui auraient pu à mon avis être donnés de façon plus simple, pour nous aider à mieux comprendre la montée du fascisme.
Heureusement, j'ai continué ma lecture, car à la moitié du roman, tout commence enfin à se mettre en place. On comprend où Elliot Perlman veut en venir et le lien qu'il y a entre ses personnages.
Le titre du livre prend tout son sens lorsque l'on comprend qu'il s'agit avant tout d'un roman sur le devoir de mémoire. Une mémoire qu'il faut entretenir. Il nous montre qu'il est important de raconter de générations en générations ce qu'ont vécu les déportés pendant la seconde guerre mondiale. Car aujourd'hui des gens, tel que Lamont, sont encore ignorants de ce qu'il s'est passé. Il est si facile d'oublier. La preuve en est, puisque l'on recommence bien des années plus-tard les mêmes erreurs avec la discrimination des noirs, comme nous le prouve l'auteur à travers ses personnages, dans les années soixante, mais également encore de nos jours. Ces crimes perpétués contre des innocents n'ont-ils pas suffi? Quand cela s'arrêtera t-il?
De nombreux passages sont très durs à lire, notamment ceux sur le fonctionnement des chambres à gaz, où M. Mandelbrot a été forcé de travailler. Certaines phrases sont insoutenables et m'ont mis les larmes aux yeux. Je tiens à saluer d'ailleurs le travail de recherche remarquable de l'auteur, qui a réussi à nous livrer un roman très bien écrit et documenté. Les propos sont tellement criants de vérité, que j'ai eu l'impression de lire un témoignage.
Pourtant à travers le désespoir de ces êtres privés de liberté, un message d'espoir est également délivré, qui est, que tous les êtres humains peuvent vivre ensemble et s'entraider, sans haine, malgré leur différence de couleur de peau ou de religion.
Pour conclure:

Malgré une première moitié de roman longue, difficile à comprendre et parfois un peu ennuyante, je vous conseille de continuer votre lecture jusqu'au bout pour saisir toute la portée de ce roman terriblement émouvant.
Une oeuvre poignante sur les injustices de la vie, qui nous fait prendre conscience que malheureusement, l'être humain ne tire pas suffisamment les leçons des erreurs du passé. Certains actes sont encore aujourd'hui empreints de racisme, racisme qui a malheureusement conduit il y a des années, au massacre de millier de gens. On ressort de cette lecture chamboulé et avec à mon avis, une nouvelle vision de l'humanité.
Ma note: 15/20.