Alice au pays des merveilles : influence #3

Par Loulou Coco

Alice au pays des merveilles : Influence #3

Le 26 novembre 1865, une petite fille prénommée Alice tombait dans un terrier de lapin et se retrouvait au cœur d’une aventure qui fit palpiter plus d’un cœur de lecteur. Le 26 novembre 2015, le monde entier commémorait le 150ème anniversaire de cette petite fille et de ses merveilleuses aventures. Par manque de temps, nous n’avons pas pu rendre hommage à cet événement littéraire comme on l’aurait souhaité, mais qu’à cela ne tienne ! Pour nous rattraper, nous allons passer le mois de Janvier à célébrer le Non-Anniversaire de la blondinette la plus célèbre au monde et de son lapin plutôt pressé !

Joyeux Non-Anniversaire Alice !

Lorsque je vous dis Alice au pays des merveilles, il y a forcément UNE image qui vous vient automatiquement en tête : celle d’une petite blondinette bien proprette dans sa robe bleue, son tablier blanc et ses petits souliers noirs vernis. C’est une image pratiquement universelle. Montrez là à un australien et il reconnaîtra Alice entre mille. Frappez donc Alice au pays des merveilles dans le moteur de recherche le plus célèbre du monde, et cette image occupera la majorité des images ! Et cette universalité, nous la devons à Monsieur Walt Disney, virtuose du dessin animé pour (grands) enfants. En produisant le dessin animé éponyme, Disney a contribué à la pérénité de sa notoriété, faisant par là même découvrir ce chef d’œuvre à de jeunes générations peu avides de littérature classique.

Ce n’était pas la première apparition d’Alice sur « scène », mais ce dessin animé marqua le début d’une grande ère visuelle pour Alice. Je vous invite donc aujourd’hui à suivre le lapin blanc dans ses aventures sur grand et petit écran ! Accrochez-vous on va en voir de toutes les couleurs …

Alice au cinéma :

Ce n’est pourtant pas en couleur qu’Alice fit ses débuts au cinéma. En effet, la première adaptation cinématographique des aventures d’Alice au pays des merveilles date de 1903 ! Autant dire une éternité pour nous. En noir et blanc et muet, ce film était pourtant à l’époque une pure merveille de fantastique, dû à des effets spéciaux élaborés (on est quand même en 1903. Le cinéma n’est vieux que d’une petite dizaine d’années). Le film, réalisé par Cecil Hepworth et Percy Stow, ne dure que 8 minutes mais les principaux chapitres du livre sont racontés avec fluidité. Il n’existe qu’une seule copie du film mais en 2010, le British Film Institute a réussi à le restaurer. Depuis, il vit sa vie, heureux et disponible sur de nombreuses plateformes de vidéo. Mais vu que je suis gentille, je vous évite de chercher et je vous le mets ici-même.

S’en est suivi une multitude d’adaptations, huit pour être précise, les plus célèbres étant bien entendu celles qui ont eu un budget pub conséquent : l’adaptation de Clyde Geronimi, Wilfred Jackson et Hamilton Luske de 1951 en dessin animé et l’adaptation en 2010 en « live » par Tim Burton. Toutes deux viennent des écuries Disney.

Comme dit précédemment le dessin animé a su redonner un coup de fouet à  la carrière d’actrice d’Alice. Quant au film de Burton, je m’abstiendrai de le commenter tant il m’a déçue.  Ça n’en reste pas moins un bon divertissement mais lorsqu’on connaît le potentiel de Tim Burton, cela laissait présager bien plus. Une suite de cet opus va sortir cette année.  Oui, 6 ans après (on a bien attendu Star Wars 30 ans !). Espérons un nouveau coup de fouet !

Seulement voilà, je ne souhaite pas me consacrer dans cet article aux adaptations. Je veux vous emmener plus loin que le simple : « ça, c’est pas dans le livre / ça, ils l’ont transformé ». Car Alice sait se faire très petite, voire même minuscule à l’écran (comme dans sa vie).

Commençons par M. Snyder Zack, réalisateur du film Sucker Punch qui décrit lui-même son film comme étant « Alice au pays des merveilles avec des armes ». Et il est vrai que l’on peut trouver de nombreuses similarités entre les deux œuvres. L’héroïne est dans les deux cas blonde, et elles s’inventent un monde imaginaire pour échapper à leur vie quotidienne. La folie est également un élément que se partagent les deux œuvres.

Mais parfois ce n’est pas aussi explicite. Ainsi, dans le film Danny Darko (2001) de Richard Kelly, le jeune Danny se fait guider dans ses rêves par un lapin dans un miroir.

Danny Darko

Bon, niveau visuel, on est loin, très loin du gentil Lapin Blanc de Disney, mais cela reste une référence quand même, au même titre que l’énigmatique message dans Matrix (1999) des Wachowski.

« Follow the white rabbit ». Suis le Lapin Blanc, est une référence directe à Alice au pays des merveilles qui sera utilisé en fil rouge tout le long de la saga.

Matrix

Cette liste n’est, encore une fois, pas exhaustive, et j’aurais bien plaisir à savoir si vous avez déjà croisé des références à Alice en regardant un film.

Alice au pays du petit écran :

Si Alice a déjà fait sensation au cinéma, c’est sur petit écran qu’elle est la plus prolifique. Et oui, les réalisateurs et scénaristes ne cessent de s’inspirer de son univers que ce soit de manière explicite ou sous forme de clins d’œil.

La série Lost (2004-2010) tout d’abord a explicitement nommé deux de ses épisodes selon les romans de Lewis Carroll. Ainsi l’épisode 5 de la saison 1 s’intitule « Le Lapin Blanc » et le final de la 3ème saison s’intitule quant à lui « A travers le miroir ». Et la série ne s’arrête pas là. Elle porte elle aussi un amour plus que certain à l’univers des merveilles vu le nombre de références qu’elle contient. L’île, comme le pays des merveilles, est le refuge d’animaux rares voire disparus (l’ours polaire pour l’île, les dodos pour le pays des merveilles par exemple). Les nombres ont également une importance non négligeable dans les deux œuvres. L’un des logos de Dharma, une société bien importante dans la série, représente un lapin blanc. Et ce n’est qu’un début …

Ce n’est pas la seule série fantastique à faire référence à Alice. En 2005, Charmed (1998-2006) le 2nd épisode de la 8ème saison s’intitule « Malice in Wonderland », soit Malice au pays des merveilles. Des démons se servent effectivement du roman de Lewis Carroll pour s’en prendre à de jeunes filles.

Plus étonnant encore, Star Trek (1966-1969), la série SF la plus célèbre de tous les temps, fait une référence à Alice et voit apparaître un Lapin Blanc géant qui affirme être en retard lui aussi.

La chaîne Syfy a également créé une mini série en 2009. Vous pouvez y retrouver tout l’univers et les personnages du pays des merveilles mais en version moderne. Ainsi la Reine de cœur tient un casino et s’en sert pour contrôler tout le monde des merveilles. Heureusement le Chapelier Fou entre en résistance et, avec l’aide d’Alice, arrive à renverser cette affreuse reine. Le scénario est très bien réécrit, si bien que même si l’on est heureux de voir nos personnages préférés, nous sommes aussi heureux de découvrir une toute nouvelle histoire. Vous remarquerez qu’ici aussi Alice a perdu de sa « blondeur ». Mais ça ne retire rien au personnage, rassurez-vous.

Enfin, dans la série Warehouse 13 (2009-2014) un épisode entier est consacré à l’univers de Lewis Carroll. Mais ici, ce n’est pas le Lapin Blanc ou le Chat du Cheshire qui sont présents, c’est Alice elle-même. Lors d’un petit incident à la Warehouse 13, un des agents casse un miroir qui parait normal aux yeux de tous. Mais il s’avère que ce miroir renferme Alice Liddell, une jeune femme très perturbée psychologiquement que Lewis Carroll avait préféré enfermer pour sa propre sécurité. Les agents vont alors devoir tout mettre en œuvre pour renvoyer la jeune femme de là où elle vient.

Faut dire qu’on a pas vraiment envie de la croiser au détour de la rue un dimanche soir d’hiver.

Alice au pays de la pub :

Ce n’est pas forcément un domaine où l’on fait particulièrement attention aux images. Parce que l’on sait qu’on est là pour nous vendre un produit ou un service, on fait forcément moins attention à  la beauté des images ou même d’où elles proviennent. Aussi il m’a fallu plusieurs visionnages pour relever le clin d’œil à Alice au pays des merveilles dans la première pub que je vais vous présenter :

De prime abord ça ne saute pas aux yeux. Il n’y a pas de lapin blanc, ni de reine de cœur, ni d’univers farfelu et encore moins de chat. Mais si on regarde bien au delà du message délivré  (ohh le parfum c’est cool. Cher mais cool), on voit quelques références :

  • Le personnage principal est blond avec de longs cheveux.
  • Elle traverse un miroir pour rejoindre un autre monde comme Alice dans De l’autre coté du miroir.
  • Elle suit un hibou (ça ne ressemble pas pour un poil à un lapin mais c’est un animal, blanc de surcroît).
  • La musique qui se joue en fond sonore est la BO du film Coraline. C’est une adaptation du roman éponyme de Neil Gaiman. Mais ce que peu de gens savent c’est que ce livre est aussi souvent encensé que comparé à Alice au pays des merveilles

Mais parfois les pubs se la jouent mini-adaptations :

La pub se concentre sur le créateur d’Alice au pays des merveilles en reprenant tous les codes qui permettent d’identifier le monde des merveilles : le chat du Cheshire et le Lapin Blanc. Bon j’avoue quand même que le chat me fait bien peur (on dirait un mix entre un lémurien et un chat), et ce n’est pas la seule chose qui me dérange ici. Je passe outre le fait que l’histoire de la création d’Alice au pays des merveilles soit déformée, voire même carrément réécrite (cela se fait dans beaucoup d’autres publicités), mais je m’arrêterais plutôt sur le message de fond de cette publicité. L’idée, à mon ressenti, est de faire croire aux parents que si leur enfant est mythomane c’est parce qu’il finira par écrire un chef d’œuvre littéraire. Utiliser l’univers des merveilles pour véhiculer un tel message, c’est un peu triste.

Heureusement, d’autres pubs vous mettent du baume au cœur et sont beaucoup plus amusantes à regarder !

(merci à Cindy pour m’avoir fait découvrir cette vidéo là)

Et le meilleur pour la fin (pour tous les fans de littérature jeunesse) :  

Si vous souhaitez en savoir plus au sujet des publicités reprenant l’univers de Lewis Carroll, je vous conseille vivement de jeter un coup d’œil sur cet article génial : Alice au pays des publicités.

Alice au pays des jeux vidéos :

Je ne vais pas m’appesantir outre mesure sur ce domaine car je ne suis pas experte en la matière. Mais il se trouve qu’Alice fait aussi figure de référence dans les jeux vidéos, notamment en ce qui concerne deux jeux particuliers.

American McGee’s Alice des studios Rogue Entertainment a non seulement su s’approprier l’univers des merveilles avec brio, mais il a également su le remanier avec finesse pour produire un univers à la fois éloigné et proche de l’original. Sorti en 2010, un peu en catimini, ce jeu a depuis séduit le cœur des joueurs et des chroniqueurs, à tel point qu’une suite a vu le jour en 2011 et qu’une adaptation cinématographique est en projet. Et ce qui contribua à tant de succès ne fut pas le mode de jeu, classique par ailleurs, mais le scénario !

En 1864, après un incendie qui ravagea sa maison et tua ses parents, Alice se fait enfermer à l’asile de Rutleges. Internée pendant près de 10 ans, elle est soignée aussi bien pour le traumatisme causé par la mort de ses parents que pour sa capacité à inventer un monde imaginaire et s’y réfugier. Mais depuis la mort de ses parents, l’univers tendre et coloré de son enfance s’est transformé en véritable cauchemar. La Reine de Cœur fait régner terreur et mort sur un royaume ravagé. Alice est la seule à pouvoir changer cela, et elle pourra sans nul doute compter sur le chat du Cheshire.

Le graphisme est également impressionnant. On est loin, très loin de l’image que nous a donné Walt Disney du pays des merveilles. Même le Chat du Cheshire est un cauchemar ambulant. Quant à Alice, elle perd sa célèbre chevelure blonde pour un noir aussi sombre que l’univers dans lequel elle évolue.

Cette noirceur n’est pas non plus étrangère à l’autre jeu vidéo dont je voulais vous parler. Découvert au détour de mes pérégrinations sur internet, ce jeu se décline en plusieurs volets et peut se jouer en ligne. Tout ce qu’il vous suffit de faire, c’est de cliquer sur play !

Nommé Alice is dead, ce jeu vous met dans la peau du Lapin Blanc amnésique et aux prises d’une expérience des plus bizarres. Je vous mets le lien vers l’épisode 1 pour que vous puissiez vous faire votre propre opinion : http://www.zebest-3000.com/jeux/jeu-2971.html
Attention, le jeu est entièrement en anglais, il faut donc avoir de bonnes connaissances dans la langue de Shakespeare pour vous lancer (ou au pire, vous pouvez toujours tricher en regardant une soluce sur internet :p ).

Quel que soit le domaine, Alice au pays des merveilles est une référence ! Et pour la dernière de ce dossier, nous allons voguer vers un univers diamétralement opposé à son univers originel : la musique.

Bonne lecture les cocos !