Chronique « Le Retour de la Bondrée »
Scénario et dessin de Aimée de Jongh,
Public conseillé : Adultes / Adolescents
Style : intimiste
Paru aux éditions « Dargaud », le 29 janvier 2016, 160 pages, 19.99 euros
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L’Histoire
En pleine campagne, Simon conduit son utilitaire. Il va récupérer des livres pour sa librairie. Au bord de la route, il s’arrête, une fois de plus, pour répondre à Lara, sa femme. Non, il ne vendra pas la librairie !
Dans la maisonnée isolée encombrée de bouquins, Simon se réfugie dans un livre d’ornithologie, sa passion de jeunesse…
Quand il sort de ses rêveries, il est en retard. Au volant de sa voiture, il doit patienter au passage du train. Sortant de la forêt, une inconnue franchit les barrières et se précipite sur la voie ferrée, bras grands ouverts…
Ce que j’en pense
“Le retour de la bondrée” fait parti des belles découvertes de ce début d’année aux éditions Dargaud. Avec “Hubert” (de Ben Gijsemans) , “L’été Diabolik” (de Smolderen & Clerisse), ou “Ce qu’il faut de terre à l’homme” (de Martin Veyron), l’éditeur parie sur des univers forts et personnels.
Aimée de Jongh est de cette veine là. Cette jeune auteure d’origine néerlandaise, a travaillé sur l’élaboration de films d’animation, puis s’est dirigé vers la bande dessinée. Avec “Le retour de la Bondrée”, elle a été récompensée par le Prix Saint-Michel de la meilleure bande dessinée néerlandophone. Ce n’est donc pas vraiment une “petite nouvelle”, mais une auteure nouvelle en francophonie.
“La Bondrée”, c’est un oiseau rare qui survit en recommençant sa vie à zéro. “C’est ce que nous ferons aussi”, dit Simon à sa compagne… C’est ce que nous faisons tous…
Cet album est d’une sensibilité à fleur de peau. Humain, simple et tellement vrai, Aimée de Jongh y raconte la “renaissance” de Simon, trentenaire en plein “naufrage”. C’est un récit intimiste et touchant, entre passé et présent, qui m’a vraiment ému.
Suite à un événement tragique (il est le témoin impuissant d’un suicide), Simon est envahi par le drame de son enfance. Entre ses souvenirs douloureux et son présent incertain, Aimée “définit” cet homme, son identité, avec pudeur et sobriété.
Le principe de cet album est proche d’une psychanalyse, mais il n’est ni moralisateur, ni pesant. Quoique dramatique, Simon va s’en sortir, avec l’aide de Regina, se débarrasser de la culpabilité et se reconstruire dans une nouvelle existence…
Au dessin, Aimé de Jongh impose un parti-pris graphique et fort. Elle dessine en noir et blanc pur jus sur de grandes cases, dans un style qui me fait penser à Chabouté. Contemplatif, amoureuse du dessin, de la nature, elle prend son temps, au long de 160 pages, pour nous emmener par la main dans ce long voyage intérieur.
C’est lent, c’est beau, c’est simple, c’est émouvant. J’aime !
Cet article fait parti de « La BD de la semaine », rassemblé chez « Noukette« , cette semaine.