A l’abri de la différence 2

Par Severine Vialon @VIALONSeverine

A l’abri de la différence (2e partie)

Si vous avez raté la première partie de A l’abri de la différence, rendez-vous ici

La suite de A l’abri de la différence

Voici la suite du début du roman, je rallongerai tous les lundis.

lundi 7

– Tais-toi. Je ne veux pas entendre ce genre d’horreur. Si elle est là, c’est qu’elle doit l’être.

– Mais…

– Pas de mais, et je te la confie. Tu t’occupes d’elle. Si elle a besoin de quelque chose, tu le lui donnes, dans la mesure de nos capacités bien sûr.

– Mais…

– Qu’est-ce qui te gêne, hein ? Elle ne va pas te faire de mal. En plus, elle ne sait rien, et ne lui dis rien. Je lui expliquerai le moment venu. Maintenant, je dois sortir. Alors, garde un œil sur elle.

lundi 14

Anna n’a pas le temps de répondre, et elle sent bien que cela aurait été inutile. L’homme qui les a amenés ici et qui paraît tout diriger ne lui a pas vraiment laissé le choix. Elle s’installe en vue de la jeune femme tout en restant avec le reste du groupe. Des enfants gesticulent, commencent à s’énerver. Le temps est long. Leurs mamans les rouspètent, ils se calment cinq minutes avant de recommencer. Anna leur fait signe de s’approcher. Ils ne se font pas prier, c’est l’occasion de bouger de quelques centimètres. Tout en gardant un œil sur sa mission, Anna propose un jeu calme aux enfants.

lundi 21

Une maman s’interpose.
– C’est ce qu’il t’a demandé de faire ?
– Non, j’ai juste pensé…
– Pensé à quoi ? Tu crois que c’est le moment de jouer ? Tu imagines qu’on a la tête à s’amuser et à rire ? Ta jeunesse te rend inconsciente !
– Bien au contraire. Nous sommes coincés là, et alors ? Vous pensez tous rester assis à ne rien faire, sans rien dire ? Vous comptez prendre racine ? Combien de temps allons-nous rester là ? Deux jours, deux semaines ? Deux mois ? Plus peut-être. Et vous allez tous attendre ainsi ? Vous ne croyez pas qu’on devrait s’organiser une vie ici pour mieux supporter ce moment ? C’est assez grand pour s’installer correctement et peut-être pourrait-on se trouver des petits coins pour que chaque famille ait un peu plus d’intimité. Nous devons trouver une activité et nous bouger. Nous ne pouvons pas rester inertes.

lundi 28

– Tu as peut-être raison. Les hommes, vous pourriez explorer le coin. Nous allons voir pour le repas. Et toi, tu t’occupes des enfants. Les grands vont t’aider.
– Très bien, mais je dois également veiller sur la jeune femme.
– Elle ! Ce n’est pas nos oignons !
– Pas le vôtre mais c’est devenu le mien.

lundi 04

Emilie ouvre les yeux. Face à elle, tout est marron. Elle regarde ses mains, ses vêtements. Non, sa vue n’est pas trouble. Tout est bien marron devant elle, au-dessus aussi. Mais où est-elle ? Elle se souvient alors de cette nuit, le bruit, puis la main sur sa bouche. Ce n’était donc pas un rêve. Elle a été enlevée et déposée elle ne sait où. Elle essaie de se retourner et aperçoit quelqu’un qui s’approche. Elle se retourne face au mur.

lundi 11

– Bonjour, je m’appelle Anna. Tu es réveillée ?

Emilie referme les yeux et ne répond pas.

– Si tu as besoin de quelque chose, n’hésite pas.
Emilie ne répond toujours pas.
Elle a de l’humour celle-là. Si elle a besoin de quelque chose ? Mais bien sûr, elle a besoin de quitter cet endroit et de rentrer chez elle. Elle l’enlève et lui demande si elle a besoin de quelque chose. C’est une blague, non ?

Lundi 18

– Tu sais, je ne suis pas loin, je m’occupe des enfants, tu n’as qu’à me faire signe.
Des enfants ! Parce qu’en plus elle agit en étant entourée de ses enfants ! Ou alors, on l’a obligée, elle le fait pour les protéger ! Elle est forcée d’obéir pour ne pas qu’on leur fasse du mal. Mais alors, peut-être pourrait-elle s’enfuir facilement… Et si cela entraînait des problèmes pour les petits…

Tout s’enchaîne dans l’esprit d’Emilie. Elle ne sait plus ce qu’elle doit faire. De toute façon, elle est bien décidée à ne pas se précipiter. Observer, écouter, lui paraît la meilleure solution pour le moment, essayer de comprendre le rôle de cette femme qui ne lui paraît plus si antipathique.

Lundi 25

Anna retourne près des enfants. D’un œil, elle aperçoit Emilie qui se met sur le dos. Elle a bien compris qu’elle ne dort pas et qu’elle refuse la communication. Peut-elle lui en vouloir ? Des liens peuvent difficilement se créer dans ces conditions, pourtant l’épreuve en serait moins difficile à supporter. Anna ne sait trop que faire. Qui pourrait l’en blâmer ? L’homme qui lui a confié la mission ?