Robert E. Mc Ginnis – Crime & Séduction

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « Robert E. Mc Ginnis – Crime et Séduction »

Réalisation de Art Scott, illustrations de Robert E. Mc Ginnis

Public conseillé : Adultes / Adolescents

Style : illustrations, affiches, peintures
Paru aux éditions « Urban Comics », le 23 octobre 2015, 29 euros
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Un illustrateur nommé Robert E. Mc Ginnis !

Vous connaissez sans aucun doute quelques-unes de ses mythiques affiches pour le cinéma hollywoodien et, notamment celles des James Bond, de Diamants sur canapé ou de Barbarella. Ou encore ses couvertures de romans (plus de 1 200) pour d’innombrables polars, de Mike Shayne, Carter Brown à Perry Mason, et tant d’autres romans d’aventure ou d’espionnage. Et pourtant, sans doute méconnaissez-vous son nom !
Cet artiste américain, né en 1926 à Cincinatti, est l’auteur d’une œuvre d’une densité incroyable, étalée sur plus de sept décennies. Essentiellement commerciale, elle est d’une diversité folle, mais l’a sans doute longtemps confiné dans le rôle d’un excellent illustrateur, que les beaux-arts ont longtemps snobé.
Aux États-Unis, il est reconnu comme l’un des illustrateurs les plus influents de la seconde moitié du XXe siècle. Il est d’ailleurs entré, en 1993, dans le Illustrator’ Hall of Fame, la reconnaissance absolue reçue de ses pairs de la Society of Illustrators.

Une vie dédiée à l’illustration

Ce très beau livre, paru en 2014 chezTitan Books, sous le titre“The Art of Robert E. Mc Ginnis”, est organisé par l’homme qui l’a dirigé, Art Scott, comme le parcours de toute une vie dédiée à l’illustration et à la peinture. On y découvre une multitude d’images associant le crime, l’aventure, et l’art de mettre en scène la femme, qu’il va totalement révolutionner, avec un sens de l’esthétique assez inoui. Oui, est c’est un maigre mot.
Car la femme est un des aspects forts de l’oeuvre de Mc Ginnis (qui refusa de succéder à Alberto Vargas dans le magazine Playboy, n’adhérant pas à l’idéal féminin affiché dans la revue !), une femme sensuelle issue de l’imagerie liée aux pulps des années 30, mais qu’il souhaitera au-delà de la vulgarité, sûre de sa beauté et affirmant un esprit toujours plus libre.

Mais l’homme excelle également dans le dessin humoristique (il en raffole dès ses débuts), la caricature, le portrait, y compris animalier, la composition de paysages, de scènes historiques… Un talent qui explose dans le dernier tiers de l’ouvrage, avec de somptueux nus, d’admirables compositions évoquant le Far-West et quelques magnifiques paysages qui renvoient à son grand modèle, Andrew Wyeth.


Les couleurs deviennent une obsession de plus en plus forte dans ce travail qu’il juge rarement achevé. Et pourtant ! Mais Robert E. Mc Ginnis est un artiste extrêmement exigeant qui est aussi extraordinairement humble et modeste. Il n’aime pas les comparaisons, se sentant indigne de ses maîtres. L’homme paraît aussi doué qu’il est simple et porté à disparaître face aux compliments. Art Scott, lui, n’hésite pas à le placer « au panthéon, aux côtés de Pyle, Wyeth, Parrish, Cornwell, Rockwell,… ».

Avec cette personnalité, qu’on découvre également au travers d’une interview, ce livre devient terriblement touchant, et fascine par l’image qu’il donne d’un artiste né au plus profond de la culture américaine et qui a su magnifier son art entre sensualité, crime et espionnage.

Il y a peu, je vous faisais part de mon coup de cœur pour le « Miles Hyman Drawings« , qui flirte aussi beaucoup avec la Noire et la représentation de la femme. Dans un autre style, avec d’autres techniques et compositions, ce “Crime & Séduction” célèbre un autre géant de l’illustration. Et mon cœur de battre à nouveau pour un livre somptueux et absolument passionnant.

Robert E. Mc Ginnis a aujourd’hui 89 ans, et continue de peindre.