José Angel Mañas : Je suis un écrivain frustré

Par Lebouquineur @LBouquineur

José Angel Mañas né en 1971 à Madrid, est un écrivain espagnol. Il a fait des études d’Histoire contemporaine à l’Université autonome de Madrid, mais également dans le Sussex en Angleterre et en France à Grenoble. Après un premier roman paru en 1994 il est aujourd’hui fort d’une œuvre d’une grosse quinzaine d’ouvrages, dont quatre traduits en français, comme ce Je suis un écrivain raté qui date de 1996. Ce roman a été adapté au cinéma en 2005 par Patrick Bouchitey sous le titre Imposture.

Le narrateur, professeur d’université, critique littéraire reconnu mais écrivain en mal d’écriture et alcoolique, sèche devant la page blanche. Jusqu’à ce que l’une de ses étudiantes lui soumette un manuscrit du roman qu’elle vient de rédiger. Pour « J. » le narrateur, la solution à son problème d’écrivain en panne est toute trouvée…

Un tout petit roman au vu de la pagination, qui se lit très vite et très bien car très réussi, mais je dois le reconnaitre aussi, qui m’a constamment agacé tant le personnage principal, ce « J. » est un fieffé connard pour ne pas dire un sale con ! Traité en mode thriller sur un rythme rapide, je ne révélerai aucun secret en disant que le professeur va voler le manuscrit de l’étudiante et qu’à partir de là, il sera logique si l’on peut dire, que cette jeune fille soit mise hors circuit pour que le professeur tire gloire et profit de son méfait. 

L’écrivain réussi à caser beaucoup de monde dans ce petit bouquin, de nombreux personnages très agités autour de « J. » : Ana sa fiancée qu’il maltraite comme un sagouin, Véro sœur d’Ana qu’il zieute, Marta sa collègue prof nymphomane barjot, Mozart son ami/ennemi professeur mais écrivain à succès qu’il jalouse, Carmen femme du Mozart qui finira dans son lit et Marian, la malheureuse étudiante, seul personnage « normal » de ce roman. Le « héros » de ce roman évolue du macho bien lourdingue avec Ana, au paranoïaque avec Mozart en passant par le simple d’esprit avec son stratagème foireux vis-à-vis de Marian, pour finir dans la folie totale. Je vous le chuchote au coin de l’oreille pour que personne ne m’entende mais j’ai vu dans ce « J. » quelque chose que je ne saurais définir précisément mais qui l’apparente vaguement aux héros des romans de Michel Houellebecq. N’allez pas le répéter, ce n’est juste qu’une impression…

José Angel Mañas glisse aussi dans son texte quelques réflexions et vacheries bien venues sur le monde de l’édition, « Peu importe si le roman n’est pas très bon, c’est ce qui compte le moins. Avec le succès du premier, le deuxième se vendra sans problème ». Et le tout doit être envisagé sous le mode de l’humour (noir) bien entendu.