Chronique « Le chant du Cygne, tome 2 »
Scénario de Xavier Dorison et Emmanuel Herzet, dessin de Cédric Babouche,
Public conseillé : Adultes/Adolescents
Style : Aventure historique
Paru aux éditions « Le Lombard », collection Signé, le 15 janvier 2016, 72 pages, 14.99 euros
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L’Histoire
La petite troupe du lieutenant Katzinski continue sa progression vers Paris. Leur but : apporter la pétition de la cote 108, signée par des milliers de poilus à un député parisien. Dans leur sillage, la troupe du commandant Morvan a pris cher. Deux hommes gravement amochés, quatre légèrement brûlés et les camions hors d’usage. Pour continuer la traque, il invente une histoire. Officiellement, il sont à la poursuite d’un espion allemand.
De leur coté, Katz et Pat’ ont été séparé du groupe. Ils ne leur restent plus qu’à marcher. A bord des camions, la troupe des mutins s’est arrêtée dans un petit village. Lavage à grande eaux dans la fontaine du village et repas revigorant offert par les habitants, la halte ne pas pas inaperçue…
Ce que j’en pense
Voici (enfin) le second et dernier tome “Chant du Cygne”, dont j’avais grandement apprécié le 1er opus, sorti il y a un an et demi. Ce second épisode, toujours aussi prenant, est construit comme un “road-movie” (une fuite en avant), à un détail prêt. La bande de Katz est animé par un but précis : rallier Paris, pour remettre la pétition entre de bonnes mains.
Évidemment, le trajet est semé d’embûches et le commandant Morvan à leurs trousses, ne fera pas de cadeaux…
Au scénario, on retrouve Xavier Dorison, le maître de “l’Entertainement” (“Le Maître d’Armes”, “Undertaker”…), qui s’est adjoint un compagnon co-scénariste en la personne d’Emmanuel Herzet. Ce passionné d’Histoire a fait ses armes dans des récits historiques documentés et plutôt musclés (“La Branche Lincoln”, “Alpha premières armes”, “Duelliste”…).
Leur collaboration donne un récit très documenté (L’histoire de la pétition est véridique, sans parler de l’ensemble des détails de la vie quotidienne des Poilus), mais aussi très humain. Même si le récit est rempli de scènes d’action et d’explosions en tout genre, les auteurs prennent le temps de parler de leur personnages. Le commandant Katz, Pat’, le Boeuf et même le “méchant commandant Morvan ont leurs moments à eux.
Intelligents, subtils, en alternant drame et action, Dorison et Herzet construisent un réseau de personnages fort et attachants, mais certainement pas manichéens. Ces hommes, engagés dans une cause perdue d’avance et qui se savent déjà condamnés, vivent leurs derniers instants, leurs “chant du Cygne” devant nos yeux de spectateurs désarmées. Difficile de ne pas se sentir touché par toute cette humanité, dans sa complexité et ses faiblesses…
Au dessin, j’avais été surpris, pour ne pas dire “décontenancé” par le trait de Cédric Babouche. Ce jeune dessinateur, professeur de dessin à l’école Emile Cohl et réalisateur de dessins animés, a un style très étonnant, mais superbe.
Ses aquarelles, opposant des camaïeux de rouge violent et gris-bleu terreux m’ont embarqués dans le récit.
Ce qui m’intrigue c’est le trait typé “Manga” de Cédric. Grand amateur de “Miyazaki” (ça se sent), il utilise des “gimigs” graphiques (grands yeux, bouilles rondes) qui font penser à un album “jeunesse”. Mais “Le chant du Cygne” est tout sauf ça, même si les passages de comédie et les dialogues savoureux sont de la partie.
Si vous faites l’effort de passer outre ce parti pris graphique inattendu, c’est promis, vous ne le regretterez pas ! Coloriste de grande classe, ses planches sont immersives à souhait et d’une expressivité folle.
Enfin, comme annoncé dès le premier tome, n’attendez pas une “Happy End”. Xavier et Emmanuel connaissent bien la fin, et ne vous mentiront pas !