Petites recettes de bonheur pour temps difficiles

Par Folfaerie

J’aime bien le genre épistolaire en général, et je poursuis en 2016 mes bonnes résolutions (pour une fois je n’avais pas écrit de billet étant donné que jusqu’à présent, je n’ai pas été capable d’en tenir une seule…), à savoir lire des livres qui me plaisent vraiment (traduction : de la fantasy), ne pas culpabiliser de ne pas lire quelques grands noms qui m’attendent dans ma biblio depuis plusieurs années, et puis lire des histoires qui mettent du baume au coeur. Je veux des happy end, voilà. Ces fameux livres-doudous ou feel good comme certaines blogueuses les appellent. Voilà ce que je lirai en 2016.

Or donc, ce roman épistolaire tombait à pic. Mon oeil fut attiré par la très jolie couverture, et par les critiques positives sur Babelio.

Deux femmes qui ne se connaissent pas, de tempérament et d’âge différents, décident de s’écrire pour surmonter leur peur et leur solitude. Nous sommes aux USA en 1943, et leurs maris respectifs sont partis combattre le nazisme.

Chère « Sorcière aux mains vertes »,
à trop vouloir m’appliquer, j’ai de l’encre bleue plein les doigts.
Mais ce soir, j’avais le coeur lourd… Alors j’ai décidé de faire fi du reste et de prendre ma plus belle plume pour écrire à une parfaite inconnue qui n’aura peut-être ni le temps ni l’envie de me répondre.
Et si je commençais par le commencement ?

Glory, mère de deux jeunes enfants, surmonte difficilement l’absence de son mari, d’autant plus qu’elle s’empêtre dans une relation compliquée avec leur ami d’enfance.

Rita, mère d’un grand garçon lui aussi parti au front, doit en plus faire face à l’absence de son mari Sal, qui s’est engagé comme médecin. Et pour couronner le tout, voilà qu’elle doit s’accoutumer à l’idée que son fils est amoureux d’une jeune fille, banale et ordinaire.

Au fil des lettres, les deux femmes vont se conseiller, s’épauler, s’épancher et tisser des liens indéfectibles. Il peut paraître surprenant que deux inconnues puissent confier tant de choses sur leur vie, mais si on y réfléchit bien, on se dit que c’est bien plus facile de coucher sur le papier ses petites faiblesses et lâchetés, ses désirs inavoués, à une inconnue qui non seulement ne vous jugera pas mais qui, en outre, risque fort de se reconnaître en vous.

C’est incroyable, l’effet que peuvent vous faire quelques lignes manuscrites ! Cela n’a pas entièrement suffi à m’apaiser mais, pour reprendre une expression du jargon militaire, mes angoisses sont en net repli face à l’ennemi…

Les lettres fourmillent de détails sur leur vie quotidienne, contiennent des recettes que l’on peut concocter quand on est rationné, s’attardent sur les peines et les doutes et toutes les petites joies d’une vie simple, planter des tournesols ou récolter des tomates, déjeuner sur l’herbe, faire son premiers discours en public…

Les deux femmes sont entourées d’une galerie de personnages secondaires que l’on prend plaisir à suivre, la voisine, la meilleure amie, une belle-mère… Beaucoup de moment d’émotions (et de bons sentiments !) mais beaucoup d’humour aussi. Et même si la fin est en demi-teinte, il reste de cette lecture une impression de paix et de joie parce que nos deux héroïnes choisissent de faire front, de se tromper mais de corriger leurs erreurs, de continuer à aimer un beau jardin ou le bleu de l’océan, et par-dessus tout, de rendre leur amitié précieuse en privilégiant l’honnêteté. Une lecture bien sympathique qui donne envie de regarder le monde autrement.