Nina, mère célibataire, vient de perdre son père, Teddy, à qui elle était profondément attachée, même s'il fut souvent absent dans son enfance. Pianiste de jazz réputé, il devait en effet souvent la laisser à la garde de ses grands-parents lorsqu'il prenait la route. Aujourd'hui, alors qu'elle se rend chez le notaire pour la lecture du testament, sous un ciel aussi triste qu'elle, Nina suffoque face à cette perte. Première surprise, elle découvre que le notaire de son père, Antoine, était également son ami, après avoir été son élève.
Vient donc la lecture du testament, dans lequel Teddy établit une longue liste de ses quelques possessions et surtout des souvenirs qu'il rattache à chaque objet. Aux côtés de Nina, on ne peut s'empêcher de sourire et d'espérer qu'on arrivera à créer, un jour, ce genre de cocon fait de petits riens qui comptent beaucoup. Des disques, des livres, des meubles qui racontent une histoire, une famille, des liens. Des objets dont on se demande bien ce que l'on pourra en faire, mais que l'on garde quand même parce qu'ils nous rappellent quelqu'un. Quel délice que ces quelques pages où s'emmêlent les souvenirs... Mais, seconde surprise, Teddy a accompagné son testament d'un dvd, qui bouleverse totalement la vie et les certitudes de Nina.
Francis Dannemark, qu'il soit seul ou accompagné de Véronique Biefnot, m'offre toujours des lectures-bonbons, des moments de douceur. De ceux qui font oublier, le temps d'un instant précieux, les infos, la météo ou les mauvaises nouvelles. De ceux qui donnent envie de se dire que le chaos attendra bien demain pour que l'on se rappelle de son existence et qu'en attendant on va simplement profiter un peu avec nos proches. Il y a, dans ce roman comme dans La route des coquelicots ou Histoire d'Alice, de la douceur, de la bienveillance, de la tendresse et une absence absolue de méchanceté qui fait un bien fou. Pas que tout soit rose, non : nul n'est dépourvu de défauts et la vie est loin d'être facile, mais ce sont justement les affres du quotidien et nul n'est besoin d'en rajouter avec des personnages détestables. On se prend, comme dans la vraie vie, à s'attendrir devant l'un ou à aimer les défauts de l'autre. On se prend, surtout, à sourire de leurs pensées, de leurs échanges, et à être heureux pour eux et avec eux. On a envie d'écouter de la musique en savourant les jolies illustrations dont Véronique Biefnot parsème l'ouvrage, et qui sont totalement dans le ton de celui-ci. On ralentit un peu, pour ne pas le terminer trop vite. Et je ne vous en dirai pas plus, pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte.
Vous l'aurez compris, j'ai aimé et savouré ces quelques heures passées en compagnie de Nina, Antoine, Teddy, ainsi que des personnages secondaires (ah... Kathy dans sa cuisine... elle m'a donné faim). Tout comme dans leur précédent roman, tout coule parfaitement, dans une harmonie parfaite : inutile de chercher à savoir qui a écrit quoi, vous n'y trouverez pas deux écritures différentes mais une seule plume.
Kyrielle blues paraîtra le 11 février au Castor Astral. D'ici là, assurez-vous d'avoir en réserve du thé, du chocolat ou quoi que ce soit qui vous permettra de vous enfoncer dans un peu de douceur. Sur leur site, vous trouverez notamment quelques-unes des illustrations de Véronique Biefnot. Et tous deux vous attendent lors de la Foire du livre de Bruxelles, le vendredi soir et le dimanche après-midi (n'oubliez pas de vous inscrire sur le site de la Foire, l'entrée est gratuite, cette année!).
Merci à vous deux pour cet envoi qui a fait mouche en ces temps moroses !