Murielle Magellan est un écrivain, scénariste, dramaturge et metteur en scène née à Limoges en 1967 et ayant grandi à Montauban. Après une formation de chanson (Studio des Variétés), de comédienne (École du théâtre national de Chaillot), et universitaire (maîtrise de Littérature moderne), Murielle Magellan s'est consacrée à l'écriture sous ses diverses formes, et à la mise en scène de spectacle vivant. Son nouveau roman, Les Indociles, vient tout juste de paraître.
Olympe, 37 ans et galeriste en vue à Paris comme à New York, est une femme libre de toute attache, à la sexualité conquérante - « Rien n’est plus simple que la sexualité dans la vie d’Olympe, désirer, être désirée, le dire, le faire » - hommes ou femmes se partagent ses faveurs. Sa vie débordante d’activité et parfaitement réglée va être ébranlée, à titre divers, par trois acteurs : le peintre Solal, un vieux septuagénaire juif complètement inconnu dont elle va promouvoir les œuvres, Khalia sa jeune assistante d’origine gitane et surtout Paul, un scientifique marié, à la vie bien tranquille, avec lequel elle vivra une courte love story qui les dépassera tous les deux.
Le roman est mené à un train d’enfer, écriture énergique, phrases courtes, le lecteur n’a pas vraiment le temps de se poser de questions, embarqué sans déplaisir dans cette aventure, jamais graveleuse je tiens à le préciser. De courtes digressions enrichissent le texte de réflexions bien vues, par exemple sur le vin, la différence entre textos et courriels et bien évidemment sur le monde de l’art et de la peinture en particulier, « Elle n’expose pas seulement une œuvre elle expose un homme qui a fait une œuvre ». Tout nous invite à penser que c’est un excellent roman jusqu’à la page cent-cinquante, en gros, un tournant dans l’intrigue mais aussi un essoufflement dans la narration. Les portraits des acteurs susmentionnés font l’objet de longues lignes un peu lourdes, comme plaquées ou insérées de force dans le récit. Et puis cette femme, Dom Juan en jupons (ou string affriolant plutôt) qui tombe amoureuse de ce Paul qui est tout son contraire, fidèle par amour pour sa femme, peut bien réactualiser la mythologie casanovesque, le lecteur doit faire un effort pour se laisser convaincre.
Du coup, la seconde partie du roman souffre des qualités de son début : le lecteur doit s’impliquer pour adhérer à l’histoire, alors que jusqu’alors il se laisser porter par le rythme comme un bienheureux ; et ce rythme agressif qui était un atout jusqu’ici, perd de sa pertinence – à mon sens - car il s’accorde mal maintenant aux tourments psychologiques par lesquels tous, Olympe, Paul et Solal vont passer, chacun pour leurs raisons, ôtant toute chaleur à la fin dramatique.
Le roman n’est pas mauvais, loin de là, mais il est moins bon que ce que laissait entrevoir son entame. Reste le débat qu’il ouvre, entre un homme et une femme, peut-il n’y avoir que des relations amicales ?
« Il se sentait libre avec Emmanuelle, sa vie de famille, ses enfants. Il se sentait libre et un papillon de nuit est venu exécuter une danse ensorceleuse sous ses fenêtres. Il l’a suivi, et désormais, aux côtés de cette femme sans entraves, sans responsabilité familiale, sans certitude, il se sent prisonnier, mais traversé par une intensité de vie qu’il avait oubliée. La Prisonnière ne lui est jamais autant apparue comme un portrait prophétique de lui-même, et il éprouve à la fois une blessure et un émerveillement. »
Murielle Magellan Les Indociles Julliard - 230 pages -