Le livre du lundi: Mémoires d’Hadrien

memoires hadrien

de Marguerite Yourcenar

Au crépuscule de sa vie, Hadrien, empereur de Rome écrit une longue lettre au jeune Marc Aurèle qui sera le successeur de son successeur. Il lui confit sa vie, ses ambitions passées, ses victoires et ses échecs, ses amours… Peut-être pour aider le futur empereur à comprendre l’ampleur de sa mission prochaine ; peut-être pour assurer la continuité des projets de sa vie ; ou peut-être pour laisser une dernière empreinte avant de s’éteindre.

Il me tardait de lire Yourcenar ! Comme il me tarde de lire bien des monuments de la Grande Littérature. Je ne savais pas vraiment par où commencer et quand j’ai vu la booktubeuse The Petite Britette parler de Mémoires d’Hadrien avec beaucoup d’engouement, j’ai retenu le titre et l’ai rangé dans un coin de ma tête en me disant que ce sera lui mon premier Yourcenar.

Une plume divine, un rythme qui vous berce et vous emporte dans la vie de cet empereur comme une barque sur le Nil et une profondeur dans la recherche et la réflexion qui vous laisse pantois. L’auteure met les mots dans la bouche d’Hadrien et on y croit. J’ai adoré.

C’est d’abord un voyage à travers le temps qui vous emmène à l’époque de la Gloire Romaine, une ère faste et sanglante qu’Hadrien tente de pacifier et de structurer. C’est aussi un voyage qui vous porte d’Athènes à Rome en passant par l’Asie, l’Afrique, la Gaulle, l’Espagne, la Britannia… tous ces lieux de songes ancestraux et barbares pour nous, qui ont été autant de batailles, de négociations, de places de commerce et de découvertes pour l’empereur. C’est aussi le voyage d’une vie et d’une mort. Celles d’un homme-dieu mais d’un homme quand même. Je l’ai trouvé très humain et il m’a beaucoup touché malgré toute sa fierté, son pragmatisme et ses décisions réfléchies. Il est tout de même Empereur, le « Père de la Patrie ». Il doute peu, se trompe rarement, Yourcenar le dépeint comme le dirigeant idéal. 

Car il faut bien se rappeler que Mémoires d’Hadrien est bien une fiction. Malgré toutes les recherches si finement entreprises et les références d’autorité qui ont permises la reconstruction de cette vie, il reste une part d’invention, d’assemblage et d’interprétation dans cette œuvre qui en font une merveilleuse fiction. Même si ma prof de Littérature vous dirait que de tout façon la biographie et l’autobiographie sont de fait l’apogée de l’art fictionnel : faire d’une simple vie une Destinée, donner un sens au grand Chaos, nier le grand Hasard, c’est la fiction ultime !

D’ordinaire un peu frileuse des contemporains francophones devenus de grands classique, je reconnais m’être fait surprendre et convaincre par ce livre d’une douceur et d’une intelligence renversante!

J’ai emprunté ce livre à la bibliothèque municipale, cette lecture compte donc pour le Challenge Emprunts de livres 2016!

challenge emprunt 2016

Marion