La paresse du panda (Fred Bernard – Editions Casterman)
Si vous aimez Adèle Blanc-Sec et Corto Maltese, vous allez adorer Jeanne Picquigny! Apparue il y a 13 ans dans « La tendresse des crocodiles », cette aventurière avide de découvertes et de liberté est la digne héritière de ces deux personnages mythiques. Comme Adèle, Jeanne est une féministe avant l’heure et elle n’a pas froid aux yeux. Comme Corto, elle ne rêve que de voyages et de rencontres. Fred Bernard, le créateur de Jeanne Picquigny, reconnaît avoir été inspiré par les bandes dessinées de Tardi et Pratt, mais il est aussi et surtout habité par les récits de voyage de Jack London ou Henri Michaux. Dans « La paresse du panda », la nouvelle aventure de Jeanne Picquigny, il donne à nouveau libre cours à son goût pour l’aventure. Nous retrouvons Jeanne et ses compagnons de voyage dans l’Himalaya en 1925. Après avoir séjourné trois mois dans un puits magique, où ils ont bu à la source d’immortalité, Jeanne et Eugène parviennent enfin à rejoindre leurs amis Timoty et Pamela, qui les ont attendus pendant tout ce temps. Poursuivis par quelques Allemands illuminés, ils n’ont pas d’autre choix que de fuir par la Chine, afin d’y trouver le Fleuve Bleu et descendre jusqu’à Shanghai. Sur le chemin, ils font de nombreuses rencontres insolites: des moines tibétains, des pandas, un botaniste ancien pilote de guerre, mais aussi et surtout une drôle de créature qu’on appelle la Craigne, dont les crottes sont particulièrement nourrissantes. Ce qui est amusant, c’est qu’on découvre les aventures de Jeanne en même temps que Lily Love Peacock, sa petite-fille. Réfugiée dans le manoir de Jeanne en Bourgogne, cette ancienne mannequin devenue chanteuse passe ses journées à lire les récits de voyage de sa grand-mère, tout en partageant son quotidien en compagnie de la mystique Victoire Goldfrapp (dont on ne connaît pas l’âge exact mais qui a théoriquement plus de 120 ans) et de sa copine guitariste, la délurée Rubis Rachmaninov, avec qui elle prépare un nouvel album sous le nom de… The Craigne!
Difficile de résumer les presque 400 pages de « La paresse du panda », tant ça part dans tous les sens! En tant que lecteur, on se perd parfois en chemin, mais on ne s’ennuie jamais, car ça ne manque ni de souffle ni de fantaisie. Auteur généreux, Fred Bernard met tout son coeur dans les aventures de Jeanne Picquigny, avec comme objectif d’en faire une grande saga familiale courant sur plusieurs générations. Après avoir connu le succès avec ses albums jeunesse, Fred Bernard a désormais trouvé sa voie aussi dans la réalisation de romans graphiques plus adultes. Il faut dire que les histoires de Jeanne et sa petite-fille Lily lui permettent de mélanger ses nombreuses passions: l’histoire, la littérature, les voyages, le fantastique, la musique, la famille… mais aussi et surtout les femmes. Se décrivant lui-même comme un auteur féministe, Fred Bernard multiplie les héroïnes attachantes et hautes en couleurs, qu’elles s’appellent Jeanne, Lily, Pamela, Victoire ou Rubis. Impossible de ne pas toutes les aimer! Et c’est loin d’être fini, puisque l’auteur affirme avoir encore au moins 30 autres idées d’albums dans sa tête… La bonne nouvelle pour lui, c’est que les éditions Casterman semblent elles aussi croire à la bonne étoile de Jeanne Picquigny puisqu’elles ont décidé de donner un nouveau départ à la série. Dans la foulée de la sortie de « La paresse du panda », les quatre albums précédents (y compris les deux premiers qui étaient parus au Seuil) vont en effet être réédités avec une nouvelle mise en page plus attrayante et plus moderne, donnant ainsi aux aventures de Jeanne Picquigny le côté saga qu’elles méritent!