Les loups du remord de Marie-Hélène Branciard aux Editions du Poutan
« Il était là, entre deux eaux… Ça faisait bien cinq ans qu’il était venu s’échouer à Berlin, un peu par hasard… mais il ne le regrettait pas. La gigantesque friche lui avait permis de se fondre dans l’air du temps, comme un vieux sucre qui prend les couleurs des mains qui le tripotent. Ici, tout semblait inachevé… rien que des instants cabossés, qu’il fallait lire au jour le jour, entre les grues, leurs cris vers le ciel et le bruit des bulldozers…Il s’était décidé brusquement, content soudain à l ‘idée de revoir Paris. Antoine comptait bien y rester quelques mois , se doucher de souvenirs et remettre la main sur Vanda, qui ne donnait plus aucune nouvelle… »
Antoine est bientôt rejoint par ses compères d’hier. Ils vont unir leurs forces pour retrouver Vanda. Ils vont reprendre leurs habitudes du passé, leurs réflexes, explorer leur histoire, celle de leur amie pour comprendre ce qui a bien pu se passer. C’est sur cette confrontation entre réalité du présent et insouciance parfois idéalisée de leur jeunesse qu’ils vont bâtir leur enquête.
Vanda, elle, a trouvé refuge dans le sud auprès d’un couple d’ex-soixante-huitards. Ils la poussent à l’introspection, à écrire ses pensées dans un journal. Vanda, elle aussi part à sa propre recherche, essaie de trouver les causes de sa dépression pour la combattre, pour reprendre pied.
Les loups du remords est le roman du passage de l’adolescence à l’âge adulte. L’âge des premiers bilans, celui où l’on s’interroge sur sa jeunesse, où on apprend à vivre avec les casseroles du passé, à les surmonter. L’âge où l’on regarde ses jeunes années avec nostalgie et où l’on se rend compte que les secrets, les non-dits nous empêchent d’avancer de nous construire.
J’ai plongé dans ce roman ne remontant à la surface qu’à la dernière page. La construction du roman alternant les chapitres sur l’enquête des amis et l’introspection de Vanda, la plume pleine de rythme de l’auteur, les dialogues ciselés et la profondeur psychologique des personnages font de ce livre un excellent moment de lecture. Les références musicales qui émaillent le texte m’ont totalement immergé dans cette fin des années 1980. En suivant les quatre compères, j'ai pris un bain d'adolescence comme disait Aznavour.