Disney vs Versions originales #3 : Les contes modernes / romans

Par Loulou Coco

Ouhlala, il était temps de sortir un nouvel article du dossier Disney vs Versions originales, ça fait plus de 7 mois que le dernier est paru ! Après avoir parlé surtout de princesses, on va prendre une autre direction. On se dirige vers des personnages plus masculin comme héros et au lieu des contes classiques, on prend des contes modernes, voire même des romans.

Peter Pan

Vu par Disney (1953) : Peter Pan est un gentil garnement, qui a la chance de rester enfant et qui vit dans un pays magique où il a toute une bande de copains bien sympathique. Il vit des aventures extraordinaires et règne en maître sur son territoire. Un jour, par nostalgie, il revient voir ce qui se passe à Londres, ville de sa naissance. Aux abords d’une maison, son ombre s’échappe et se faufile dans le tiroir d’une commode. Il fait un boucan du diable en cherchant son ombre, ce qui finit par réveiller les 3 enfants de la maison : Wendy, Michel et Jean. Impressionnés par le fait que Peter puisse voler, les 3 enfants finissent par le suivre dans son pays imaginaire. Ils y vivent de belles aventures, avec les Peaux-Rouges (et Lili la tigresse), les sirènes et le Capitaine Crochet. Peter et les garçons perdus sont gentils avec eux, et les laissent repartir quand ils le souhaitent (même si Peter boude un peu).

Ecrit par J.M. Barrie en 1902 (le titre original du livre est d’ailleurs Peter et Wendy) : Je l’ai lu il y a un bout de temps, je ne me souviens pas de tous les détails, mais voici mes souvenirs. Peter Pan perd bien son ombre chez Wendy, mais pas par hasard. Cela fait déjà plusieurs nuits qu’il se glisse à la fenêtre des trois enfants pour entendre les belles histoires que raconte Wendy à ses trois frères. Une fois qu’il a récupéré son ombre et rencontré Wendy, c’est par pur égoïsme qu’il souhaite emmener la jeune fille au pays imaginaire : il veut qu’elle devienne la maman de tous les garçons perdus et qu’elle leur raconte des histoires. Les trois enfants se laissent amadouer et partent avec Peter. Mais le pays imaginaire n’est pas si tranquille et magnifique que cela. Michel, Jean et Wendy découvrent que Peter Pan est en réalité un tyran, qui refuse que quiconque dans son entourage ne grandisse. Quand l’un de ses copains grandit, la sentence est lourde : Peter le tue tout simplement. De plus, ils vivent des aventures un tant soit peu plus dangereuses que chez Disney. Ils risquent leurs vies à plusieurs reprises. Il y a également la fée clochette, qui dans la version de Disney est juste jalouse de Wendy au point de lui tirer les cheveux. Dans la version originale, Clochette veut vraiment tuer Wendy et tente plusieurs stratagèmes (le premier étant de présenter la jeune fille aux garçons perdus sans que Peter ne soit présent et donc de leur dire que c’est un oiseau de malheur et que Peter souhaite sa mort. Les garçons lui tirent donc dessus). Le milieu de l’histoire reste assez vague pour moi, surtout avec toutes les adaptations cinématographiques qu’il y a eu. Mais à la fin, Clochette ayant été bannie pour ce qu’elle a fait à Wendy, elle est furieuse et pour se venger révèle la cachette de Peter et des enfants perdus au Capitaine Crochet. Celui-ci arrive donc à capturer les enfants perdu et tente d’empoisonner Peter. Grâce à Clochette, prise de remords, ce dernier est sauvé. Wendy et ses frères retournent chez eux car ils n’aiment pas que le fait de vivre au pays imaginaire leur fasse oublier leurs parents. De plus, eux, ont envie de devenir des adultes. Là, j’avoue que je ne me souviens plus si les enfants perdus rentrent tous à Londres pour eux aussi avoir un papa et une maman ou si c’est juste une extrapolation d’un film et qu’en réalité, dans la version originale, ils restent avec Peter. Ce qui est sûr c’est que Peter Pan promet à Wendy de revenir la voir. Malheureusement, quand il revient c’est une adulte qui a déjà des enfants. Pour se venger de ce qu’il estime être un affront, il punit Wendy en capturant sa fille. Il en fera de même avec la fille de Wendy. Et ainsi de suite, ce qui mène à un cercle sans fin.

Pinocchio

Vu par Disney (1940) : Geppetto, pauvre sculpteur, attendrissant et très gentil, rêve d’avoir un fils. Il sculpte une marionnette dans un simple bout de bois et souhaite qu’elle s’anime. Sachant que Geppetto a un bon cœur, une fée lui accorde son souhait et donne vie au pantin, qui s’appellera Pinocchio. Mais pour devenir un vrai petit garçon, de chair, il doit prouver qu’il peut être un bon garçon et qu’il est sage. Dans cette version Pinocchio n’est pas tout rose. Il fait plein de bêtises et n’écoute personne, même s’il a un bon fond. Pourtant il y a un petit criquet qui le suit partout et lui porte conseil. Jiminy Cricket sera sa bonne conscience tout au long de l’histoire. Malheureusement, Pinocchio ne l’écoute jamais, mais c’est parce qu’il est niais et ne connaît pour l’instant rien à la vie. Pour Disney, les grandes lignes de l’histoire de Pinocchio se résument à ça : sur le chemin de son premier jour d’école, le pantin se laisse embobiner par le Renard et le Chat, qui le conduisent chez un marionnettiste malfaisant. Grâce à sa bonne fée, il réussit à s’échapper. Mais dès le lendemain, Pinocchio se refait avoir par les deux gredins qui l’emmènent cette fois sur l’île des plaisirs. Île sur laquelle, par sa bêtise, il commencera à se transformer en âne. Il réussit à s’échapper alors que seules ses oreilles se sont métamorphosées. Malheureusement, quand il rejoint enfin sa maison, il apprend que Geppetto est parti à sa recherche et qu’apparemment, dans sa quête, il s’est fait avaler par une gigantesque baleine. Pinocchio part retrouver son papa et se fera également avaler par la baleine. Tout le monde s’en sort, et pour son héroïsme et sa bravoure, la fée transforme enfin Pinocchio en vrai petit garçon.

Ecrit par Carlo Collodi (1881) : Disney a encore une fois bien embellit la chose. Pinocchio est un petit garçon beaucoup plus mesquin, turbulent et irraisonnable qu’on ne le pense. Il est même parfois malpoli et très irrespectueux. Et ses aventures sont beaucoup plus longues que la version de Disney.

Tout d’abord, il n’y a pas de bonne fée qui donne vie à un petit pantin de bois inanimé. Quand Geppetto récupère le bout de bois, il est déjà doué de parole et il le sculpte alors que celui-ci lui parle. Alors qu’il n’est pas encore fini d’être taillé, le petit garçon est déjà insolent, méprisant, voire méchant. C’est un véritable garnement. Mais Geppetto non plus n’est pas tout rose ; très susceptible, il a aussi une très mauvaise réputation auprès de son village par rapport à sa relation avec les enfants. Ainsi, quand il est aperçu dans la rue avec Pinocchio (fini d’être sculpté), il est emmené par la police, pour ne pas faire de mal à l’enfant. Pinocchio s’échappe et retourne à la masure du sculpteur. Il continue à être méprisant, à se plaindre tout seul, n’est absolument pas débrouillard et pourtant il va rejeter l’aide du Grillon Parlant. Quand son père reviendra enfin, Pinocchio promettra d’être sage et d’aller à l’école. Malheureusement, son premier jour de classe ne se passe pas comme prévu. Il se rend chez un marionnettiste et, de là, de nombreuses péripéties vont lui arriver, il ne rentrera pas chez lui de si tôt. Voici un résumé listé de ses mésaventures, pour que vous voyez un peu tout ce qui arrive à ce pauvre pantin. Je vous préviens, le tout est très farfelu et assez sans queue ni tête :

  • A cause de sa naïveté, il se retrouve esclave dans le théâtre de marionnettes de Mangefeu. Après quelques actions, il est libéré avec 4 belles pièces d’or.
  • Dans sa bêtise, il montre les pièces à deux gredins, un chat et un renard, qui le roulent et l’emmènent dans la forêt.
  • Ils l‘abandonnent dans une auberge et se font passer pour deux assassins pour lui voler ses pièces. Ils en viennent même à pendre le pantin par le cou, à un arbre.
  • Une gentille fée le décroche et le fait soigner ; mais Pinocchio continue à n’en faire qu’à sa tête et n’est pas très reconnaissant. Il part en promettant de revenir.
  • Bête comme il est, il arrive encore à se faire avoir par le chat et le renard, qui l’emmènent dans le champ des miracles en lui faisant croire que s’il plante ses pièces, il poussera des arbres d’or. Evidemment c’est faux, et les deux gredins lui volent ses pièces.
  • Pour une fois le pantin a de la jugeote et va dénoncer les compères. On ne sait pourquoi, c’est quand même lui qui se fait arrêter et il passe 4 mois en prison.
  • En sortant, il se fait prendre dans un piège à ours (en essayant de voler du raisin dans un champ) et devient chien de garde pour un homme pendant un temps pour se faire pardonner.
  • Quand il arrive enfin à revenir à la maison de la bonne fée, il n’y trouve qu’une tombe qui dit qu’elle est morte de chagrin de ne pas voir revenir le pantin.
  • Il part donc à la recherche de son papa, qui lui-même est parti à la recherche de son fils.
  • Pinocchio se retrouve sur l’île des abeilles industrieuses où le travail est roi. Il y retrouve la fée (on ne sait pas trop pourquoi finalement c’était une fausse tombe), s’assagit pendant un temps et va même à l’école.
  • Mais, provoqué par des cancres de sa classe, il se retrouve dans une bagarre. Il est pris en chasse par les gendarmes et dans sa fuite se retrouve dans les filets d’un pêcheur.
  • Quand il se sort de cette situation rocambolesque, il retourne chez la fée et redevient sage pendant un an. Du coup la fée lui promet de le transformer en vrai petit garçon. Tout content, il part prévenir ses copains.
  • Malheureusement, il se laisse embarquer par l’un d’entre eux, Lumignon, au pays des jouets. Ils y restent 5 mois à devenir des fainéants avant de se transformer en ânes (entièrement cette fois).
  • Les deux enfants sont vendus. Pinocchio rejoint un cirque. Puis est revendu quelques mois plus tard, pour faire de sa peau un tambour.
  • Pour le tuer et prendre sa peau, le nouveau propriétaire le noie. Mais cette « purification » par l’eau le fait redevenir pantin.
  • Pinocchio s’enfuit par la mer, mais est mangé par un requin. Dans son ventre, il retrouve Geppetto, qui est là depuis 2 ans.
  • Quand ils s’en sortent, ils partent vivre dans la maison du Grillon Parlant. Pinocchio y apprend à travailler durement pour gagner de l’argent et soigner son papa qui est gravement malade.
  • Un jour, il apprend que la fée est aussi malade et il lui envoie des sous. Elle le remercie et, apprenant son dévouement, le change enfin en vrai petit garçon.

Voilà, voilà… Si le tout vous paraît incongru, grotesque, et maladroit c’est parce que ça l’est… L’histoire de Pinocchio est vraiment complexe au final. Il lui arrive des tas d’aventures. On s’aperçoit donc que c’est en fait un enfant pas vraiment futé, qui se laisse embarquer dans beaucoup de mauvaises situations. Son nez qui grandit quand il ment n’est pas non plus d’un grand intérêt dans la véritable histoire. Il ne grandit que trois fois, lors de mensonges, mais pas du tout à chaque fois comme dans la version de Disney. On ne comprend donc pas bien le principe de ce nez qui grandit si cela ne se produit pas à chaque mensonge. Jiminy Cricket n’est pas non plus d’une grande aide et n’est pas très présent (il en s’appelle d’ailleurs que « Grillon Parlant »).

Même si je vous ai tout résumé ici, c’est très succinct et il vous reste plein de détails à découvrir si vous souhaitez le lire. Et si c’est le cas, je vous conseille la version que j’ai personnellement lue, illustrée par Almanza, parue aux éditions Soleil, dans la collection Métamorphose. Très très bel ouvrage.

Le livre de la Jungle

Bébé Mowgli vu par Fernl (cf http://fernl.deviantart.com/)

Vu par Disney (1967) : Mowgli, petit humain, est abandonné dans la jungle à la naissance. Il sera recueilli et élevé par une famille de loups. Il aura pour amis une panthère ou encore un ours, qui lui enseigneront comment survivre dans la jungle, et il aura pour ennemis un tigre et un serpent, le premier tentant par tous les moyens d’en faire son repas, le second de l’hypnotiser pour le croquer également. On suit donc l’évolution du petit d’homme parmi les animaux de la jungle et la dure loi du plus fort. À la fin de l’histoire, après avoir combattu le féroce Sher Khan (et avoir remporté la victoire grâce au feu), il décide de retourner vivre parmi les siens, mais pas pour les mêmes raisons que dans la version originale. Dans le film de Disney, c’est parce qu’il tombe amoureux d’une jeune fille et est attiré par la connaissance de son peuple.

Ecrit par Rudyard Kipling (1894) : Le livre de la jungle est un recueil de nouvelles à la base, séparé en deux tomes, et la version de Disney est donc un mix des différentes nouvelles qui parlent de Mowgli. En effet, dans ces deux ouvrages, toutes les nouvelles ne parlent pas du petit d’homme (puisqu’on se retrouve dans le grand froid avec des phoques pour l’une d’elle). Personnellement, je n’ai lu que le premier tome et ne peut donc vous faire un topo que sur celui-ci. Il compte déjà 3 nouvelles qui évoquent Mowgli. Mais le second tome compte apparemment 5 nouvelles le mentionnant.

Les frères de Mowgli est la première nouvelle de ce recueil. On y apprend dans les grandes lignes, comment Mowgli fut adopté par les loups, a grandi parmi eux et retourna finalement chez les hommes. Un jour Sher Khan le tigre chasse un couple d’humains avec un bébé. Ce bébé se retrouve séparé de ses parents, près de la grotte d’une famille de loups. Attendrit, cette meute le recueille. Mais le tigre vient réclamer son dû (après avoir tué les parents). Les loups refusent de laisser le petit d’homme à Sher Khan et demande au conseil des loups de prendre parti pour Mowgli. Aucun loup ne se prononce ; ce sont Baloo l’ours et Bagheera la panthère qui le sauvent des griffes du tigre en faisant en sorte qu’il soit accepté parmi les loups. De nombreuses années passent, pendant lesquelles le petit d’homme est élevé dans la jungle (et dans cette première nouvelle, rien ne nous est révélé de ces années). Mais un jour, alors que le chef de la meute des loups s’affaiblit, Sher Khan en profite pour essayer de prendre sa place en tant que chef des loups et de réclamer le petit d’homme qu’il convoite toujours depuis 12 ans. Malheureusement, le tigre avait préparé son coup depuis un moment et avait rallié de nombreux jeunes loups à sa cause. Mowgli, encore défendu par quelques-uns des siens, ne sera cependant pas offert à Sher Khan. La solution trouvée sera de bannir l’enfant et de le laisser retourner parmi les siens.

La chasse de Kaa est la seconde nouvelle du recueil. Elle ne fait pas suite à la première nouvelle, mais est comme une sorte de flash-back sur la vie de Mowgli. Pour faire court, dans cet épisode Mowgli est enlevé par une bande de singes, les Bandar-log, et ses amis Bagheera et Baloo vont tenter de le sauver. Pour se faire, ils vont demander l’aide de Kaa le serpent, seul animal de la jungle que les singes craignent. Pourquoi ? Car il a un pouvoir hypnotisant qui les figent. Mowgli s’en sortira indemne.

Dans la troisième nouvelle, « Au tigre, au tigre ! », on suit l’évolution de Mowgli parmi les hommes. Il a beaucoup de mal à s’y faire et garde des instincts animaux. Un jour, il apprend que Sher Khan le traque toujours et l’attend aux frontières du village. Mowgli étant malin, il lui tend un piège et finit par le tuer. Mais un habitant du village vole la victoire à Mowgli et fait croire aux autres habitants que c’est lui qui a tué le tigre. Mowgli ne se laisse pas faire, pète un peu un câble et part du village, pour retourner dans sa tribu de loups.

Le recueil comporte encore 4 nouvelles, mais aucune ne mentionne Mowgli. Même celle sur les éléphants, Toomai des Eléphants, où je pensais que l’on retrouverait le colonel Hati. Mais peut-être est-ce pour le second tome !

Petit bonus : les noms des personnages du Livre de la jungle sonnent très exotiques pour nous. Et pourtant, ils sont loin d’être recherchés. Quasiment tous désignent tout simplement l’animal auquel il se rapporte, dans différentes langues hindi. Quelques exemples :

  • Bagheera : tigre noir
  • Baloo : ours
  • Sher Khan : prince lion
  • Bandar-log : singe gris
  • Kaa : python
  • Hati (même si on ne le retrouve que chez Disney) : éléphant

C’est tout pour cette fois, rendez-vous dans quelque temps pour un quatrième opus !