Colm Toibin.
Editions 10-18.
336 pages.
Résumé:
Enniscorthy, sud-est de l'Irlande, années 50. Comme de nombreux jeunes de sa génération, Eilis Lacey, diplôme de comptabilité en poche, ne parvient pas à trouver de travail.
Par l'entremise d'un prêtre, sa soeur Rose obtient pour elle un emploi aux Etats-Unis. En poussant sa jeune soeur à partir, Rose se sacrifie: elle sera seule désormais pour s'occuper de leur mère veuve et aura peu de chance de se marier. Terrorisée à l'idée de quitter le cocon familial, mais contrainte de se plier à la décision de Rose, Eilis quitte l'Irlande. A Brooklyn, elle loue une chambre dans une pension de famille irlandaise et commence son existence américaine sous la surveillance insistante de la logeuse et des autres locataires. Au début, le mal du pays la submerge, la laissant triste et solitaire. Puis, peu à peu, elle s'attache à la nouveauté de son existence. A son travail de vendeuse dans un grand magasin où les premières clientes noires font une apparition timide qui scandalise les âmes bien pensantes, sauf Eilis, qui, dans sa petite ville d'origine, n'a jamais connu le racisme. Au bal du vendredi à la paroisse du quartier. Aux cours du soir grâce auxquels elle se perfectionne en comptabilité. Dans ce rythme entre monotonie rassurante et nouveautés excitantes, Eilis trouve une sorte de liberté assez proche du bonheur.Mon avis:
Je n'avais jamais entendu parler de ce livre, que j'ai découvert par hasard sur une étagère en librairie parmi d'autres et je dois dire que sa couverture et son titre m'ont tout de suite attiré. Complètement amoureuse des Etats-Unis depuis toute petite et plus particulièrement de New-York, mais aussi de tout ce qui se rapporte au vintage, livres, films, photographies, vêtements, objets.... autant vous dire que je ne pouvais pas passer à côté de Brooklyn. Je n'ai donc pas pu résister à l'envie de le lire tout de suite, d'autant plus que l'adaptation cinématographique sort en France en mars 2016. Je remercie d'ailleurs beaucoup Fiona du blog Pretty Books pour m' en avoir informé et pour m'avoir fait découvrir la bande annonce.
Je suis tellement contente d'avoir suivie mon intuition, car ce roman m'a permis de m'évader complètement. Vous ne le savez peut-être pas, mais mon plus grand rêve est d'aller vivre un jour aux Etats-Unis. Je me disais ainsi, tout au long de ma lecture, que cela pourrait être moi, que je pourrais me trouver à la place d'Eilis moi aussi. C'est un pas que je n'ai malheureusement pas encore eu le courage de franchir, à cause notamment de la complexité d'obtention d'un visa, mais surtout par peur de l'inconnu. Tout quitter, sa famille, ses amis et s'adapter aux modes de vie d'un nouveau pays, doit être dur à gérer
. Et c'est ce dont va être confrontée Eilis. D'autant plus qu'elle, ne quitte pas son pays par choix, mais par nécessité, afin de pouvoir avoir une vie meilleure. Brooklyn est un roman qui m'a touché dans le sens où, que l'on veuille s'expatrier ou non, on ne peut que comprendre son choix. Dans un pays comme la France où de nos jours les jeunes ont des difficultés à trouver un emploi, on peut facilement comprendre qu'elle ait saisi l'opportunité qui s'offre à elle de trouver du travail, même si pour cela, elle doit tout quitter et commencer une nouvelle vie ailleurs.Eilis qui est une jeune femme timide, ne va pas facilement vers les autres, elle ne sort pas beaucoup au début et reste concentrée sur son travail de vendeuse dans un grand magasin de vêtements pour femmes à Brooklyn.
Elle a du mal au début à s'intégrer, elle se sent souvent seule, perdue et souffre de ce que l'on appelle le mal du pays. Pour une fille venant d'un petit village de campagne, cette grande ville lui semble effrayante. C'est un personnage que j'ai beaucoup aimé. A la fois douce et fragile, elle évolue énormément au fil des pages, pour devenir une jeune femme forte et indépendante, sûre de ses convictions, même si ce n'est pas toujours le cas dans les décisions qu'elle a à prendre.Heureusement, elle va vaincre petit à petit ses peurs et commencer à sortir dans les bals de quartier avec ses colocataires, où elle fait la rencontre un soir d'un jeune italien du nom de Tony. Ce dernier, sous le charme d'Eilis, lui fait découvrir des endroits magiques et arrive à la faire rire, ce qui atténue un temps soit peu son chagrin.Pourtant, alors qu'elle semble peu à peu s'adapter, elle apprend soudainement une nouvelle qui la contraint à retourner en Irlande. Tiraillée entre d'un côté la joie de retrouver sa vie d'avant, ses lieux connus et sécurisants et de l'autre son envie de rester auprès de Tony, dans un pays qu'elle a appris à aimer, elle va devoir pourtant faire un choix. Même si j'avais deviné l’événement qui pousse Eilis à rentrer en Irlande, c'est un roman qui nous tient en haleine jusqu'à la fin, car on ne sait pas finalement quelle vie elle va choisir.
Outre le fait que ce livre aborde les difficultés d’adaptation dans un pays étranger, il met également en évidence des thèmes importants, comme la place de la femme dans les années cinquante. En effet à l'époque, les femmes, une fois mariées, devaient rester au foyer pour s'occuper de la maison et des enfants. Eilis, elle, veut se marier certes, mais veut également avoir une carrière professionnelle. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle est venue en Amérique. Il met en avant également la montée du racisme envers les noirs, que l'on commençait à regarder de travers dans la rue et qui n'étaient pas acceptés partout.
Pour finir, l'ambiance vintage qui s'en dégage est extraordinaire.Moi qui aime tellement ces années là, j'ai été comblée. Je m'imaginais parfaitement la décoration de la maison où vit Eilis, les rues animées avec les voitures, les enseignes, l
es bals et les fêtes foraines de l'époque. Le fait d'avoir vu la bande annonce rendait encore plus réel l'histoire et ses personnages.Pour conclure:
Je ne peux que vous recommander de lire ce livre si comme moi vous aimez les romans dramatiques d'époque. J'ai adoré voyager avec Eilis, la suivre de sa traversée en bateau jusqu’à son arrivée au pays de l'oncle Sam, que je rêve un jour de découvrir à mon tour. Un roman touchant, qui nous montre les difficultés que l'on peut rencontrer lorsque l'on est déraciné de son pays natal. Il met également en avant les opportunités qu'offrait l'Amérique dans les années cinquante, qui était un peu l'eldorado, une terre promise pour des milliers d’immigrés venus réaliser leur rêve américain.Ce livre s'est terminé trop rapidement à mon goût et j'irai bien entendu voir le film à sa sortie pour retrouver, je l'espère avec le même plaisir, cette belle histoire.
Ma note: 20/20. Un coup de coeur!