Secret wars #9 : la conclusion

Par Universcomics @Josemaniette
Jonathan Hickman est un gros malin, et un architecte hors pair. On lui a confié le soin de changer la donne dans l'univers Marvel, en orchestrant le plus grand chamboulement de ces dernières années, au point de tout faire repartir de zéro, ou presque? Et bien le scénariste s'est attelé à la tâche, et en a profité pour offrir une magnifique conclusion... à son propre travail, celui initié sur la série Fantastic Four, puis prolongé longuement et brillamment sur Avengers. Car c'est bien de cela, finalement, qu'il s'agit dans ces Secret Wars. Et comble de l'ironie, alors que la webosphère s'émeut de la disparition annoncée des Fantastiques du catalogue des sorties Marvel, il offre au quatuor la plus belle histoire écrite depuis des lustres, en plaçant la famille Richards au centre d'une tapisserie impressionnante d'ambition et de justesse humaine. Car derrière le conflit spatial et dimensionnel, au delà des univers parallèles et de la fin de tout, c'est encore une fois deux êtres humains, avec leurs peurs, leurs doutes, leurs limites et leurs rêves, qui occupent le centre de la scène. Reed Richards, qui consciemment ou inconsciemment est toujours là pour résoudre ce qui peut l'être, et trouver le moyen de réparer ce qui ne peut pas l'être, et Fatalis, son alter-ego dévoré par la jalousie et la haine, ici présenté avec une palette de nuances et de sentiments qui le transcendent pour en faire un monarque pathétique qu'on en viendrait presque à regretter. Quand tout meurt, il faut du courage, de l'abnégation, et une folle ambition, pour assumer le rôle du sauveur de l'humanité, pour lui offrir un avenir, quitte à le forger de ses propre mains pour qu'il soit le reflet de l'âme de son géniteur. Fatalis a le pouvoir de tout faire et tout instaurer, et au delà du Battleword et de la survie de l'univers Marvel, recomposé sous forme d'un patchwork unique en son genre, c'est aussi l'intime qui prend le dessus, chez l'ancien dictateur latvérien. Ce qui lui échappe, ce qu'il ne peut avoir, ce qu'il désirait et enviait chez son rival, la famille, l'amour, la descendance. Ce qui est à Richards est à lui, et ce vol inouï est aussi le ressort du dernier acte des Secret Wars, dont l'explosion finale se joue entre deux être plus humains que jamais, et permet de justifier habilement le sort réservé aux Fantastiques, qui vont devoir se placer momentanément en retrait de l'univers Marvel, pour assurer la pérennité de ce dernier. Voilà qui explique pourquoi Ben Grimm part dans l'espace avec les Gardiens de la Galaxie, par exemple.  Esad Ribic est tout bonnement somptueux. Ses planches qui ressemblent à des aquarelles, aux tons pastels fabuleux et à la justesse plastique remarquable, offre à ce dernier épisode un écrin à la hauteur de ce qui s'y déroule. Un univers entier est dans la balance, et point de Dieux ou d'entités cosmiques, la conclusion est aussi une affaire de poings, de sueur, de suprématie personnelle, de réalisation humaine. Bref ces Secret Wars nous ont baladés pendant des mois (avec un retard tel qu'elles se terminent alors que Panini vient d'entamer la Vf) pour nous amener sur un sentier de campagne qui n'était pas prévu au programme du voyage, mais qui est pile l'endroit où le lecteur le plus romantique et le plus attaché à ces personnages légendaires aurait souhaité atterrir. Oui messieurs dames, pour une fois un event Marvel trouve une digne conclusion, et possède un sens évident, et une qualité artistique indiscutable. De quoi nous faire oublier tous les reboot et autres catastrophes conspirationistes envisagés au départ.  A lire aussi :  Secret Wars le guide de lecture pour la Vf chez Panini