Roman policier.
Exemplaire publié en 2013,
aux éditions Fleuve Noir.
509 pages.
A Copenhague, au XIXe siècle, un jeune adolescent enquête sur la mort de son père, ancien fonctionnaire du Ministère des livres chargé de la censure. Placé sous la protection de Mortimer, un détective qui restaure les livres à ses heures perdues, il est un jour contacté en secret par un membre de la Bibliothèque. Celle qui, d'après le mythe, est censée recueillir tous les ouvrages interdits par le Ministère. L'adolescent apprend non seulement que son père était membre de cette association, mais aussi que cette fameuse Bibliothèque est virtuelle.
J'avais bien aimé ma découverte de l'auteur alors j'ai voulu confirmer avec ce deuxième titre.
J'ai finalement assez peu de souvenirs de ma lecture de La librairie des ombres mais en relisant mon avis (c'est quand même vachement utile!), je me rends compte que les deux romans sont complètement différents même s'ils traitent tous les deux du sujet de la littérature.
Ici, l'ambiance du XIXème siècle est très bien décrite, l'auteur s'approprie le style des auteurs classiques sans que cela devienne trop pompeux non plus. Le rythme en est du coup un peu ralenti parfois mais dans l'ensemble, c'est une lecture agréable.
J'ai beaucoup aimé les deux personnages principaux, notamment Mortimer Welles : un homme atypique et très intéressant à découvrir. Certains passages font penser à Sherlock Holmes et ses déductions improbables (c'est d'ailleurs comme cela que l'on découvre le personnage au début du roman).
Le narrateur, dont on ne connaîtra le nom qu'à la dernière ligne, là où il prendra tout son sens (et ça ne sert à rien de vouloir se spoiler puisqu'il faudra avancer dans la lecture pour découvrir pourquoi je dis ça!) est également bien travaillé. C'est un adolescent mais né à une époque où les conditions de vie sont dures, du coup il est déjà assez mature.
Les deux personnages féminins que l'on va découvrir sont aussi attachants même si je déplore un peu le fait qu'elles passent au second plan la plupart du temps... Elles ont une place importante dans l'intrigue mais se révèlent un peu trop tard à mon goût.
L'intrigue m'a vraiment plu malgré quelques longueurs, notamment au début. Une fois l'enquête mise en place, le récit devient captivant et les descriptions paraissent moins longues. La mythologie autour de la Bibliothèque est plutôt originale et la mise en place de cette Institution mêle au roman une touche de fantastique sans que cela ne devienne invraisemblable.
Au delà de cette fiction, Mikkel Birkegaard nous permet de revenir sur la question épineuse de la censure dans la littérature : quelqu'un a-t-il le droit de décider ce que le Peuple peut lire et ne pas lire ? Sous quelles conditions ? Le savoir peut-il vraiment être accessible pour tous ? Une certaine notion d'élite n'est-elle pas finalement inévitable ?
Toutes ces questions m'ont vraiment intéressé et c'est le point principal à retenir de ce roman si on veut approfondir un peu notre lecture.
Le dénouement est une bonne surprise, peut-être un peu trop vite expédié par rapport à certains passages précédents qui auraient pu être raccourcis. Le final n'est pas abrupte puisque le dernier chapitre nous montre l'évolution des personnages et de la Bibliothèque et permet de refermer le roman et de revenir à la vie réelle tout doucement.
En bref, Mikkel Birkegaard reste dans son élément de prédilection : la littérature et les livres. Le style classique peut sembler un peu longuet au départ mais l'ambiance colle parfaitement à l'enquête par la suite. Le personnage de Mortimer apporte un vrai plus.
Ce roman a été lu à l'occasion d'une lecture commune organisée sur Livraddict.
Il me permet de participer au challenge gourmand, le vin : «Après le dîner, vous vous rendez dans la bibliothèque pour y déguster du tabac, du cognac et, dans votre cas, du vin.»
Du même auteur, sur le blog :
Pour aller plus loin : La bibliographie de l'auteur