Alors qu’au journal télévisé, l’on annonce la mort accidentelle de Jean-François Laborde, ancien maire et ancien ministre, dont la carrière était souillée par une condamnation pour viols et agressions sexuelles, cette nouvelle tragique remue l’âme d’Antoine, libraire solitaire et déprimé émigré en Bretagne. Antoine qui, dix ans plus tôt, encore adolescent, avait renié sa famille suite à des faits qui s’étaient produits, au caractère honteux, ignobles, et dont il ne s’est jamais tout à fait remis. Il se remémore toute la sournoiserie qui entoure la bourgeoisie de province et lorsque surgit un événement mélangent sexe et politique, Antoine découvre que toute sa famille y est étroitement associée. Entre une mère infâme et un père veule, les deux fils se retrouvent les proies directes du déluge de mensonges et d’hypocrisie des parents.
Et derrière ce fait divers inventé mais qui ne manque pas de nous rappeler que le personnage principal ressemble étrangement à une personnalité politique bien connue, l’auteur se rebiffe, rue dans les parois du monde actuel, qui s’abreuve de fourberie et d’imposture, une société de pacotille qui s’ébat dans des méandres de cruauté et d’indifférence.
L’auteur livre ici tout son fiel à l’encontre d’une société BCBG d’après 68, règle ses comptes à l’envers des médias, d’un monde corrompu qui ne communique plus mais se retranche derrière la lâcheté et l’égoïsme, évite subtilement l’affrontement pour ne pas avoir à se justifier.
À travers une écriture ciselée et vigoureuse, l’auteur nous entraîne une fois encore dans les tréfonds de son âme révoltée et meurtrie par les désastres que la famille peut engendrer, un cœur gorgé de souvenirs qui ressurgissent au moindre fléchissement, même s’ils sont toujours traduits à travers un personnage fictif.
Un récit coup de poing à la fois enragé et moralisateur qui nous invite à faire ressortir nos souvenirs enfouis et à méditer plus qu’à nous fâcher – ce que nous laissons le soin à l’auteur de faire à notre place – sur une société en pleine dérive.
Comme à l’accoutumée, je me suis délectée de la plume d’Olivier Adam mais regrette toutefois qu’entre les lignes s’immiscent une trop grande morosité et un sentiment larvé de profonde mélancolie…
La renverse d’Olivier Adam, éd. Flammarion
Date de parution : 06/01/2016