Funny Girl, Nick Hornby

Par Sara
Voilà ce qu'on appelle un titre aguicheur : Funny Girl.
De quoi créer des attentes.
Allons donc voir si Nick a bel et bien le sens de l'humour.

Le synopsis
Quelques heures seulement après avoir été élue Miss Blackpool, Barbara rend sa couronne, et, dans les semaines qui suivent, elle quitte Blackpool pour partir tenter sa chance à Londres.
Car Barbara est ambitieuse, et rêve de faire rire un public, à la manière de Lucie Ball.
Elle rencontre un agent qui lui dégote des auditions, mais son style n'est jamais apprécié à sa juste valeur. Jusqu'au jour où elle rencontre une équipe de choc, pour un casting où l'on recherche l'opposé de ce qu'elle représente. Avec l'esprit qui la caractérise, elle parvient à les convaincre de réécrire le script et de lui donner le rôle titre, alors même qu'elle débute et qu'elle doit encore se faire un nom.
C'est le début du feuilleton Barbara (et Jim), et de l'aventure déterminante de sa vie.
Mon avisDélicieux!
L'histoire est telle que j'ai pensé un moment qu'elle était tout à fait réaliste, et que Sophie Straw était un nom que j'aurais dû croiser si j'avais vécu dans les années 1960 (ou si j'avais eu des cours d'histoire. Je crois que j'en ai eus, d'ailleurs, maintenant que j'y pense).
Mais internet me remet les idées en place: en dépit du cadre tout à fait réel et de certains intervenants qui le sont tout autant, Sophie Straw reste un personnage imaginaire. Il faut dire que Nick est allé jusqu'à nous alimenter de courtes notices bibliographiques de ses protagonistes fictifs, ce qui revient à pousser loin le vice et à semer le trouble!
Reprenons.
Sophie (alias Barbara, et Barbara alias Sophie, c'est ce qu'il y a de fantastique dans cette histoire) est quand même marrante, et Nick nous le prouve par ses traits d'esprit et en décrivant l'hilarité qu'elle déclenche chez des foules d'anonymes.
Mais au-delà de l'humour de Sophie, il y a surtout l'humour de Nick, il faut le dire.
La description de l'élection initiale de Miss Blackpool donne le ton, qui irrigue tout le reste du récit. Le second degré est présent à chaque scène, il y a du pince sans-rire, du léger, du comique de situation, je pourrais presque dire qu'il y en a pour tous les goûts.
C'est à mon sens l'intérêt premier de ce roman, et ce qui constitue son meilleur atout.
En revanche, ce n'est pas le seul : cette plongée dans le monde de la télévision à partir des années 1960 est prétexte à nous immerger dans une période particulière, il est question des Beatles et de tout ce qui a pu marquer ce temps-là, c'est pimpant et à la fois parfois plein de contradictions, à cet égard, c'est passionnant.
En dépit des déboires attendus des uns et des autres, on garde toujours le moral en lisant, Funny Girl n'est pas comme regarder un film français : vous n'en ressortez pas déprimé, vous le refermez au contraire avec une jovialité nouvelle, et le plaisir d'avoir passé un bon moment de lecture.
Alors, évidemment, on ne refait pas le monde, on ne se pose pas de questions existentielles en compagnie de la fascinante Sophie Straw, mais l'on s'amuse beaucoup, on (re)découvre l'entertainment des années 1960, les coulisses de la BBC et, au passage, les évolutions de la vision du couple dans la société.
Pari réussi, Nick !
Pour vous si...
  • Vous êtes grand fan du style coupé léger / décalé 
  • Contrairement à Michel, vous savez que les femmes peuvent être drôles (parfois) (et pas toutes) (malgré cette restriction, vous êtes tout de même plus ouvert que Michel, si c'est pas la panacée...)

Morceaux choisis
"C'était la première fois qu'elle pleurait en maillot de bain - du moins depuis qu'elle avait atteint l'âge adulte."
"Maurice était égal à lui-même en privé comme en public. Il ne sortait jamais sans maquillage, ni sans ce sourire sincère et carnassier qui clignotait à tout-va comme un phare de voiture défectueux.
_Je suis certaine que vous êtes bien plus que ça.
_Non, pas vraiment, je suis sans surprise. Et fier de l'être.
Sophie fut tentée de le remercier de ses invitations en lui conseillant de ne jamais répéter cela, à aucune femme, à moins qu'il ne cherche, pour une raison ou une autre, à pousser sa cavalière du soir au suicide."
"_Mon métier, c'est écrire. La vie est censée passer à côté de moi pendant que je l'observe."
Note finale3/5(cool)