C'est tout le run de Duggan et Posehn qui s'illumine de la sorte, et se révèle pour ce qu'il est vraiment. Non pas une énième blague potache avec des références pop et des blagues sous la ceinture, mais une oeuvre beaucoup plus sensible, où Deadpool n'apparaît plus comme ce mercenaire cinglé qui n'en fait qu'à ses têtes, et devient une victime tragique et pathétique, dont les sentiments affleurent de manière si évidente qu'il ne parvient plus à les dissimuler. Nous allons donc revenir en détail sur les tortures subies durant son traitement du cancer, qui s'est transformé en expériences tordues et illégales. Un parallèle fort intéressant est tracé avec ce qui est arrivé à Wolverine (dans la saga Weapon X de Windsor Smith), et notamment la peur à combattre quand l'individu renoue avec la liberté (chacun gère cela à sa façon, qui par la violence animale, qui par l'humour et l'absurde, voire la folie). Les auteurs offrent aussi une descendance au héros, ce qui permet clairement de voir poindre l'homme derrière le personnage. De plus, cette fille présumée qui est insérée dans un contexte des plus tragiques, accentue davantage la fragilité de Deadpool, qui par la grâce de ces épisodes a la possibilité formidable de devenir quelqu'un d'autre, tout en gardant bien entendu les caractéristiques qui font du personnage un des chouchous des lecteurs. Deadpool peut enfin être Wade Wilson, en se débarrassant d'une épreuve, d'une menace permanente dont nous ignorions tout mais que les auteurs sont parvenus à rendre crédible en quelques mois, et par la grâce de moments forts en émotions (qui eut pensé écrire ce genre de choses sur cette série?) qui nous prouve qu'il est toujours possible, avec de bonnes idées et un talent inné pour la narration, de surprendre le lecteur et de lui mitonner l'impensable, pour son plus grand bien. A peine s'il me reste la place pour ajouter que le dessin de Declan Shalvey, ici dans un style plus conventionnel que celui adopté dans Moon Knight, permet une lisibilité agréable de l'ensemble, que je vous recommande chaudement. ce que j'ai lu de mieux au sujet de Deadpool depuis... la création de Deadpool. Promis juré.
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L'auteur de l'article : universcomics
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Deadpool n'a jamais été un modèle de stabilité psychologique mais c'est encore pire depuis qu'il abrite dans son esprit celui de l'ancien agent du SHIELD Émilie Preston. Celle-ci est morte dans le tome 1 de la série actuelle et depuis c'est le mercenaire le plus bavard de la planète qui héberge ce qui reste d'elle. Conséquences imprévues de cette cohabitation, Deadpool s'est rendu compte qu'il est est régulièrement kidnappé et anesthésié par une mystérieuse organisation, qui en profite pour lui prélever des organes. Bien entendu il se doute que son facteur auto guérisseur a quelque chose à voir dans cette affaire des plus sordides... Ce tome 3 joue sur plusieurs niveaux et se relève très intelligent; il démarre avec un récit situé dans les années 70 où Deadpool fait équipe avec les héros à louer de l'époque, à savoir Iron Fist et Luke Cage (version tiare sur le front). L'épisode est intégralement écrit et dessiné dans le style de l'époque, c'est-à-dire avec un vocabulaire, des tics de narration et un look graphique totalement convaincant, comme si vous y étiez à nouveau. Le méchant de l'histoire s'appelle L'Homme blanc, doté d'une sorte de pistolet capable de pétrifier les victimes. Il s'en prend à une commerçante dont la fille particulièrement avenante et séduisante fais tourner la tête de Wade Wilson. A l'issue d'un combat aussi rocambolesque que délirant l'homme blanc est à son tour pétrifié, et il va passer plusieurs décennies dans cet état immobile jusqu'à ce que malencontreusement il soit réveillé à notre époque. Cette parenthèse faussement tirée des seventies débouche donc ensuite sur une aventure totalement contemporaine dont les origines ont été inventées de toutes pièces et ont des conséquences directes sur l'avenir proche du personnage. si l'Homme blanc fini par être neutralisé Deadpool en apprend plus sur les ennemis qui l'utilisent comme un cobaye chargé de pièces de rechange; à partir de là l'humour se crispe et l'aventure devient plus tragique qu'à l'accoutumée.