Éditeur : Belfond - Date de parution : 2012 - 60 pages
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Cette très belle édition illustrée nous livre deux nouvelles de Haruki Murakami, un de mes auteurs japonais fétiches : L'attaque de la boulangerie, suivie de La seconde attaque de la boulangerie. La première nouvelle a été publiée dans une revue japonaise et la seconde, nous pouvons la retrouver dans le recueil L'Éléphant s'évapore.
Dans chacun des récits, les personnages ont faim. Mais cette faim n'est pas ordinaire. C'est une faim obsédante, entêtante, qui fait ressentir un vide immense en soi. Dans la première nouvelle, un homme et son acolyte poussés par cette faim quasiment surréaliste, décident de braquer une boulangerie. Mais cet insolite braquage ne va pas se passer du tout comme prévu... Dix ans plus tard, dans la seconde nouvelle, l'homme ressent à nouveau cette faim dévorante, avec sa femme ... Il se met à lui raconter ce qu'il s'est passé ce jour-là.
Ayant lu L'Éléphant s'évapore, je connaissais donc déjà la seconde nouvelle. Mais c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai lu ce mince recueil. Les illustrations de Kat Menschik, mêlant l'or au vert, l'ombre à la lumière, sont sublimes. On retrouve le charme de l'écriture de Murakami, cette petite musique si plaisante. L'incongruité et la poésie de ces situations fantasques semblent dénoncer une société de consommation, où la faim symboliserait ce désir de consommation, de nouveauté, incontrôlable. L'écriture est aussi malicieuse, l'humour s'y glisse avec finesse.
" Cet étrange sentiment de manque - la sensation que le vide existait réellement - ressemblait à la peur paralysante que l'on peut ressentir en se penchant du sommet d'une haute tour. Découvrir des points communs entre la faim et le vertige était pour moi une expérience nouvelle. "
" Je n'avais pas la moindre idée de la raison pour laquelle ma femme avait un pistolet en sa possession, je ne savais pas davantage pourquoi elle avait des cagoules de ski. Ni elle ni moi ne pratiquions ce sport. Mais elle ne me donna pas d'explication et, de mon côté, je ne lui posai pas de questions. Je me fis simplement la réflexion que la vie conjugale était un phénomène bien étrange. "