Ces chroniques, parues chaque samedi entre 2002 et 2005 dans The Guardian Review, évoquent le charmant milieu littéraire, de l'édition à la librairie, de l'auteur à l'illustrateur, du critique au lecteur, non sans une certaine férocité. L'auteur passe, en effet, tout au crible, du libraire indépendant qui se débat pour survivre face à la concurrence déloyale du monstrueux médiastore, de l'écrivaillon en souffrance, qui rêve de gloire et de reconnaissance, de l'auteur imbu de sa personne, qui s'imagine être la coqueluche du public et de la presse, des séances de dédicace désertes, des cocktails pour lancer tel ou tel livre, de l'inspiration, de la page blanche, des ennemis cachés, des louanges et des propos assassins. Oui, la vie littéraire est digne d'un roman policier. C'est grinçant, c'est mordant, cela vous poignarde ci et là, ça vous flingue une réputation, un nom, un titre, un rêve, un désir. C'est assez criant de vérité, et les plus concernés en riront jaune. Posy Simmonds épingle les travers de ses semblables, torpille les clichés (la littérature jeunesse, le mythe du cottage anglais et son charme bucolique, Jane Austen confrontée à notre époque... no way !). C'est une lecture drôle, sarcastique, proposée avec un certain flegme britannique très appréciable. Une chouette découverte.
Folio BD / Novembre 2015 ♦ Trad. de l'anglais par Corinne Julve et Lili Sztajn