Doomsday n'est pas un personnage comme les autres, puisque cette force de la nature extra-terrestre est parvenue à terrasser Superman. Une mort surprenante, des mains de cet ennemi ultra redoutable, qui est devenu de la sorte la menace ultime, capable d'instiller la peur chez l'Homme d'Acier, de le faire trembler et douter. Avec l'arrivée des New 52, tout ceci a été modifié, mais globalement la base est restée peu ou prou la même. Doomsday est un produit kryptonien, le résultat de folles expériences génétiques. C'est un monstre surpuissant qui n'a qu'un seul but dans l'existence, à savoir annihiler toute vie qu'il croise sur son chemin vers l'anéantissement complet. Confiné dans la zone fantôme, il est pourtant parvenu à en sortir, et voici ce fléau lâché sur notre planète. Dès ses premiers pas sur une île du Pacifique, tout est calciné, détruit, pulvérisé. Doomsday n'est pas qu'une colossale bête dotée d'une force inimaginable, c'est aussi une sorte de virus sur pieds, et rien sur Terre ne peut s'y opposer. Rien, ou presque, car Superman n'écoute que son courage, et se jette dans la bataille. Voici donc enfin, dans l'univers Dc rebooté récemment, le moment où les deux antagonistes se tapent dessus. Cette fois Superman ne va pas mourir, et l'affrontement dantesque est aussi l'occasion pour le héros de compter sur sa nouvelle compagne, Wonder Woman, qui est à ses cotés lorsqu'il s'agit de faire étalage de force et de détermination. Oubliez le choc du passé, dans notre présent Superman parvient à pulvériser Doomsday dès le départ, on le voit d'ailleurs littéralement déchirer en deux son adversaire, dans un accès de rage. Un épisode plus expéditif que prévu, narré par Scott Lobdell, Greg Pack, et Charles Soule (Doomed #1) et dessiné avec brio (des planches très spectaculaires) par un Ken Lashley qui est un choix logique quand il faut mettre en scène un cataclysme de la sorte. Cela dit, vous l'aurez compris, l'album en librairie est un petit pavé, et l'histoire ne peut s'arrêter ainsi... Avant de mourir Doomsday a relâché une sorte de toxine malveillante et Superman a du, pour contrecarrer la menace, utiliser son super souffle pour en aspirer la totalité. Au contact de son organisme, celle-ci va avoir de bien curieux effets, sur le physique et le caractère du kryptonien. Vous avez dit "Superman méchant" ? Si Doomsday n'a pas eu raison de Superman grâce à la force brute, la toxine opère de bien étranges changements. Pour résumer la situation en une phrase laconique, voilà que Superman devient Doomsday. Sur son corps apparaissent des excroissances osseuses qui en font un monstre. Dans l'esprit c'est encore pire. Une rage folle le pousse à commettre des atrocités, et il est de plus en plus difficile pour lui de garder un semblent de contrôle sur ses actes et décisions. Wonder Woman est une alliée précieuse car elle fait tout ce qu'elle peut pour aider l'homme dans le costume. Clark Kent est un parangon de bonté et de volonté, aussi est-elle persuadée qu'elle peut aider son amant à maîtriser cette menace insidieuse. Mais c'est pratiquement une illusion, car plus Superman lutte, plus il sent dans un recoin de l'esprit que Doomsday et lui finiront par ne faire qu'un. La catastrophe se produit lorsqu'une fine poussière radioactive, issue de fragments de kryptonite, est relâchée dans l'atmosphère terrestre. Elle parasite les pouvoirs de ceux qui viennent de Krypton, et sur Superman l'effet est immédiat : il ne parvient plus à dominer la bête, et le seul recours qui lui reste est de filer droit dans l'espace et abandonner la Terre, sur laquelle il ne peut plus vivre désormais autrement que sous la forme d'une créature sanguinaire et avide de massacre, comme le Doomsday qu'il a combattu. La saga finit tout de même par traîner un peu en longueur, il faut bien l'admettre, et pour ma part j'aurais préféré que le vrai Doomsday subsiste plus longtemps et que le combat mano a mano soit plus dramatique. Je vous laisse toutefois aller jusqu'au bout du récit pour vous faire une opinion concernant l'épilogue. Globalement on pointera du doigt le niveau fort plaisant des dessinateurs, avec entre autres Aaron Kuder, qui fait un boulot remarquable avec le personnage, et Tony Daniel, un des maîtres du comics réaliste, même si ses planches sont un poil figées. Doomed est une excellente idée pour ceux qui aiment les confrontations bourrins, les Bd où le cataclysme semble toujours sur le point d'exploser, où le désespoir guette devant l'anéantissement final. Explosif, violent, spectaculaire, pas philosophique pour un sou, mais certainement calibré pour atteindre sa cible et ne plus la lâcher. A noter que tous les épisodes présents ici ont bien sur été publié précédemment dans Superman Saga, au premier trimestre 2015.