S'il y a un bien un personnage qui n'a pas profité de l'arrivée des New 52, et a plongé d'entrée dans l'anonymat et la sécheresse d'inspiration, c'est de Green Arrow qu'il s'agit. Alors que Oliver Queen connaît un succès honorable à la télévision, dans une série produite par Greg Berlanti pour le réseau CW (qui vise un public jeune et pas forcément habitué à lire les aventures de l'archer de Dc comics), sa série mensuelle, écrite par J.T.Krul puis Ann Nocenti s'est enfoncée dans le marasme le plus total, avec des aventures à la limite du lisible, et un héros sans le moindre charisme. Exit le Green Arrow grande gueule aux faux airs d'Errol Flynn dans Robin Hood, place à un jeune minet assez naïf et tête brûlée, et un univers narratif d'une platitude désolante. Seulement voilà, le docteur Jeff Lemire a été appelé au chevet de la créature, et le praticien a tout de suite trouvé le remède adéquat. En un seul épisode, Lemire change la donne et prend une toute autre direction, qui va s'avérer payante, et remettre Green Arrow sur le devant de la scène (qu'il quittera à nouveau dès le départ du scénariste canadien). D'emblée, le canadien introduit toute l'adrénaline et le mystère qui a fait défaut durant année et demie précédente. Oliver Queen a tout perdu, sa compagnie a été victime d'un rachat sauvage, et son mentor, l'ancien meilleur ami de son père décédé, est froidement abattu d'une flèche dans le dos, tiré à un building de distance, au moment précis où il s'apprêtait à faire au jeune homme d'importantes révélations sur son destin. Inutile de préciser qu'un tel modus operandi démontre que l'assassin n'ignore rien de la double identité de Queen junior, et qu'un duel d'archer s'amorce, sans concession. D'autant plus que les amis d'Oliver, son projet personnel (Q-Core), tout part en fumée dans une explosion dantesque, laissant Green Arrow plus seul que jamais, face à un adversaire dont il ignore tout. Nous autres lecteurs, nous ne tardons pas à voir débarquer Komodo, dont l'habileté et l'entraînement à l'arc semble surpasser celles de notre héros, au point de lui passer une rouste qu'il n'est pas près d'oublier. Ouch, ça fait mal.
Ce n'était pourtant pas gagné d'avance, car Jeff Lemire n'est jamais aussi inspiré et efficace que lorsqu'il prend le temps de construire une ambiance intimiste, et qu'il plonge lentement dans les tréfonds de la psyché de ses personnages. Ici tout va très vite, et Lemire parvient dans les vingt premières pages à exposer clairement, ou à insinuer, tout ce qui va constituer son run à venir, avec les rebondissements, les nouveaux intervenants, et cette atmosphère si singulière qui doit beaucoup au dessinateur, à savoir l'italien Andrea Sorrentino. Celu-ci est un pur génie en puissance, qui fait tout par lui même, du layout à la couleur. Maîtrise totale du processus artistique, ce qui lui permet d'aller au bout de son délire, de son audace, et de faire exploser les yeux du lecteur avec des scènes proprement renversantes. La mise en page est nerveuse, saccadée, avec des cases puissantes et expressives qui s'alternent avec d'autres plus petites qui isolent un ou des détails, et les mettent au point comme autant de cibles visuelles qui viennent donner au public un indice ou un éclairage précis sur le déroulement de l'action. C'est pertinent puisque nous avons affaire à un archer, dont tout l'art repose sur la capacité à isoler sa victime et ses points faibles, pour viser et placer la flèche dans le mille. Bref, c'est du tout bon que ce premier volume consacré à Green Arrow, qui dispose de surcroît de personnages au fort potentiel et nimbés de mystère, comme Komodo ou le Magus, qui va vous faire vous interroger, ou encore les secrets familiaux de la famille Queen, ici différents de la version télévisuelle, qui fait à coté une figure pâlichonne. Une manière fort réussie de crédibiliser un héros jusque là en perte de vitesse, et présentée lourdement (en parallèle) comme un jeune lourdingue et imbu de lui-même (limite crétin) sur les pages de la Justice League of America. Sombre, violent, adulte dans le ton, exigeant artistiquement, ce Green Arrow là n'est décidément pas une lecture comme toutes les autres, ni pour toutes les mains.
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Ce n'était pourtant pas gagné d'avance, car Jeff Lemire n'est jamais aussi inspiré et efficace que lorsqu'il prend le temps de construire une ambiance intimiste, et qu'il plonge lentement dans les tréfonds de la psyché de ses personnages. Ici tout va très vite, et Lemire parvient dans les vingt premières pages à exposer clairement, ou à insinuer, tout ce qui va constituer son run à venir, avec les rebondissements, les nouveaux intervenants, et cette atmosphère si singulière qui doit beaucoup au dessinateur, à savoir l'italien Andrea Sorrentino. Celu-ci est un pur génie en puissance, qui fait tout par lui même, du layout à la couleur. Maîtrise totale du processus artistique, ce qui lui permet d'aller au bout de son délire, de son audace, et de faire exploser les yeux du lecteur avec des scènes proprement renversantes. La mise en page est nerveuse, saccadée, avec des cases puissantes et expressives qui s'alternent avec d'autres plus petites qui isolent un ou des détails, et les mettent au point comme autant de cibles visuelles qui viennent donner au public un indice ou un éclairage précis sur le déroulement de l'action. C'est pertinent puisque nous avons affaire à un archer, dont tout l'art repose sur la capacité à isoler sa victime et ses points faibles, pour viser et placer la flèche dans le mille. Bref, c'est du tout bon que ce premier volume consacré à Green Arrow, qui dispose de surcroît de personnages au fort potentiel et nimbés de mystère, comme Komodo ou le Magus, qui va vous faire vous interroger, ou encore les secrets familiaux de la famille Queen, ici différents de la version télévisuelle, qui fait à coté une figure pâlichonne. Une manière fort réussie de crédibiliser un héros jusque là en perte de vitesse, et présentée lourdement (en parallèle) comme un jeune lourdingue et imbu de lui-même (limite crétin) sur les pages de la Justice League of America. Sombre, violent, adulte dans le ton, exigeant artistiquement, ce Green Arrow là n'est décidément pas une lecture comme toutes les autres, ni pour toutes les mains.
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