Aujourd’hui, Nuit et Jour
Il y avait longtemps que j’avais envie de découvrir un peu Virginia, tout particulièrement car ce que j’ai lu sur sa personnalité et sa vie m’a émue et intriguée. On rencontre parfois des auteurs qui vous touchent de manière très personnelle, avec un sentiment de proximité aiguë… Ce fut mon cas avec elle, comme avec Sylvia Plath. Vives, tourmentées, exigeantes et indépendantes, avec une écriture vibrante, caractérisée par une très grande attention aussi bien au monde qui les entoure dans ses moindres détails qu’à l’être humain et sa complexité. Elles sont toutes deux merveilleuses, et je les lis un peu comme on lirait les mots d’une sœur… Ce sont des inspirations, du point de vue littéraire du moins. Du point de vue personnel, on va quand même essayer de finir mieux. :D
Bref. Nuit et Jour est le deuxième roman de Virginia — fantaisie de mon recueil, je lirai le premier, La Traversée des apparences, juste après. (Titre que j’adore tout autant que le titre original, The Voyage Out — et bien plus que les deux autres traductions, Croisière et Traversées. Il est plus recherché, plus créatif et fait écho à la beauté de l’anglais, différent mais fidèle à l’esprit.)
Nuit et Jour raconte l’histoire de quatre jeunes Londoniens, Katharine, Ralph, Mary et William. Leurs amours, leur place dans la société, leur recherche de soi. Katharine et William, jeunes gens de bonne famille, sont fiancés mais sous l’apparence d’une bonne entente, ils sont en fait incapables de se comprendre. Mais c’est à se demander si Katharine se comprend elle-même, avec la farouche indépendance, la vie intérieure bouillonnante et le désir sourd et à peine défini de liberté qu’elle dissimule derrière un caractère qui semble de prime abord posé et raisonnable. Ralph, jeune homme assez pauvre et ambitieux, est tout aussi difficile à cerner, oscillant entre passion et froideur. Quant à Mary, jeune femme indépendante, elle aussi cherche à se dépêtrer de ses sentiments mais est également engagée pour la cause de l’émancipation féminine. C’est peut-être la moins égocentrique des quatre…
Le roman tourne entièrement autour de la psychologie, de l’introspection de ses quatre personnages, leurs parcours intérieurs et leur influence les uns sur les autres. Forcément, je ne pouvais qu’adorer ! Ils sont complexes, paradoxaux et tourmentés par des émotions contradictoires. Ils sont aussi animés par une très grande soif de vivre, sans pour autant savoir vers où se diriger pour la satisfaire. Je les ai tous trouvés vraiment intéressants et attachants, même dans leurs défauts et leur étrangeté parfois. Le style est aussi très travaillé, très esthétique et évoque beaucoup de choses — les paysages, la lumière, la nuit, la ville foisonnante de gens et d’activité, les détails de certaines scènes. Encore une fois, j’étais vraiment sensible à l’écriture de Virginia. On aime ou on n’aime pas et certaines personnes pourraient beaucoup moins apprécier, mais pour ma part, c’était un enchantement et je suis vraiment impatiente de lire plus de ses écrits !