Alice au pays des merveilles : Influence #2

Par Loulou Coco

Alice au pays des merveilles : Influence #2

Le 26 novembre 1865, une petite fille prénommée Alice tombait dans un terrier de lapin et se retrouvait au cœur d’une aventure qui fit palpiter plus d’un cœur de lecteur. Le 26 novembre 2015, le monde entier commémorait le 150ème anniversaire de cette petite fille et de ses merveilleuses aventures. Par manque de temps, nous n’avons pas pu rendre hommage à cet événement littéraire comme on l’aurait souhaité, mais qu’à cela ne tienne ! Pour nous rattraper, nous allons passer le mois de janvier à célébrer le Non-Anniversaire de la blondinette la plus célèbre au monde et de son lapin plutôt pressé !

Joyeux Non-Anniversaire Alice !

Sachez-le, cet article a failli ne jamais voir le jour. D’une part parce que, cette semaine, j’ai été abattue par un combo oh combien diabolique « grippe-trachéite-laryngite » (et autres joyeusetés), et d’autre part parce que notre planning pour le site est très chargé ce mois-ci.
Puis je me suis dis que ça aurait été dommage de nous priver de la compagnie d’Alice. Et si je dis « nous », c’est parce qu’il y a une chose que j’aime autant que l’univers des merveilles : c’est en parler !

Vous le savez désormais (grâce à cet article-ci), Alice au pays des merveilles a eu une influence considérable sur la littérature et plus particulièrement sur la littérature de jeunesse. Ceci dit son influence ne se limite pas à ce seul domaine. Musique, cinéma, télévision, théâtre, publicité, je pourrais vous en citer jusqu’au bout de la nuit (mais j’ai une vie alors on va éviter).

Cependant avant de voir tout cela en détail, je souhaiterais m’attarder sur un pan de la littérature que je n’ai pas traité dans mon précédent article et qui, pourtant, révèle beaucoup de merveilles en lui : la bande dessinée !

C’est parti, empruntons à nouveau le terrier et partons buller chez Alice !

Je vous le disais précédemment, il doit exister autant de représentations d’Alice dans le monde que de dessinateurs. Et pour cause : le monde des merveilles est un monde très imagé, il titille l’imagination du lecteur et par son grain de folie appelle à une représentation mentale. Je pense que c’est une des raisons pour lesquelles Alice au pays des merveilles s’est si bien adapté au format de la bande dessinée. L’image et le texte ne font désormais plus qu’un au plus grand bonheur de tous.

Qu’on se le dise Alice aime buller et les bulles lui rendent bien.

Et elle n’est pas la seule apparemment !

Les « simples » rééditions :

Si je prends des pincettes à employer le mot simple, c’est parce que rien n’est jamais simple dans la vie. Et ici, on ne peut pas parler de simple réédition, car même si l’histoire n’est en rien retouchée, elle est quand même transformée pour pouvoir s’adapter au format bande dessinée. Exit les descriptions à la Lewis Carroll, bonjour les dialogues à chaque case. Cela ne change en rien le sens du texte de ce cher Carroll, mais cela rend unique chaque bande dessinée lui étant consacré.
Voici deux exemples :

The Complete Alice in wonderland de Leah Moore, John Reppion et Erica Awano (éd. Comics US Soleil). Parue il y a quelques années en France, cette bande dessinée retrace les aventures d’Alice dans le terrier du lapin blanc et à travers le miroir. Deux aventures pour le prix d’une, avec en prime un joli coup de crayon qui nous fait entrer dans un univers à la fois doux et japonisant.

Alice au pays des merveilles de Chauvel et Colette (éd. Drugstore). « Sacrilège ! », s’écria le lapin blanc, « elle n’est plus blonde ». C’est à peu près la première réflexion que je me suis faite lorsque j’ai posé les yeux sur cette bande dessinée. Et puis je me suis ensuite laissée porter par les couleurs, les dessins, le décor qui respiraient le monde des merveilles à pleine bulles. A une ou deux exceptions près, cette BD est une très bonne adaptation de l’œuvre culte. Certains passages ont même été coupés dans une volonté de conserver une fluidité des cases et de l’action. Cet ouvrage peut être un très bon moyen de faire lire Alice au pays des merveilles aux lecteurs, disons, peu attirés par les gros ouvrages sans images.

 

Les presqu’Alice :

Il n’y a nul besoin de créer un monde pour être original ! Et tous les auteurs/dessinateurs que je vais vous présenter maintenant l’ont bien compris. En reprenant l’univers des merveilles et en y gravant leur patte, ils ont su créer de petits chefs-d’œuvre, tout aussi prenants que l’original.

Little Alice in Wonderland de Franck Tacito (ed. Glenat). Attention, cette bande dessinée n’est pas destinée aux plus jeunes et pour cause, Alice a bien grandi et son univers s’en retrouve bouleversé. Avec des dessins très sensuels et un décor tantôt trash, tantôt rock’n’roll, on est ici très éloigné du pays des merveilles de 1865. Seulement, le vent de modernité qui souffle sur cette œuvre devrait plaire aux geeks et autres fans de pop-culture tant les références à ces deux univers sont nombreuses.

Alice au pays des singes de Tébo, Nicolas Keramidas (ed. Glénat). Attention, œuvre méchamment drôle en vue. Se déclinant en une trilogie parfaite, cette bande dessinée est aussi bien adaptée aux enfants qu’aux parents. J’ai beaucoup aimé le style de dessin ainsi que le scénario de cette saga. On y retrouve Alice, une petite chipie qui perd la mémoire à la suite d’un bête accident impliquant une noix de coco. Tout ce dont cette blondinette se souvient c’est qu’elle vient du pays des merveilles et qu’elle était à la poursuite d’un lapin blanc. Mais manque de bol pour elle, elle n’est pas au pays des merveilles mais au pays des singes. Et qu’on se le dise, les singes sont loin d’être physionomistes puisqu’ils la prennent tous pour Tarzan. La pauvre Alice, n’est pas prête de rentrer chez elle, c’est moi qui vous le dis.
Et cerise sur le gâteau : les auteurs ne se contentent pas de nous bercer de références au pays des merveilles, ils parsèment aussi leur œuvre de références littéraires. Attendez-vous donc à affronter le capitaine Crochet, ou à entendre parler de la fameuse Dorothée (ndlr. Le Magicien d’Oz). Etant donné que les trois ouvrages se trouvent fièrement sur les étagères de ma bibliothèque je vous ferai vite une critique plus approfondie de cette bd complètement déjantée !

   Tome 1

  Tome 2

   Tome 3

Clochette au pays des merveilles de Crisse, Pena (ed. Le Lombard). Décidément l’univers d’Alice et de Peter Pan ont beaucoup en commun. Cette fois-ci ce n’est pas le capitaine Crochet qui vient rendre visite à notre chère tête blonde, mais c’est la fée Clochette qui s’invite au pays des merveilles. Car la curiosité malsaine de la petite fée lui a encore joué un tour : alors qu’elle s’amuse à suivre Peter Pan jusque dans une librairie, elle se fait chasser par le maître des lieux et n’a d’autre choix que de se réfugier dans le premier livre venu : Alice au pays des merveilles. Seule, perdue et sans ami, elle va néanmoins pouvoir compter sur le soutien de la jeune Alice qui va tenter par tous les moyens de la faire rentrer dans son monde. C’est une bd pleine de poésie que nous offre là Crisse et Pena, tant par les dessins que par les dialogues. A noter que la bd est agrémentée d’un superbe Making-of qui, à lui seul, vaut le détour.

Le Songe de Siwel de Enfin Libre (ed. La boite à bulles). Siwel, une jeune fille têtue et curieuse croise un beau jour le chemin d’un lapin blanc très, très, très en retard. Surfant à la fois sur l’univers d’Alice, mais également sur d’autres univers de la littérature, cette bande dessinée au format italien est à mettre entre toutes les mains.

 

Les Mangas :

On ne pouvait pas conclure ce tour d’horizon de la bande dessinée « carrollienne » sans s’attarder sur les mangas. Car au pays du soleil levant, Alice a la côte. Et comme en bd classique, il y a les sempiternelles adaptations, les petits clins d’œil, et les réécritures originales.

Alice au pays des merveilles de Tim Burton, Jun Abe (éd. Pika). Pratiquement toutes les informations sur cet ouvrage se trouvent dans son titre. Car oui, mesdames et messieurs vous avez bien devant vos yeux une adaptation en manga du film éponyme de Tim Burton, sorti, rappelons-le, en 2010 (je me sens vieille d’un coup). Le tout est estampillé Disney, ce qui rend ce manga tout mignon et gentillet.

Alice in Borderland de Asô Haro (ed. Delcourt). On ne pouvait pas être plus éloigné de l’univers d’Alice avec ce manga. Et pourtant, l’influence de Carroll est bien présente. Tout d’abord le titre est très semblable au chef d’œuvre anglais (seule une lettre est changée par rapport au titre original). Puis le personnage principal, bien que masculin, partage bien des similarités avec notre Alice, à commencer par son nom. Enfin, certains passages ne sont pas sans rappeler les aventures anglaises. Une inspiration en somme très libre de Lewis Carroll mais une inspiration tout de même.

Alice in Mechaland de Collectif (éd. Kotoji Editions). Des années après s’être aventurée dans le monde des merveilles, Alice apprend que ce dernier est en danger, victime de robots mortels contrôlés par des humains. Mais sur place, Alice découvre que cela est bien plus qu’un simple combat machines vs humains, car son adversaire se trouve être Dorothée, la « Magicienne d’Oz », bien décidée à conquérir un nouveau monde merveilleux. Ce manga n’est pas encore sorti en France qu’il me fait déjà saliver. Un combat entre Alice et Dorothée, les deux figures emblématiques de la littérature de jeunesse outre manche ? Un rêve pour tous les fans des deux univers !

Alice au royaume …. De Quinrose et Hoshino (éd. Ki-oon). C’est une grande saga que je vous présente ici. Déclinées en plusieurs royaumes, les aventures de cette Alice-ci tournent autour de l’amour et de la mort (un peu à la manière d’un épisode de Game of Thrones si vous voyez ce que je veux dire). Dans cette saga, on retrouve donc Alice alternativement au royaume de cœur, au royaume de trèfle, et au royaume de Joker. Il est intéressant de noter également que tous les personnages emblématiques (le chapelier fou, le lièvre de Mars, le lapin Blanc ou encore le Chat du Cheschire) ont été ici humanisés pour mieux conquérir le cœur d’Alice … et le nôtre.

Alice au pays des merveilles de Junko Tamura (éd. Nobi Nobi !). Fidèle adaptation au roman de Lewis Carroll ce manga insuffle une image plus enfantine que ses comparses à la figure d’Alice. Nobi Nobi !, la maison d’édition, n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai dans le domaine de l’adaptation et cela se sent. Leur collection Les Classiques du Manga est carrément dédiée aux classiques de la littérature adaptés au format japonais. Une autre manière de découvrir Les Misérables, ou Roméo & Juliette par exemple.

In Wonderland de Takahiro Yabuuchi (éd. Nobi Nobi !). Ici point d’Alice, mais une certaine Elise qui, aidée par des compagnons tous plus farfelus les uns que les autres, va vivre des aventures merveilleuses. C’est surtout pour l’univers décalé et farfelu que l’on compare les aventures d’Alice à celle d’Elise. Un univers qui sent bon la fraicheur et nous fait retomber en enfance ….

Bien entendu, les exemples cités dans cet article ne sont pas exhaustifs. Alors si vous connaissez une œuvre inspirée d’Alice qui vous a fait craquer dernièrement ou si vous avez reconnu un clin d’œil fait à l’univers de Lewis Carroll dans l’une de vos lectures, n’hésitez pas à nous le dire en commentaire !

Vous l’aurez aussi bien remarqué, je ne parle pas de comics américain dans cet article. Ce n’est pourtant pas par manque d’influence d’Alice dans ce domaine, mais plutôt par manque de connaissance de ma part. Et oui, parfois il est préférable de dire « je ne sais pas » au lieu de raconter des bêtises. Mais si vous souhaitez approfondir le sujet, voici un livre qui devrait vous plaire au plus haut point (en tout cas, pour moi, c’est le cas) : Alice au pays des comics chez Urban Comics. Paru en 2015, cet ouvrage est une mine d’information sur les différentes apparitions du personnage d’Alice dans les comics. Et pour l’avoir personnellement feuilleté, je peux vous dire une chose : j’ai hâte qu’il atterrisse dans ma bibliothèque !

  La Bible du sujet !

Restez en ligne, dimanche nous continuons notre petit chemin dans le terrier du lapin blanc, et cette fois-ci nous ferons une halte méritée dans le 7ème et le 8ème art.

Bonne lecture les cocos !