Éditeur : GRASSET
Parution : 1954
Nombre de pages : 318
Genre : littérature française
L'auteur :
Hervé Bazin, écrivain et poète né en 1911 à Angers, est décédé d'un accident vasculaire cérébral en 1996. L'auteur se maria à quatre reprises et eut sept enfants, dont le dernier à l'âge vénérable de soixante-quinze ans. Il connu une enfance difficile, rencontrant de nombreux conflits avec une mère très autoritaire. Cet épisode douloureux de sa vie donnera naissance à un très beau roman : "Vipère au poing". Roman pour lequel il ne pourra malheureusement pas obtenir le Prix Goncourt, l'écrivaine Colette refusant de lui donner sa voix en déclamant : "La fille de Sido ne peut pas donner sa voix au fils de Folcoche" . Auteur de nombreux romans, ce dernier prendra sa revanche en devenant le Président de l'Académie Goncourt en 1973, un poste qu'il occupera jusqu'à sa mort. C'est ce dernier qui sera d'ailleurs à l'origine du "Prix Goncourt des Lycéens".
Quatrième de couverture :
" Toujours plus vive, la lueur tourne à l'orange, son centre devient éblouissant et, soudain, fuse, monte en torche, livre au vent de longs effilés rougeoyants... Le feu! Plus de doute. C'est le feu. La silhouette balance et frémit. Mais l'homme se redresse aussitôt, se carre sur ce plan de ciel embrasé, dans une espèce de gigue... on dirait qu'il brûle lui-même avec joie, ou, mieux, que la flamme se dégage de lui, qu'il la souffle, poitrine pressée à pleins bras. "
Portrait d'un incendiaire, L'Huile sur le feu est un des romans les plus beaux et les plus émouvants du grand écrivain Hervé Bazin.
Mon avis :
"Allez donc dormir quand votre père se distingue dans les flammes ! Je me jetai dans la rue, dans la foule".
Années 1950 : Action ! Le village de Saint-Leup du Craonnais est la proie d'incendies volontaires répétés. L'incendiaire profitant des moments de liesse et d'accalmie que sont les mariages pour pouvoir agir en toute tranquillité. Les feux se multiplient, et Bernard "Tête-de-drap", le Capitaine des pompiers, a bien du mal à éteindre la fureur des habitants du village et des fermiers dont les toits et le bétail sont menacés par les flammes de l'enfer.
Céline, la narratrice et fille d'Eva et de Bernard Colu (alias "Tête de drap"), raconte la fièvre qui embrase le village, avec l'innocence de ses seize ans. Une innocence qui va petit à petit partir en fumée, quand elle se trouvera confrontée à la réalité de l'Homme et des bassesses dont il peut se rendre coupable. Coupable la mère ? Une mère qui ne peut marcher que deux mètres devant son homme, un mutilé de guerre. Un homme qu'elle a épousé fort et beau. Un homme que la guerre lui a rendu monstrueux par son apparence, et qu'elle traite pire qu'un animal où un paria. Coupable le Père ? Un père qui fait profil bas et refuse la séparation avec cette femme qui ne le supporte plus tant sa difformité lui fait horreur. Un père qui préfèreaffronter les conflits au quotidien, plutôt que rendre la liberté à cette femme qui pourrait l'empêcher de voir sa fille qu'il aime plus que tout.Coupable la fille ? Une fille qui ne peut pas plus renoncer à l'amour de sa mère qu'à celui de son père, et qui dit : "Ici, moi, je suis la seccotine qui, désespérément, cherche à tout recoller, même l'enfer." Le feu va bientôt gagner toute la population du village de de Saint-Leup du Craonnais. Un feu qui va consumer le ménage Colu et les villageois dans un même brasier... Hervé Bazin, qui fut père de sept enfants, est considéré comme un "romancier de la famille". "L"huile sur le feu" ne déroge pas à la règle. Avec les méfaits d'un vilain pyromane en toile de fond, l'auteur nous raconte les difficultés familiales d'un couple au bord de la rupture, nous renvoyant à une époque où le divorce était socialement inacceptable. Ce roman de mœurs nous plonge dans un passé où la mondialisation, l'économie de marché et l'omnipotence d'internet faisaient figure de science-fiction. Une époque où l'homme avait peu de contacts humains en dehors de son village, et où (hormis le curé), son environnement reposait essentiellement sur quatre membres indissolubles dont l'importance décroissante était la suivante : le châtelain, le notaire, le vétérinaire et le médecin... Roman sorti de la bibliothèque d'une de mes aïeules et longtemps conservé dans la naphtaline, voilà un ouvrage que j'ai savouré de ses prémices à sa fin ultime. Une lecture appréciée tout autant pour sa trame que pour la richesse des mots et des expressions d'époque employées...Voilà un vieux bouquin qui m'a ouvert l'appétit. Dorénavant, vous retrouverez sur ce blog quelques lectures sorties du grenier. Lectures qui viendront se mêler aux nouveautés !
Viva la diversité !