Au milieu des années cinquante, le Marshal Teddy Daniels tente de faire le deuil de sa femme et de la guerre. Il fait pour la première fois équipe avec Chuck Aule lorsqu’on leur demande de retrouver Rachel Solando, une patiente de l’hôpital psychiatrique de Shutter Island. Elle aurait réussi à s’échapper de cet institut, du moins du bâtiment où elle avait sa chambre, où sont enfermés les pires criminels qui soient en ne laissant derrière qu’un bout de papier avec des phrases codées. Même si sa cellule était fermée de l’extérieur, même si Rachel est partie pieds nus pour parcourir la forêt et les roches, même s’il est inconcevable qu’aucun aide-soignant ne l’ait vue traverser plusieurs pièces, même s’il a fallu qu’elle passe un mur surmonté d’un fil électrifié et qu’elle affronte un temps des moins cléments.
Le mystère est entier ! Mais Teddy est évidemment sceptique quant à l’innocence du personnel et bien décidé à prouver que quelque chose ne tourne pas rond dans cet établissement. De décryptage en recueils de témoignages troublants, en passant par l’exploration dangereuse des lieux traversés par la tempête du siècle et les rêves envahissants du Marshal, le mystère s’épaissit plus qu’il ne se dénoue. Au fil des heures, Teddy et Chuck se sentent plus prisonniers qu’enquêteurs et faisant partie de l’autorité. Pourront-ils quitter cette île sur laquelle seraient pratiquées des expériences ignorant totalement le Code Nuremberg ?
Shutter Island est un thriller psychologique indéniablement bien ficelé. Bien ficelé comme les livres mais aussi les rêves se doivent de l’être. Angoissant, étrange, toujours prenant, il lie à l’enquête les actions innommables des nazis encore très présentes dans les esprits au moment où se déroule l’histoire, la prise en charge des patients peu importe leurs actes ayant précédé leur admission, les atrocités du soin psychologique et ses progrès. Il est aussi question de l’amour inconditionnel qu’il est possible de porter à une femme et de désir de vengeance. Le texte a des caractéristiques d’œuvres gothiques et Dennis Lehane a également voulu s’inspirer des pulps. Il entraîne donc ses lecteurs dans une aventure à plusieurs facettes et niveaux qui les fait gamberger jusqu’à son « jaw-dropping moment », c’est à dire jusqu’à la stupéfiante révélation finale. Il n’est pas étonnant que Martin Scorsese soit tombé amoureux du scénario (signé Laeta Kalogridis). Et à l’image, cette histoire est peut-être encore meilleure.
Présentation de l’éditeur :
Nous sommes dans les années cinquante. Au large de Boston, sur un îlot nommé Shutter Island, se dresse un groupe de bâtiments à l’allure sinistre. C’est un hôpital psychiatrique pour assassins. Le Marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule ont été appelés par les autorités de cette prison-hôpital car l’une des patientes, Rachel Solando, manque à l’appel. Comment a-t-elle pu sortir d’une cellule fermée à clé de l’extérieur ? Le seul indice retrouvé dans la pièce est une feuille de papier sur laquelle on peut lire une suite de chiffres et de lettres sans signification apparente. Œuvre incohérente d’une malade ou cryptogramme ? Progressivement, les deux policiers s’enfoncent dans un monde de plus en plus opaque et angoissant, jusqu’au choc final de la vérité.