Chronique « Melvile, tome 2 »
Scénario et dessin de Romain Renard,
Public conseillé : Adultes/Adolescents
Style : drame
Paru aux éditions « Le Lombard », le 21 janvier 2016, 22.50 euros
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L’Histoire
Saul Miller, la cinquantaine, ancien prof d’université en astrophysique parcourt la forêt. Solitaire, il est revenu s’installer dans la maison de son enfance, aux alentour de Melvile. En logeant la rivière, Saul est étonné. Des tronc d’arbre, des draveurs, flottent dans le cours d’eau, comme il y a 50 ans…
Il continue sa route, se rend chez Dan et Beth, un couple d’amis pour prendre un café, puis rejoint son domicile. Sur le chemin, il croise 2 cadavres de cerfs suspendus et abandonnés.
A l’arrivée, il accueille la jeune Mia, 11 ans, qui vient recevoir ses cours de soutient, et Paz, sa belle et jeune maman. Après les cours, Mia reste chez Saul pendant que sa mère fait nocturne au bar “La Cavern” où elle travaille…
Ce que j’en pense
Deux ans après “L’histoire de Samuel Beauclair”, Romain Renard nous plonge de nouveau dans l’atmosphère envoûtante de “Melvile”. Ce n’est pas vraiment un second tome, puisqu’il s’agit d’une histoire indépendante, dont la seule liaison est le lieu où se passe l’action. Cette petite ville américaine, entourée de montagnes et de forêts majestueuses prend autant (voire plus) de place qu’un personnage, à la façon de la seconde saison de “True Detective”.
Pour raconter son récit, Romain Renard nous immerge complètement dans son ambiance. Véritable Trip planant, sensuel et contemplatif, il prend le temps de poser son regard sur la beauté immense, presque surnaturelle de la nature…
Avec une fausse simplicité, et une véritable élégance, il nous prend par la main pour raconter l’histoire de Saul Miller. Qui est ce sympathique Saul ? Un professeur d’astrophysique retraité ? Un solitaire ? Un ami sincère ? Une âme cabossée, griffée, à la recherche d’un fragment de bonheur ?
A la manière de Stephen King ou de David Lynch (pas trop mal comme références ?), Romain nous emmène à la lisière de la réalité. Entre chien et loup, tout est possible. Le temps remonte, les fantômes du passé ressurgissent, les obsessions s’installent et le vernis craque, laissant la place aux secrets trop longtemps enfouis…
Il m’est impossible de parler de “Melvile” et du travail de Romain Renard, sans évoquer la puissance de son dessin. Son graphisme est unique. J’ignore s’il s’agit d’un mélange de photos et de dessins, ou de dessin ‘traditionnel”, mais le résultat est somptueux. Dans ces grandes cases immersives, l’esthétisme particulier, souvent flou, évoque autant les émotions que l’action. Moi, j’adore m’y perdre…
Enfin, Romain Renard est plus qu’un auteur complet. Scénariste et dessinateur, il accompagne sa série d’un complément numérique, intitulé ‘Chroniques de Melvile”. Musicien, homme des scènes, il nous plonge dans la ville de Melvile, sous formes de vidéos et d’histoires de ses habitants. Cette application, accessible sous toutes les plate-forme, enrichit son univers, le rendant encore plus vrai, plus prégnant.
Je suis impressionné….
Cet article fait parti de « La BD de la semaine », rassemblé chez « Noukette« , cette semaine.