Autre revue Panini d'importance durant ces Guerres Secrètes, Old Man Logan permet aux nostalgiques de Wolverine de suivre les aventures de leur héros préféré, dans une version subtilement différente, mais qu'ils connaissent bien, pour être au centre d'un des récits majeurs de Mark Millar, il y a de cela quelques années. Old Man Logan est donc de retour. Avec son corollaire indispensable, à savoir une violence crue, un sentiment de fin du monde imminent, de désolation un peu partout. Sur la planète du Battleword, Brian Bendis renoue les fils de l'intrigue là où nous l'avions laissée, plus ou moins, avec Mark Millar. Cette version de Logan là, usé mais toujours tranchant, est d'une classe folle. A la croisée des chemins entre Clint Eastwood et Mad Max, on le voit traîner sa nonchalance meurtrière, qu'il s'agisse d'aller régler leur compte à des truands qui marchandent la vie humaine à coups de partie de poker, ou bien lorsqu'il rencontre une Emma Frost vieillissante et vulnérable, avec laquelle il a un dialogue et une scène qui résument la quintessence du style du scénariste, lorsqu'il est dans ses bons jours. Il ne se passe pourtant pas une multitude de choses dans ce premier numéro. Nous y trouvons de nombreux clins d'oeil à l'histoire cinquantenaire de Marvel, à la carrière même de Bendis (un des malfrats déguisé en Daredevil, parce que ça fait cool), et nous y découvrons surtout un héros sombre et très bien caractérisé, qui en une vingtaine de pages assume une dimension presque mythologique tant il suinte le charisme et l'assurance. Et si il en est ainsi, disons le clairement, c'est aussi parce que le dessinateur est un artiste talentueux, qui se sublime pour sortir des planches à couper le souffle. On adore le découpage faramineux, la capacité d'isoler des détails pour magnifier la vue d'ensemble, le travail de dingue du coloriste (Marcelo Maiolo) qui a tout compris des intentions de Andrea Sorrentino, qui réalise ici son oeuvre la plus aboutie. On avait perçu une évolution décisive et intrigante sur les pages de Green Arrow, mais là, c'est une consécration, une intronisation! Ce Old Man Logan est donc une réussite complète, pour le moment, avec un héros rongé par la culpabilité, plongé dans une solitude inénarrable, qui va traverser ce monde dystopique (la scène finale nous fait comprendre que les enjeux vont s'étendre) comme le plus dangereux des outsiders, prêt à jouer des griffes dans une version super-héroïque d'un western futuriste signé Sergio Leone. Mais ce n'est pas tout, bien entendu. la revue nous propose, pour ce numéro un, de suivre deux autres séries intéressantes. La première d'entre elles nous ramène sur l'ile de Genosha, à l'ère d'un crossover que les fans des mutants connaissant bien, X-Tinction AgendaA Genosha, les mutants sont parqués comme des animaux, et ils sont exploités. Pire encore, ils sont mourants, car un virus les décime. Du coup, les quelques anciens X-Men qui sont restés sur place, comme Havok ou Rahne Sinclair, font de leur mieux pour venir en aide aux victimes, tout en sachant que le combat est perdu d'avance. Il faudrait pouvoir disposer d'un guérisseur, à la rigueur, mais cela impliquerait de violer une des grandes règles imposées par Fatalis, à savoir ne pas passer d'un domaine à l'autre, et de toutes manières les autres mutants se rangent à l'avis de la Baronne Jean Grey, à savoir que le danger de la propagation de l'infection justifie qu'on laisse mourir les habitants de Genosha. On est loin de la solidarité sans faille entre mutants! Marc Guggenheim livre un présent glaçant où la mutanité est devenue cynique et couarde, sans compter que dans l'ombre la perfide menace de Cameron Hodge n'est pas totalement dépassée. Au dessin Carmine Di Giandomenico qui ravira les fans de son trait anguleux, torturé, presque caricatural, mais qui parvient à donner une identité visuelle forte aux titres sur lesquels il travaille, par l'attention à chaque vignette, y compris les plus anodines.Place après à E is for Extinction qui renvoie le lecteur à la célèbre période Grant Morrison, quand le scénariste avait eu l'idée de donner aux X-Men une coolitude évidente, et de renouveler cadres et costumes pour rendre les mutants plus proches de la société moderne et de ce qui se faisait sur grand écran. Ici, la décision de Charles Xavier de se tirer une balle en pleine tête pour contrer la menace psychique de Cassandra Nova a changé bien des choses, par rapport à ce que nous savons. C'est Magneto qui a pris l'ascendant sur le reste de la mutanité, laquelle compte désormais parmi ses membres les plus influents des individus comme Quentin Quire, qui est un peu le meneur de la nouvelle génération, celle des Bec (excellent l'ami, il nous manque vraiment) ou Sooraya, désormais capable de faire entrer le reste de son équipe en liaison psychique avec chacun des grains de sable dont elle se décompose. Le temps passe pour tout le monde, et ces jeunes pousses ont grandi pour devenir des héros badass qui ne s'en laissent pas compter, capables aussi bien d'assurer sur le terrain que de vanner dangereusement leurs aînés quand ceux-ci veulent reprendre du service. Scott Summers et une Emma Frost toute ridée sont très drôles, comme des vestiges d'une ère révolue qui doivent apprendre à trouver une place que plus personne ne peut leur assurer. Alors Scott se contente de tirer une rafale par jour (allusion sexuelle évidente) ou bien de changer les chaînes de la télévision avec ses pouvoirs latents. Wolverine se murge dans un bar, sachant que son pouvoir auto guérisseur n'est plus exactement au top de sa forme. Ces mutants là ont fait leur temps, et ils sont devenus has-been, tout simplement. Mais il reste un détail d'importance : Jean Grey n'a pas disparu, son esprit est en fait retenue chez Magneto, et les X-Men sont certes des ringards, mais des ringards solidaires. C'est une vision très pertinente et intéressante que livre Chris Burnham, entre eugénisme (les parents peuvent sélectionner les spermatozoïdes contenant le gêne X, merci docteur Mc Coy) et cynisme pur et dur. Du coup on sourit beaucoup, et ce titre est ce que j'ai lu de plus drôle et fun durant Secret Wars (avec Deadpool). Par contre les dessins de Ramon Villalobos ont de quoi dérouter. Vaguement inspirés du travail de Quitely, il sort des planches non dénuées de charme, mais loin des canons classiques du comic-book traditionnel. Du coup certains vont prendre peur. Ce serait dommage car cette Extinction est tout sauf un chant crépusculaire.Verdict "Secret Wars" : Un mensuel qui a le potentiel pour proposer de fort belles surprises, mais qui est exigeant, surtout au niveau du dessin. Loin de chercher le consensus, les séries ici publiées sont à réserver à un lectorat avide de quitter le sentier du visuellement "mainstream" et attendu. A partir du numéro 2 vous lirez en plus le titre Years of future past, ici absent pour manque de place.A lire aussi : Old Man Logan, variant covers et preview