Comme souvent, au moment de choisir un titre, j'ai hésité avant que cette phrase, extraite de notre roman du jour, ne s'impose. Mais, j'aurais bien vu une phrase tirée de "The Ballad of Billy The Kid", d'un autre Billy célèbre, Billy Joel avant de me dire qu'un lien vers la chanson serait tout aussi bien. Car, c'est bien d'une des légendes du Far West dont nous allons parler, mais pas uniquement. Un Kid embarqué dans une sale histoire, bien malgré lui, dans le thriller de Laurent Whale "Goodbye Billy" (en grand format aux éditions Critic et récemment disponible en poche chez Folio), premier volet d'une série consacrée aux rats de poussière. Ne vous inquiétez pas, on vous explique tout dans un instant. Juste le temps de vous dire que ce roman est mené à 100 à l'heure et qu'il recèle quelques idées formidables en plus d'une promenade dans le temps, 150 ans en arrière, lorsque le Colt était le meilleur ami de l'homme...
A la fin des années 1870, William Bonney appartient à la bande des Regulators qui multiplie les faits d'arme au Nouveau-Mexique. En raison de son air juvénile, ses compagnons ont surnommé le jeune homme, âgé d'une petite vingtaine d'années, le gamin. The Kid. Un hors-la-loi d'une grande adresse dès qu'il s'agit de faire feu, avec une arme de poing, comme avec un fusil.
Mais, la vie de desperado n'est pas de tout repos et chaque jour est peut-être le dernier. La mise à prix le visant, 500 dollars de l'époque, une sacrée belle somme, n'y est sans doute pas pour rien. Et, on connaît l'histoire, le 14 juillet 1881, du côté de Fort Sumner, la carrière et la vie de Billy The Kid ont pris fin, la faute au shérif Pat Garrett... Knock, knock, knockin' on heaven's door...
Un homme meurt, une légende naît et elle sera par la suite colportée jusqu'à aujourd'hui où le Kid reste une des grandes figures du Far West, que cette mort, infligée assez traîtreusement, d'ailleurs, a rendu sympathique. Et qui dit légende, dit quelques petits arrangements avec la réalité. Comme ces 21 victimes qu'on lui attribue... Mais, après tout, je n'y étais pas, qui suis-je pour remettre cela en cause ?
De nos jours, Richard "Dick" Benton quitte le FBI. Les raisons pour lesquelles il a dû rendre sa plaque et son arme, ce cérémonial si bien immortalisé par les séries télévisées, pour une raison qu'on ne connaîtra pas. Pour le moment. en tout cas. Un autre poste l'attend, un beau placard doré, à la bibliothèque du Congrès, à Washington.
Là, il va prendre la tête d'un service à l'appellation bien mystérieuses : la section des archives tronquées... Pas de quoi emballer l'homme de terrain, l'agent spécial du FBI Benton, un dur parmi les durs, mais tout cela, c'est le passé. Sous ses ordres, désormais, trois personnes bien différentes de ses anciens collègues.
Il y a Andrew Kerouac, qui semble avoir toujours vécu dans les sous-sols de la bibliothèque et connaît comme sa poche les archives non encore numérisées ; il y a Antonia Horowitz, analyste mal dans sa peau, cousine très éloignée de la Pénélope Garcia, d' "Esprits Criminels" ; et enfin, Maureen McCornwall, flamboyante rouquine au look destroy et jamais très éloignée d'un ordinateur.
Leur boulot ? Mener diverses enquêtes à la demande des parlementaires, sur des sujets parfois essentiels, d'autres un peu moins, en apparence en tout cas. Des enquêtes qui nécessitent de plonger parfois profondément dans les archives monumentales qui dorment ici. Voilà pourquoi on appelle les membres de ce service "les rats de poussière".
Au moment de la prise de fonction de Benton, les élections présidentielles approchent. Le locataire de la Maison-Blanche sortant n'est pas favori, loin de là, dans les sondages. Beaucoup de spécialistes voient les Républicains revenir au pouvoir et l'un d'entre eux se détache : le sénateur Ferguson, troisième du nom.
Or, à l'heure du fact-checking, des réseaux sociaux, du buzz et de tout ce genre de choses, il est important de s'assurer qu'un candidat au poste suprême soit aussi pur qu'un agneau qui vient de naître. Voilà donc la première mission des rats de poussière sous l'ère Benton. Rien de bien excitant, et pourtant, les archives vont parler.
Oh, sur l'actuel sénateur, rien de bien grave, mais une histoire remontant à son grand-père, dans les années 20-30 turlupine Kerouac. Difficile de savoir si c'est très sérieux ou s'il ne s'agit que d'une broutille. Mais, c'est bien là. Et, lorsque la nouvelle commence à circuler, les réactions montrent que le petit truc, là, est peut-être bien moins anodin que prévu...
Voilà qu'on essaye de mettre de sérieux bâtons dans les roues des rats de poussière, qui s'entêtent à comprendre ce qui cloche. Plus ils cherchent la vérité, plus la pression s'accroît. Bientôt, ce sont de véritables menaces qui les frappe. Et tout cela n'est qu'un début. Visiblement, quelques puissantes entités n'ont pas envie, mais alors pas du tout, de les voir sortir une vérité qui dérangerait...
Tous les coups, surtout les plus bas, les plus fourbes, les plus dégueulasses, sont permis et Benton et ses nouveaux acolytes, soutenus par un de ses amis, Jake, un colosse qui a longtemps et discrètement aidé l'ancien agent lorsqu'il bossait pour le FBI, vont devoir se montrer non seulement prudents, mais aussi rapide, s'ils veulent se sortir sans dommage de tout cela.
Le lien entre les rats de poussière et Billy the Kid ? Ah, mais nous n'en parlerons pas ici, c'est évidemment le coeur de l'intrigue, lisez le livre ! Lisez-le, car c'est vraiment un bon thriller, avec un rythme endiablé, où alternent les épisodes de la vie du Kid, mais aussi l'enquête des rats de poussière, enfin, leur fuite, devrais-je dire...
Viennent s'agréger à cette intrigue centrale d'autres histoires, qui prendront évidemment sens au fil des chapitres et apporteront des éléments supplémentaires au lecteur, tant au sujet de l'enquête que sur d'autres aspects de cette série. Mais je ne veux pas en dire trop, juste vous dire de vous laisser porter sans vous poser de questions. Tout deviendra clair en temps et en heure.
Pour ma part, j'ai dévoré ces presque 600 pages à grande vitesse, happé par l'histoire dès les premières pages. J'ai grandi en regardant "la dernière séance", le mardi soir, et les nombreux westerns diffusés sous la houlette de Monsieur Eddy Mitchell. Alors, oui, il en reste des traces et même si, en grandissant, le regard change sur ce genre cinématographique aux allures de propagande...
Mais l'attachement pour la période, les décors grandioses, les figures épiques de cette époque, demeure et je me réjouis de voir régulièrement, et pas seulement au cinéma ou à la télé, mais aussi en littérature, revenir le western sur le devant de la scène. En voilà un nouvel exemple très intéressant et très réussi, je trouve.
Car Laurent Whale fait oeuvre romanesque : il prend la biographie, assez sommaire, du Kid, ce que la légende en a fait et les zones d'ombre qui persistent, les questions qu'on se pose en confrontant les témoignages... Et il s'engouffre dans ces brèches pour jouer quelques variations autour de ce personnage que son surnom et sa mort prématurée ont laissé éternellement jeune. Forever young, décidément, ce billet est très dylanesque...
Et, comme si ça ne suffisait pas, il n'hésite pas à utiliser d'autres légendes de l'Ouest sauvââââge dans son intrigue. Une en particulier, dont je ne vais évidemment rien dire ici. Sachez simplement que tout s'imbrique parfaitement pour donner une histoire à laquelle on aurait vraiment envie de croire, parce que ce serait tout simplement époustouflant. Et, après tout, c'est peut-être vrai, tout ça !
En revanche, on a beaucoup moins envie de croire à ce qui se cache derrière la partie contemporaine de "Goodbye Billy". Là, je dois reconnaître que j'ai été bluffé par cette idée, aussi géniale qu'elle fait froid dans le dos. Et force est de reconnaître que c'est épouvantablement plausible, alors qu'une autre échéance électorale approche aux Etats-Unis. J'en frissonne rien que d'y penser...
Mais, une nouvelle fois, difficile de développer cet aspect de l'intrigue, puisque c'est l'une des clés qu'il vous faudra découvrir, afin de mieux comprendre tout ce qui se déroule sous vos yeux. Je suis juste surpris que cette idée n'ait pas déjà germé dans l'esprit de quelques-uns des maîtres du thriller anglo-saxon, parce qu'on a là un bien beau filon.
Quant à moi, je sème des inconnues, j'entrebâille des portes plus que je ne les ouvre, je tends des perches et je propose, enfin je l'espère, quelques pistes de lectures inachevées qui aiguiseront votre curiosité. Cette première enquête des rats de poussière est particulièrement alléchantes et je me réjouis déjà de lire la suivante, "le manuscrit Robinson", tant le concept créé par Laurent Whale me botte, mes potes !
Puisqu'on l'évoque, bah oui, quand même, faire un peu de place à l'auteur dans un billet sur un livre n'est pas si absurde, parlons de Laurent Whale et de sa passion pour l'aéronautique, déjà vue dans "les étoiles s'en balancent". Si vous avez le mal de l'air, n'oubliez pas le sac à vomi qui vous est fourni avec le livre - ah, on me dit dans l'oreillette que ce n'est pas le cas... Bon...
En effet, on décolle une nouvelle fois dans ce roman et, si les ULM des "étoiles s'en balancent" paraissaient déjà moyennement confortables, que dire du coucou dans lequel on nous fait monter aux côtés des rats de poussière ? Oui, ça vibre de partout, ça chauffe, ça fait un bruit de tonnerre et on se demande quand on va finir par se vautrer, mais ouais, quel pied, au final que cette partie aérienne !
Le reste, c'est la fantaisie et la causticité de Laurent Whale qui le font. Avec quelques scènes d'anthologie, comme cette savoureuse diversion orchestrée par les rats de poussière en pleine rue d'un paisible quartier résidentiel d'Austin, Texas... Un passage qui m'a non seulement énormément fait rire, mais aussi beaucoup... hum... ému, disons... Et je ne suis pas le seul, apparemment...
Oui, je le dis, le redis, persiste et signe, "Goodbye Billy" est plein d'excellentes idées, des plus dépaysantes aux plus amusantes, en passant par d'autres plus flippantes. On croise de vrais méchants, et pas seulement autour de Billy the Kid, quand celui qui dégainait le plus rapidement pouvait espérer poursuivre son chemin.
Il s'agit d'un véritable page-turner, servi par l'alternance des époques, des lieux et des fils narratifs. On est tenu en haleine d'un bout à l'autre jusqu'à un dénouement là encore très réussi, spectaculaire et hollywoodien à souhait. Du divertissement, oui, du pur entertainment, mais pas creux pour autant. On ne se prend pas une seconde la tête, mais les méninges fonctionnent tout de même dans un bel équilibre.
On a sans doute encore beaucoup à apprendre sur les membres des rats de poussière qui, avec l'arrivée de Benton, vont semble-t-il, devoir s'habituer à l'activité physique et au stress intense, bien loin des travaux de bureau qu'ils remplissaient tranquillement jusque-là. Mais, si pour eux, cela peut recouvrir quelques aspects pénibles, pour le lecteur, c'est que du bonheur et on a envie de les suivre un bon moment dans d'autres aventures !
A la fin des années 1870, William Bonney appartient à la bande des Regulators qui multiplie les faits d'arme au Nouveau-Mexique. En raison de son air juvénile, ses compagnons ont surnommé le jeune homme, âgé d'une petite vingtaine d'années, le gamin. The Kid. Un hors-la-loi d'une grande adresse dès qu'il s'agit de faire feu, avec une arme de poing, comme avec un fusil.
Mais, la vie de desperado n'est pas de tout repos et chaque jour est peut-être le dernier. La mise à prix le visant, 500 dollars de l'époque, une sacrée belle somme, n'y est sans doute pas pour rien. Et, on connaît l'histoire, le 14 juillet 1881, du côté de Fort Sumner, la carrière et la vie de Billy The Kid ont pris fin, la faute au shérif Pat Garrett... Knock, knock, knockin' on heaven's door...
Un homme meurt, une légende naît et elle sera par la suite colportée jusqu'à aujourd'hui où le Kid reste une des grandes figures du Far West, que cette mort, infligée assez traîtreusement, d'ailleurs, a rendu sympathique. Et qui dit légende, dit quelques petits arrangements avec la réalité. Comme ces 21 victimes qu'on lui attribue... Mais, après tout, je n'y étais pas, qui suis-je pour remettre cela en cause ?
De nos jours, Richard "Dick" Benton quitte le FBI. Les raisons pour lesquelles il a dû rendre sa plaque et son arme, ce cérémonial si bien immortalisé par les séries télévisées, pour une raison qu'on ne connaîtra pas. Pour le moment. en tout cas. Un autre poste l'attend, un beau placard doré, à la bibliothèque du Congrès, à Washington.
Là, il va prendre la tête d'un service à l'appellation bien mystérieuses : la section des archives tronquées... Pas de quoi emballer l'homme de terrain, l'agent spécial du FBI Benton, un dur parmi les durs, mais tout cela, c'est le passé. Sous ses ordres, désormais, trois personnes bien différentes de ses anciens collègues.
Il y a Andrew Kerouac, qui semble avoir toujours vécu dans les sous-sols de la bibliothèque et connaît comme sa poche les archives non encore numérisées ; il y a Antonia Horowitz, analyste mal dans sa peau, cousine très éloignée de la Pénélope Garcia, d' "Esprits Criminels" ; et enfin, Maureen McCornwall, flamboyante rouquine au look destroy et jamais très éloignée d'un ordinateur.
Leur boulot ? Mener diverses enquêtes à la demande des parlementaires, sur des sujets parfois essentiels, d'autres un peu moins, en apparence en tout cas. Des enquêtes qui nécessitent de plonger parfois profondément dans les archives monumentales qui dorment ici. Voilà pourquoi on appelle les membres de ce service "les rats de poussière".
Au moment de la prise de fonction de Benton, les élections présidentielles approchent. Le locataire de la Maison-Blanche sortant n'est pas favori, loin de là, dans les sondages. Beaucoup de spécialistes voient les Républicains revenir au pouvoir et l'un d'entre eux se détache : le sénateur Ferguson, troisième du nom.
Or, à l'heure du fact-checking, des réseaux sociaux, du buzz et de tout ce genre de choses, il est important de s'assurer qu'un candidat au poste suprême soit aussi pur qu'un agneau qui vient de naître. Voilà donc la première mission des rats de poussière sous l'ère Benton. Rien de bien excitant, et pourtant, les archives vont parler.
Oh, sur l'actuel sénateur, rien de bien grave, mais une histoire remontant à son grand-père, dans les années 20-30 turlupine Kerouac. Difficile de savoir si c'est très sérieux ou s'il ne s'agit que d'une broutille. Mais, c'est bien là. Et, lorsque la nouvelle commence à circuler, les réactions montrent que le petit truc, là, est peut-être bien moins anodin que prévu...
Voilà qu'on essaye de mettre de sérieux bâtons dans les roues des rats de poussière, qui s'entêtent à comprendre ce qui cloche. Plus ils cherchent la vérité, plus la pression s'accroît. Bientôt, ce sont de véritables menaces qui les frappe. Et tout cela n'est qu'un début. Visiblement, quelques puissantes entités n'ont pas envie, mais alors pas du tout, de les voir sortir une vérité qui dérangerait...
Tous les coups, surtout les plus bas, les plus fourbes, les plus dégueulasses, sont permis et Benton et ses nouveaux acolytes, soutenus par un de ses amis, Jake, un colosse qui a longtemps et discrètement aidé l'ancien agent lorsqu'il bossait pour le FBI, vont devoir se montrer non seulement prudents, mais aussi rapide, s'ils veulent se sortir sans dommage de tout cela.
Le lien entre les rats de poussière et Billy the Kid ? Ah, mais nous n'en parlerons pas ici, c'est évidemment le coeur de l'intrigue, lisez le livre ! Lisez-le, car c'est vraiment un bon thriller, avec un rythme endiablé, où alternent les épisodes de la vie du Kid, mais aussi l'enquête des rats de poussière, enfin, leur fuite, devrais-je dire...
Viennent s'agréger à cette intrigue centrale d'autres histoires, qui prendront évidemment sens au fil des chapitres et apporteront des éléments supplémentaires au lecteur, tant au sujet de l'enquête que sur d'autres aspects de cette série. Mais je ne veux pas en dire trop, juste vous dire de vous laisser porter sans vous poser de questions. Tout deviendra clair en temps et en heure.
Pour ma part, j'ai dévoré ces presque 600 pages à grande vitesse, happé par l'histoire dès les premières pages. J'ai grandi en regardant "la dernière séance", le mardi soir, et les nombreux westerns diffusés sous la houlette de Monsieur Eddy Mitchell. Alors, oui, il en reste des traces et même si, en grandissant, le regard change sur ce genre cinématographique aux allures de propagande...
Mais l'attachement pour la période, les décors grandioses, les figures épiques de cette époque, demeure et je me réjouis de voir régulièrement, et pas seulement au cinéma ou à la télé, mais aussi en littérature, revenir le western sur le devant de la scène. En voilà un nouvel exemple très intéressant et très réussi, je trouve.
Car Laurent Whale fait oeuvre romanesque : il prend la biographie, assez sommaire, du Kid, ce que la légende en a fait et les zones d'ombre qui persistent, les questions qu'on se pose en confrontant les témoignages... Et il s'engouffre dans ces brèches pour jouer quelques variations autour de ce personnage que son surnom et sa mort prématurée ont laissé éternellement jeune. Forever young, décidément, ce billet est très dylanesque...
Et, comme si ça ne suffisait pas, il n'hésite pas à utiliser d'autres légendes de l'Ouest sauvââââge dans son intrigue. Une en particulier, dont je ne vais évidemment rien dire ici. Sachez simplement que tout s'imbrique parfaitement pour donner une histoire à laquelle on aurait vraiment envie de croire, parce que ce serait tout simplement époustouflant. Et, après tout, c'est peut-être vrai, tout ça !
En revanche, on a beaucoup moins envie de croire à ce qui se cache derrière la partie contemporaine de "Goodbye Billy". Là, je dois reconnaître que j'ai été bluffé par cette idée, aussi géniale qu'elle fait froid dans le dos. Et force est de reconnaître que c'est épouvantablement plausible, alors qu'une autre échéance électorale approche aux Etats-Unis. J'en frissonne rien que d'y penser...
Mais, une nouvelle fois, difficile de développer cet aspect de l'intrigue, puisque c'est l'une des clés qu'il vous faudra découvrir, afin de mieux comprendre tout ce qui se déroule sous vos yeux. Je suis juste surpris que cette idée n'ait pas déjà germé dans l'esprit de quelques-uns des maîtres du thriller anglo-saxon, parce qu'on a là un bien beau filon.
Quant à moi, je sème des inconnues, j'entrebâille des portes plus que je ne les ouvre, je tends des perches et je propose, enfin je l'espère, quelques pistes de lectures inachevées qui aiguiseront votre curiosité. Cette première enquête des rats de poussière est particulièrement alléchantes et je me réjouis déjà de lire la suivante, "le manuscrit Robinson", tant le concept créé par Laurent Whale me botte, mes potes !
Puisqu'on l'évoque, bah oui, quand même, faire un peu de place à l'auteur dans un billet sur un livre n'est pas si absurde, parlons de Laurent Whale et de sa passion pour l'aéronautique, déjà vue dans "les étoiles s'en balancent". Si vous avez le mal de l'air, n'oubliez pas le sac à vomi qui vous est fourni avec le livre - ah, on me dit dans l'oreillette que ce n'est pas le cas... Bon...
En effet, on décolle une nouvelle fois dans ce roman et, si les ULM des "étoiles s'en balancent" paraissaient déjà moyennement confortables, que dire du coucou dans lequel on nous fait monter aux côtés des rats de poussière ? Oui, ça vibre de partout, ça chauffe, ça fait un bruit de tonnerre et on se demande quand on va finir par se vautrer, mais ouais, quel pied, au final que cette partie aérienne !
Le reste, c'est la fantaisie et la causticité de Laurent Whale qui le font. Avec quelques scènes d'anthologie, comme cette savoureuse diversion orchestrée par les rats de poussière en pleine rue d'un paisible quartier résidentiel d'Austin, Texas... Un passage qui m'a non seulement énormément fait rire, mais aussi beaucoup... hum... ému, disons... Et je ne suis pas le seul, apparemment...
Oui, je le dis, le redis, persiste et signe, "Goodbye Billy" est plein d'excellentes idées, des plus dépaysantes aux plus amusantes, en passant par d'autres plus flippantes. On croise de vrais méchants, et pas seulement autour de Billy the Kid, quand celui qui dégainait le plus rapidement pouvait espérer poursuivre son chemin.
Il s'agit d'un véritable page-turner, servi par l'alternance des époques, des lieux et des fils narratifs. On est tenu en haleine d'un bout à l'autre jusqu'à un dénouement là encore très réussi, spectaculaire et hollywoodien à souhait. Du divertissement, oui, du pur entertainment, mais pas creux pour autant. On ne se prend pas une seconde la tête, mais les méninges fonctionnent tout de même dans un bel équilibre.
On a sans doute encore beaucoup à apprendre sur les membres des rats de poussière qui, avec l'arrivée de Benton, vont semble-t-il, devoir s'habituer à l'activité physique et au stress intense, bien loin des travaux de bureau qu'ils remplissaient tranquillement jusque-là. Mais, si pour eux, cela peut recouvrir quelques aspects pénibles, pour le lecteur, c'est que du bonheur et on a envie de les suivre un bon moment dans d'autres aventures !