Une amie m’écrivait hier pour me confier que, cette année, elle hésitait à ajouter les termes Joyeux Noël à ses vœux électroniques et postaux. Question de respect des autres…
Je ne vous rapporte pas textuellement ce que je lui ai répondu : je m’efforce de conserver un ton poli à ce blogue.
Mais en substance : au Québec, beaucoup croient que, respecter l’autre, c’est se nier. Au contraire, le respect et l’affirmation de soi sont des prérequis au respect véritable des autres — non ce respect soumis qu’on accorde par mollesse et couardise.
Si j’invite quelqu’un chez moi, je respecterai les règles de l’hospitalité. Je ne lui offrirai pas d’aliments ou de boissons qui vont à l’encontre de ses croyances ou de sa santé. Par contre, en ce qui me concerne, j’ai bien l’intention de boire et de manger selon ma nature, sans me priver, sans rien cacher.
Ce peuple québécois inquiète. Il ne veut plus vivre. Il cède à tous et à tout. Il ne se reproduit plus. Culturellement, il jette tout par-dessus bord, avant même que les nouveaux arrivants, souvent étonnés, n’aient formulé d’exigences à ce sujet. Pourquoi ? Tous les peuples ont besoin d’une mythologie qui assure leur cohésion et la nôtre, judéo-chrétienne – prononcez le mot avec dédain –, vaut bien celles de beaucoup d’autres pour expliquer ce qui échappe à la raison. Nous ne sommes peut-être plus majoritairement pratiquants, mais ce fondement demeure la base de nos valeurs individuelles et collectives.
Nous n’avons jamais été conquis. Des puissances européennes impérialistes se menaient une guerre. Nous avons connu ici des batailles perdues ou gagnées. À la fin, il y a eu traité, et nos premiers maîtres nous ont échangés. Nous sommes alors passés d’une couronne à l’autre. Déjà, hormis la langue, nous étions peu Français.
Nous avons survécu comme entité ethnique en faisant des enfants d’abondance et en nous accrochant aux traditions. Puis, nous avons connu des instants de progressisme fier – la Révolution dite tranquille : que s’est-il passé depuis pour que nous ayons maintenant peur de ce que nous sommes et honteux de qui constitue notre réalité intime ?
Ce peuple se suicide. Et se complaît dans les puérilités du genre : « C’est la faute de… »
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon