Cormac McCarthy / La route

Par Ninie W. @ninie067
La route
  • Auteur : Cormac McCarthy
  • Serie :
  • Genres : Litterature
  • Editeur : Editions de l'Olivier
  • Collection : OLIV. LIT.ET
  • Publication: 03/ 01/ 2008
  • Edition: Broché
  • Pages : 244
  • Prix : 21,30€
  • Rating:

Résumé :

Un cataclysme inconnu a dévasté le monde. Des incendies géants ont ravagé les villes et les campagnes tandis que la faune a disparu. Ce qui ressemble à un hiver nucléaire masque en permanence le soleil et des cendres recouvrent le paysage. L'humanité a presque disparu, les quelques survivants se terrent tels des bêtes ou, ayant apparemment régressé, pratiquent le meurtre et le cannibalisme.

Dans ce décor apocalyptique, un père et son fils, que l'auteur ne dénommera jamais autrement que " l'homme " et " le petit ", errent en direction du sud, leurs maigres possessions rassemblées dans un chariot de supermarché et des sacs à dos.

Avis de ShieCastee :

Ca faisait longtemps qu'il était dans ma pal. 3, 4 ans au moins. Je ne connaissais que le sujet : l'histoire d'un couple (père et fils) errant dans un monde post apocalyptique, luttant pour leur survie. Je savais le roman sombre, j'attendais le bon moment pour le lire : noël et son atmosphère légère. J'ai été servie.....

L'homme et son fils marchent, poussant devant eux un chariot de supermarché, contenant leurs maigres affaires et un peu de nourriture. Il fait froid. Le sol est recouvert de cendres, il pleut ou il neige, les arbres sont morts, il n'y a plus d'animaux, plus d'oiseaux. L'apocalypse a eu lieu, plusieurs années avant, les hommes, seuls survivants du règne animal, luttent pour survivre.

Le but de l'homme est d'aller vers le sud, pour que lui et son enfant n'aient plus froid ni faim, ou les attends une communauté pacifique " les gentils " un monde meilleur. Pour cela il faut marcher, se cacher pour éviter les convois de survivants, retournés à la barbarie, l'esclavagisme, et cannibalisme pour survivre.

Le style de l'auteur est oppressant car il n'y a pas de dialogues. Les rares paroles qu'échangent le père et le fils sont intégrés au texte ce qui rajoute une chape de plomb à l'ambiance du livre. Entre road movie et parcourt initiatique pour l'enfant, on suit la vie de ce couple, petite lueur d'espoir dans la noirceur du monde.

Que dire ... Je ne suis pas sortie indemne de cette lecture. Ce livre nous mange tout cru. Vous avez faim, soif, froid, vous êtes trempés et surtout l'espoir est tout doucement étouffé, tué, massacré. Quel avenir pour l'humanité décrite ? Et qu'elle humanité ? Le moral en prend un coup, et Mad max devient un film à l'eau de rose à coté.

Récompensé par plusieurs prix prestigieux dont le Pulitzer, le livre a été adapté au cinéma en 2009 avec Viggo Mortensen et Charlise Teron.

Je vous laisse à votre lecture, avec un peu de chocolat et une bonne couverture. Courage, vous pourrez dire : j'ai lu un Pulitzer !!!

Shie.

Extrait :

C'était une région où l'on passait du pin au chêne vert et au pin. Des magnolias. Des arbres aussi morts que tous les autres. Il ramassa une des lourdes feuilles et la réduisit en poussière en l'écrasant dans sa main puis filtra la poussière entre ses doigts.

De bonne heure sur la route le lendemain matin. Ils n'étaient pas allés loin quand le petit le tira par la manche et ils s'arrêtèrent. Une mince flèche de fumée sortait des bois devant eux. Qu'est-ce qu'il faut qu'on fasse, Papa ?

On devrait peut-être aller voir ?

On ferait mieux de continuer.

Et s'ils vont dans la même direction que nous ?

Et alors ? dit le petit.

On les aura derrière nous. Je voudrais bien savoir ce que c'est que ces gens-là.

Et si c'est une armée ?

C'est juste un petit feu.

Pourquoi est-ce qu'on n'attend pas ?

On ne peut pas attendre. On n'a presque plus de provisions. Il faut qu'on continue.

Ils laissèrent le caddie dans les bois et il vérifia la rotation des cartouches dans le barillet. De celles en bois et de la vraie. Ils étaient debout, l'oreille tendue. La fumée restait verticale dans l'air immobile. Aucun son d'aucune sorte. Les feuilles étaient ramollies par les récentes pluies et ne faisaient pas de bruit sous les pieds. Il se retourna et regarda l'enfant. Le petit visage sale agrandi par la peur. Ils firent de loin le tour du feu, le petit s'accrochant à sa main. Il s'assit sur les talons et l'entoura de son bras et ils restèrent un long moment à écouter. Je crois qu'ils sont partis, souffla-t-il.

Quoi ?

Je crois qu'ils sont partis. Ils avaient sans doute quelqu'un qui faisait le guet.

Ça pourrait être un piège, Papa.

D'accord. Attendons un peu.

Ils attendirent. Ils voyaient la fumée entre les arbres. Une brise commençait à agiter la pointe de la flèche et la fumée dérivait et ils pouvaient en sentir l'odeur. L'odeur de quelque chose en train de cuire. Faisons le tour, dit l'homme.

Je peux te donner la main ?

Oui. Bien sûr.

Les bois n'étaient plus que des troncs carbonisés. Il n'y avait rien à voir. Je crois qu'ils nous ont vus, dit l'homme. Je crois qu'ils nous ont vus et qu'ils ont filé. Ils ont vu qu'on avait une arme.

Ils ont laissé leur repas sur le feu.

Oui.

Allons voir.

Ça me fait très peur, Papa.

Il n'y a personne. Ça va aller.

Ils s'avancèrent dans la petite clairière, le petit s'agrippant à sa main. Ils avaient tout emporté avec eux sauf quelque chose de noir qui était enfilé sur une broche au-dessus des braises. Il s'était arrêté pour s'assurer qu'il n'y avait pas de danger quand le petit se retourna et enfouit contre lui son visage. Il jeta un bref regard pour voir ce qui se passait. Qu'est-ce qu'il y a ? dit-il. Qu'est-ce qu'il y a ? Oh ! Papa, dit le petit. Il se tourna et regarda de nouveau. Ce que le petit venait de voir c'était un nourrisson carbonisé décapité et évis-céré en train de noircir sur la broche. Il se baissa et souleva le petit et repartit avec lui en direction de la route, en le serrant très fort. Je te demande pardon, chuchota-t-il. Je te demande pardon.