Résumé éditeur français :
« A l’automne de 1960, alors que j’avais seize ans et que mon père était momentanément sans emploi, ma mère rencontra un homme du nom de Warren Miller et tomba amoureuse de lui. C’était à Great Falls, Montana…
Depuis que son père est parti combattre les incendies de forêt qui ravagent la région, Joe doit faire face à la soudaine désinvolture de sa mère, et à la découverte de sa propre solitude. »
Résumé anglais :
« The setting is Great Falls, Montana, where the Rockies end and where, in 1960, the sense of promise seems as limitless as the sweep of the prairies beyond. This is where the Brinson family hopes to find a better life. Instead, sixteen-year-old Joe Brinson watches his parents discover the limits of their marriage and, at the same time, the unexpected depths of dignity and courage that remain even when love dies. »
Mon avis :
Pour la rentrée, mon professeur de littérature nous a demandé de lire deux oeuvres : The Great Gatsby et Wildlife. Grâce à un hasard de livraison, c’est Wildlife de Richard Ford qui est arrivé en premier. Je vous avoue que la couverture du livre ne me donnait pas du tout envie et j’avais une certaine appréhension. Je savais qu’il fallait que je le lise pour la fac, mais je savais aussi qu’il serait dur de me forcer si je n’aimais pas. Et puis, en lisant le résumé anglais, je me suis dit que l’histoire pouvait être intéressante. Je me suis donc plongée dans le livre sans attendre…
Dès le début, Joe Brinson, 16 ans, pose les bases de l’histoire : en 1960, alors que Jerry, son père, se retrouve au chômage, il décide de partir combattre les feux de forêts qui font rage en cet hiver particulièrement sec. Il laisse donc son fils et sa femme dans leur maison de Great Falls, dans le Montana. Pendant son absence, sa mère Jean va fréquenter un autre homme, répondant au nom de Warren Miller. Cette situation va être aussi déstabilisante que douloureuse pour le jeune Joe, qui voit sa famille éclater en petits morceaux en l’espace de trois jours.
I tried to think of what was between my mother and Warren Miller now, because something seemed to be. And not because of what they’d say to each other when I was present or said to me or might’ve said that I knew nothing about, but because of what they didn’t say but just presumed, the way you presumed moisture was in the air or that there were no more degrees in a circle than three hundred and sixty.
Je dois dire que je ne m’attendais pas à ça. Je me suis pris une claque monumentale en lisant ce livre. Dès le début on se retrouve plonger dans l’histoire et on s’attache à Joe. Personnellement, j’ai adoré ce personnage. On se sent tellement triste pour lui, on aimerait faire quelque chose pour que son supplice arrête. Et pourtant, même si son monde est en train de s’écrouler, il reste fort, il ne se laisse pas abattre et fait preuve d’une très grande maturité. Il sait quand il doit parler et quand il doit seulement répondre un simple « yes, it is » ou « no, it isn’t ». Je l’ai trouvé très attachant. Et j’ai aussi aimé la relation qu’il entretient avec son père. Il est tellement fier de lui et il aimerait le protéger en lui cachant la vérité, en lui disant que non, sa mère ne l’a pas déjà remplacé. Ce personnage m’a vraiment bluffé. Le fait que ce livre soit en plus écrit à la première personne, du point de vue de Joe, rend le tout encore plus prenant, encore plus saisissant. On s’imagine réellement l’ambiance lourde et pesante dans laquelle il se trouve.
En revanche, j’ai littéralement détesté les personnages de Jean et de Warren Willer. Je ne veux pas dire par là que l’auteur les a mal décrit, mal mis en scène… Non, justement. Il a parfaitement décrit leur comportement et leur psychologie. Il montre à quel point ces deux personnages sont vicieux et détestables. Ils font souffrir Joe et vont même jusqu’à dire que c’est de sa faute, à lui! Ils sont ignobles et ont tous les deux un comportement inexcusable. J’étais tellement plongé dans ce livre que je ne pouvais pas me retenir de les insulter à haute voix quand je lisais. Non, non, ce n’est pas une blague! Et je ne vous ai pas encore dit le pire : Warren Miller n’aime pas John F. Kennedy. VOUS Y CROYEZ A CA ? Non mais là, c’était la goutte d’eau de trop ahaha.
Quand au personnage du père, on ne peut pas dire qu’il soit réellement présent. Il apparaît au début, à la fin, et quelque fois au téléphone au milieu du livre. Il n’empêche que lui aussi m’a beaucoup fait de peine. Imaginez, vous vous absentez trois jours et quand vous revenez, votre femme vous annonce qu’elle est amoureuse de quelqu’un d’autre et qu’elle vous quitte, là, maintenant, sans même vous laisser le temps de digérer la nouvelle. Et d’ailleurs, j’avoue que les larmes me guettaient lors de la dernière scène où la famille est réunit. J’ai trouvé l’instant tellement prenant, tellement puissant.
It’s not so much a matter of being alone or wanting somebody who’s not there, is it ? It’s being with people who aren’t appropriate enough.
Comme vous vous en doutez, j’ai beaucoup aimé la plume de Richard Ford. Elle est fluide et les discours sont écrits en langage courant, il n’y a pas de fioritures et c’est très bien comme cela. J’ai vraiment hâte de lire d’autre de ses oeuvres, et je pense les lire en anglais également car, comme le langage est courant, il n’est pas compliqué à comprendre. Certes, il y a quelques mots dont je ne connaissais pas la signification, mais il n’empêche pas une bonne compréhension du texte, on arrive à deviner leur sens grâce au contexte. Je pense qu’un niveau d’anglais moyen est suffisant pour lire Wildlife.
Bon, si j’ai une toute petite remarque à faire, c’est que l’auteur n’évoque pas assez les années 60. On sait que l’action s’y déroule, car le narrateur le dit, mais sinon, peu de détails nous permettrait de le comprendre. En effet, vu que l’action se déroule dans un espace très restreint (la maison des Brinson, celle de Miller et quelques rues de Great Falls), on ne se sent pas plongé dans une époque différente. C’est un peu dommage, mais en même temps, je pense que depuis que j’ai lu 22/11/63 de Stephen King, je m’attends à ce que les auteurs soient tous capable de décrire les sixties avec une très grande précision, or ici, je me doute bien que ce n’était pas la volonté de l’auteur.
En bref, je vous conseille ce livre. Il est vraiment très bien écrit et le personnage de Joe est tellement attachant qu’on ne peut que se prendre d’affection pour lui. C’est une très belle découverte pour moi.
Note : 19/20
And what there is to learn from almost any human experience is that your own interests do not usually come first where other people are concerned – even the people who love you – and that is all right. I can be lived with.