Le beau temps

Par Lecteur34000

" Le beau temps "

DESBIOLLES Maryline

La fréquentation de Maryline Desbiolles non seulement apaise le Lecteur, mais elle l'entraîne vers des univers qu'il " se " croyait familiers mais qui se révèlent à Lui grâce à la magie de l'écriture de l'Auteure sous des facettes souvent inconnues (ou ignorées). Ici, le cinéma. A travers le personnage de Maurice Jaubert, compositeur qui naquit avec l'autre siècle et qui collabora avec certains des plus importants cinéastes français (et belges) d'alors. Fils d'un avocat niçois, destiné lui aussi à fréquenter les prétoires, mais qui opta finalement pour la musique avant de mourir " connement " durant les derniers jours de la " Drôle de guerre ". A l'âge de quarante ans.

Indéniablement, Maryline Desbiolles s'est prise de passion pour cet homme-là. Une passion amoureuse qui transparaît tout au long du récit et qui s'affirme au détour de quelques phrases. " Comment se tenir près de Maurice Jaubert et ne pas faire corps avec lui ? Comment ne pas se fondre dans ses lettres et plus encore dans sa musique sans plus ajouter un seul, un traître mot ? Comment s'engager tout entière dans cette histoire et en même temps tenter de décoller, tenter de dégager une épaule, deux épaules, le torse, comment prendre la tangente ? En somme, comment ne pas assujettir Maurice Jaubert ? Comment ne pas en faire mon sujet ? Comment le laisser libre et, ce qui va de pair, comment rester libre moi-même ? "

Maryline Desbiolles fait revivre les deux décennies qui conduisent d'une guerre à une autre et tout le bouillonnement intellectuel et artistique qui leur conférèrent un lustre exceptionnel. Elle les fait revivre via ce personnage dont le nom apparaît encore sur les génériques de quelques-unes des plus importantes œuvres cinématographiques d'alors. Celles de Renoir, de Carné, de Duvivier, de Storck (un belge). Mais surtout celle de Vigo. Jean Vigo, auteur de " Zéro de conduite " et de " L'Atalante ", deux films " cultes " pour celui qui fut un jeune Lecteur. Des films qui ne furent pas illustrés mais qu'imprégna la musique de Maurice Jaubert. Jaubert, un catholique qui collabora (entre autres) à la revue " Esprit " et qui s'afficha du côté des antifascistes. Mais qui surtout participa au formidable mouvement qui révolutionna la vie intellectuelle et artistique d'une Europe endolorie et déboussolée.

Grâce soit rendue à Maryline Desbiolles près de laquelle se tint le Lecteur tout le temps de sa découverte, sans jamais faire corps avec Elle mais en se fondant dans la musique de ses phrases qui savent exalter ce qu'il y a de meilleur dans l'être humain.