« Les Crèvecœur » d’Antonia Medeiros, intrigue familiale et ode à la femme

Bonjour tout le monde ! Semaine riche en émotion car il s’agit de ma dernière journée en tant que prof aujourd’hui. A 11h, je dis au revoir à mes chers élèves (juste après leur avoir donné un devoir tout de même). Ca me fait quelque chose … bref !

Aujourd’hui, nouvel article grâce à Eric Poupet (encore merci !) et en plus, il n’y a pas un roman mais deux ! En effet, ce 28 janvier sort le tome 2 de la saga d’Antonia Medeiros, Romain. Pour pouvoir vous en parler, j’ai aussi lu le tome 1 (toujours grâce à Eric Poupet), Edith.

C’est quoi le pitch Holly ?

9782824211220_largeGermain Crèvecœur, l’un des plus grands créateurs de chaussures pour femmes du XXe siècle, vient d’être retrouvé pendu. L’artiste adulé, mais pourtant tristement solitaire, lègue tous ses biens à son fils caché, Raphaël. Ces richesses comprennent une maison étrange aux murs couverts de souliers féminins et des lettres dans lesquelles le défunt dévoile le roman de sa vie ainsi que ses plus terribles secrets…

Tout commence en 1915, avec Édith, femme magnifique et forte, mariée malgré elle à Romain et secrètement amoureuse d’Hektor. Le premier est un cordonnier fétichiste et dangereux, le second un soldat allemand de la Grande Guerre, ennemi de la patrie. Mais l’amour, apatride, se joue des frontières comme des convenances.

9782824211350_largeLe monde étrange dans lequel grandit Germain Crèvecœur est peuplé de silences, de secrets de famille, de chaussures usées qu’on adule, d’une Chinoise édentée cachée dans un placard et d’une tapisserie légendaire. Prisonnier de Romain et d’Édith – un père à la folie fétichiste et une mère à l’amour excessif –, Germain cultive sa différence et recherche dans l’amertume de sa jeunesse le bonheur et la force d’aimer. Son incroyable parcours fascine, de son enfance à son adolescence, de son apprentissage à la découverte de la sensualité, de l’horreur de la mutilation à la magie de la création. En cela, Romain a marqué son fils de son empreinte indélébile.

Entre passions et intrigues familiales, la saga des Crèvecœur est un hymne à la beauté féminine autant qu’un voyage dans le cœur meurtri d’un homme à la sensibilité unique, qui pensait soigner son âme au fond d’une bottine pour dame.

On en pense quoi ?

Les livres sont arrivés mardi la semaine dernière (et Maman m’a carrément appelée pour me prévenir) et le lendemain (merci Marraine et Papa), je les avais dans les mains. A peine trois jours plus tard … je les avais … dévoré.

Comme mon article sur le roman de Louise Tremblay d’Essiambre, j’adore les sagas familiales. C’est limite une passion (faut dire que Mémé et ses onze enfants inspirent) à vrai dire.

Le tome 1, intitulé Edith (et avec une couverture magnifique !), démarre donc avec le décès de Germain Crèvecœur, bottier que dis-je, le Christian Louboutin de l’époque. Son suicide surprend tout le monde surtout lorsqu’on découvre qu’il a un fils caché, Raphaël, à qui il lègue tout son héritage (et fortune ça va de soi). C’est aussi l’élément principal de la série vu qu’avec des lettres transmises à son fils, nous allons remonter dans le temps pour permettre à Raphaël de découvrir ses origines.

Tout commence alors en 1914, à l’aube de la Première Guerre Mondiale avec le mariage d’Edith Gervais avec Romain Crèvecœur. On comprend très vite qu’il ne s’agit pas d’un mariage d’amour, Romain étant un arriviste. Cet homme-là, je l’ai détesté dès les premières lignes et plus on entre dans l’histoire, plus on le déteste. On découvre son autre côté, sa violence et monstruosité (la trahison envers les parents d’Edith est le plus bel exemple) puis son fétichisme très très très obsessionnel. Je me suis même demandé comment Edith avait pu accepter de se marier avec lui. Elle est la douceur incarnée et j’ai aimé la suivre dans son quotidien, sa façon à elle d’oublier l’échec de son mariage. Elle devient infirmière bénévole et rencontre Hektor, le franco-allemand blessé. Pour lui, ce sera un amour platonique, l’idéal qu’elle n’a pas avec Romain. L’écriture d’Antonia Medeiros est agréable et c’est un plaisir de jongler entre le présent et le passé. Ce tome est consacré à ce qui se passe avant la naissance de Germain car il se termine avec sa naissance.

J’ai lu ce tome d’une traite, sans aucune pause tant j’arrivais pas à le lâcher. Edith est un personnage touchant et j’ai ressenti ce qu’elle ressentait à chaque page. J’ai aimé chacune de ses relations avec les différents personnages, surtout celle avec son mari Romain de part la cruauté qu’il représente. L’auteur a fait un excellent travail car elle a bien trouvé ses mots pour retranscrire tout ça sans en faire trop et ça, c’est très important pour moi.

Passons au tome 2 … L’écriture est un poil différente car on est que dans le passé. Raphaël n’intervient pas une fois. On sait qu’il est là car il lit les mots de Germain. C’est lui le narrateur. Dans le tome précédent, il l’était mais pas à chaque fois. Cette petite différence fait que je l’ai trouvé un peu en dessous au début car l’enfance de Germain auprès de ses parents qui se déchirent m’a un peu ennuyée. J’ai eu du mal à entrer dans l’histoire. Et puis Germain grandit et son père fait de nouveau des siennes et là … je suis entrée et j’ai pas lâché le roman. Romain est le personnage central certes mais pas tout le roman (en même temps vu que je le déteste, c’était mieux) puisque par la suite, Germain grandit, devient jeune homme et quitte le foyer pour devenir adulte et indépendant. On le suit donc dans son apprentissage de l’amour par exemple, moyen de comprendre un peu mieux pourquoi il a en quelque sorte « abandonné » son fils. Germain est un personnage assez étrange, très différent de sa mère mais plus humain que Romain son père. Il dit clairement les choses mais a quand même du mal à les assumer. Ce que j’ai aimé c’est surtout la fin, quand il commence à créer ses chaussures. La description des chaussures est super et c’est, pour moi, le point culminant de cette série et de ce tome. C’est un véritable hymne à la femme et à la beauté. La fin m’a un peu coupé les pattes et j’ai vraiment mais alors vraiment hâte de connaître la suite, encore plus que lorsque j’ai fini le premier.

Conclusion

Deux très bons romans à lire absolument. Une très belle saga qui réserve des surprises car il faut se méfier des quatrièmes de couverture. La femme est au centre de cette saga. Tout d’abord avec Edith la mère puis ensuite par les chaussures créées dans l’usine par … des femmes. Antonia Medeiros a une belle écriture, juste et claire, sans en faire trop.