Hector et les Pétrifieurs de temps, de Danny Wallace

Par Clarabel

Hector Obel a 10 ans et vit à Starkley, décrite comme étant la quatrième ville la plus ennuyeuse d'Angleterre, car il ne se passe jamais rien de palpitant. Jusqu'au jour où Hector, en train de se morfondre en classe, surprend son professeur et ses camarades figés sur place. Comme si le temps s'était arrêté net. Tout rentre finalement dans l'ordre au bout de quelques minutes. Le garçon n'a pas l'éternité devant lui, pour y réfléchir, que la situation se répète déjà, mais cette fois il a décidé de chronométrer la durée de la Pause. Sept minutes et sept secondes. Au lieu de se retourner le cerveau, Hector choisit de tirer profit de la situation et va s'amuser à parcourir la ville avec une Vespa flambant neuve, se venger de ses tortionnaires ou se rendre dans la boutique de bonbons pour faire des emplettes. La propriétaire, Mme Cou Cous, lui en a interdit l'accès sur un coup de tête. Hector a d'ailleurs remarqué que plusieurs adultes de Starkley se comportaient de façon très étrange, de plus en plus mauvaise et méchante. Est-ce que cela aurait un lien avec les Pauses ? Et puis, au bout de 100 pages, l'étau se resserre quand le garçon surprend des créatures affreuses, les Terribles, se faufiler dans la ville pour kidnapper ses habitants pétrifiés... L'heure est grave. L'histoire n'est plus à la rigolade. Hector doit agir, vite. Trouver des forces alliées (oui ! ... ça va arriver), sauver sa petite ville de cette invasion sournoise et se convaincre que son père disparu fait aussi partie du lot. 

Pour son intronisation dans la littérature jeunesse, Danny Wallace sort les grands moyens (univers déjanté, monstres terrifiants, péripéties à rebondissements, sur un ton sans cesse désopilant). Et c'est clair que le livre vise haut et fort. Au départ, l'histoire semble déjà écrite et préfigure les thèmes du genre : Hector est un gamin sensible, maltraité par des grosses brutes, et qui porte en lui le départ de son père comme un poids lourd insurmontable, sa mère bosse comme une dingue et son frère est devenu un ado renfrogné. Et puis, tout bascule vers une aventure délirante, fantastique et même de plus en plus sombre et inquiétante. Il faut le lire pour le croire. Les méchants ne font pas semblant, les enfants entrent en résistance et montent une association de Transpauseurs. On découvre alors une intrigue complètement loufoque, mais où règnent l'action, l'émotion et le danger. C'est efficace, raconté de façon hilarante, somme toute flegmatique.

Nul doute que cette dose d'énergie bouillonnante plaira aux plus jeunes (dès 9 ans pour les bons lecteurs, le livre fait 300 pages et est largement illustré). Jamie Littler a contribué par sa touche d'encre à une atmosphère décalée et fascinante. À tester, pour le fun et l'atmosphère frisonnante.

Gallimard Jeunesse / Février 2016 ♦

Traduit par Marie Leymarie (Hamish and the Worldstoppers) ♦ Illustrations de Jamie Littler