Gérard Oberlé était sur ma liste des auteurs à découvrir depuis que je l'avais découvert dans une émission littéraire. J'ai emprunté Retour à Zornhof un peu par hasard, en pensant qu'il s'agirait d'un recueil de poésie. Et bien non : c'est un roman.Et comme le nom aurait dû me le suggérer, ça se passe dans l'Est. Allons donc faire un tour en Alsace.
Le synopsis
Après une longue absence, Henri Schott, écrivain, rentre dans son village natal. Il se souvient de sa grand-mère Baba, de son oncle Gus, qui lui a inspiré un roman. Sur sa route, qui s'apparente à un pèlerinage sur les lieux de sa jeunesse, il croise Marlène, tenancière d'une auberge, et Mathias, le gitan. Avec eux, il partage des moments de connivence et de nostalgie, sur les traces d'un passé qui le hante soudain.
Mon avis
Cette ballade alsacienne aux côtés d'Henri Schott a été des plus plaisantes!
Il faut dire que l'auteur nous fait voyager dans le passé du narrateur, nous conte des anecdotes oubliées, met en scène les figures qui ont marqué son enfance puis son adolescence, et jusqu'à sa dernière entrevue avec sa chère Baba.
L'homme se cherche, il trouve comme souvent sur sa route d'autres êtres singuliers, parfois fêlés eux aussi, à l'instar du gitan, Mathias, devenu paria dans sa propre famille et dédaigné par ses fils, lui qui est avant tout un homme humble et amoureux de la nature. Marlène est, elle, pleine de vie, elle en impulse à Henri à son tour, avec naturel et légèreté.
Henri Schott pérégrine, en forêt, au cimetière, il revisite les lieux de son passé, ses errances sont ponctuées par ses méditations, et l'on se prend au jeu avec plaisir, baguenaudant avec lui dans les dédales de sa mémoire, en proie à la nostalgie, à la mélancolie.
Étrangement, l'ambiance imprègne le lecteur, et lui donne, qui l'eut cru, comme des envies d'Alsace! (n'est-ce pas tout à fait loufoque!)
Il y a, finalement, de la douceur qui se dégage de ce récit où point, par moment, une vague tristesse.
De quoi vouloir s'aventurer davantage dans l'oeuvre d'Oberlé!
Pour vous si...
Morceaux choisis
"Compliqués comme sont les écrivains! Mais comment être simple sans se renier? S'asseoir et ne plus rien faire qu'écouter, puis raconter des histoires avec des phrases simples, des mots de tous les jours? Se dépouiller de ce qu'on est réellement? Brider un cœur qui sans cesse vers son labeur retourne, un cœur saturé d'allégories et de musiques, lourd de tous les deuils que les crépuscules ravivent, un cœur de vieille race chevauchant sans trêve par des contrées qui n'existent plus, prospecteur inlassable en quête de mystères, et qui raconte l'amour et le dégoût des hommes avec des mots qui ne sont que les siens, en s'exposant à l'incompréhension de tous? Est-ce qu'on écrit pour tuer le temps en attendant la barque du funèbre nocher, pour se libérer de l'âpre étreinte du réel, du périssable? Est-ce qu'on écrit parce qu'on ne sait pas vivre et que le cœur s'épouvante à la vue d'un calendrier? Demander à l'écrivain d'être simple, c'est demander à l'éclopé de ne pas boiter. L'écrivain est singulier, incompréhensible, tenaillé nuit et jour par un désir qu'il n'assouvit jamais. Ses ébauches ne touchent sans doute vraiment que quelques-uns, ceux qui écrivent aussi, et de rares lecteurs qui savent que la simple vue d'un étang peut faire mal, ceux qui comprennent le jargon des ramures dans le vent d'octobre, s'émeuvent devant le visage hébété d'un réfugié sur le quai d'une gare, devant un vieux chien qui claudique, et qui s'émerveillent à la vue d'un citron mûr. Ceux qui comprennent que certains mots recèlent des secrets sauvages que les mots d'ordinaire ne divulguent pas."
Note finale3/5(cool)
Le synopsis
Après une longue absence, Henri Schott, écrivain, rentre dans son village natal. Il se souvient de sa grand-mère Baba, de son oncle Gus, qui lui a inspiré un roman. Sur sa route, qui s'apparente à un pèlerinage sur les lieux de sa jeunesse, il croise Marlène, tenancière d'une auberge, et Mathias, le gitan. Avec eux, il partage des moments de connivence et de nostalgie, sur les traces d'un passé qui le hante soudain.
Mon avis
Cette ballade alsacienne aux côtés d'Henri Schott a été des plus plaisantes!
Il faut dire que l'auteur nous fait voyager dans le passé du narrateur, nous conte des anecdotes oubliées, met en scène les figures qui ont marqué son enfance puis son adolescence, et jusqu'à sa dernière entrevue avec sa chère Baba.
L'homme se cherche, il trouve comme souvent sur sa route d'autres êtres singuliers, parfois fêlés eux aussi, à l'instar du gitan, Mathias, devenu paria dans sa propre famille et dédaigné par ses fils, lui qui est avant tout un homme humble et amoureux de la nature. Marlène est, elle, pleine de vie, elle en impulse à Henri à son tour, avec naturel et légèreté.
Henri Schott pérégrine, en forêt, au cimetière, il revisite les lieux de son passé, ses errances sont ponctuées par ses méditations, et l'on se prend au jeu avec plaisir, baguenaudant avec lui dans les dédales de sa mémoire, en proie à la nostalgie, à la mélancolie.
Étrangement, l'ambiance imprègne le lecteur, et lui donne, qui l'eut cru, comme des envies d'Alsace! (n'est-ce pas tout à fait loufoque!)
Il y a, finalement, de la douceur qui se dégage de ce récit où point, par moment, une vague tristesse.
De quoi vouloir s'aventurer davantage dans l'oeuvre d'Oberlé!
Pour vous si...
- Vous êtes sceptiques sur le pouvoir d'attraction du grand Est, et ne demandez qu'à être débouté dans cette croyance solidement enracinée
Morceaux choisis
"Compliqués comme sont les écrivains! Mais comment être simple sans se renier? S'asseoir et ne plus rien faire qu'écouter, puis raconter des histoires avec des phrases simples, des mots de tous les jours? Se dépouiller de ce qu'on est réellement? Brider un cœur qui sans cesse vers son labeur retourne, un cœur saturé d'allégories et de musiques, lourd de tous les deuils que les crépuscules ravivent, un cœur de vieille race chevauchant sans trêve par des contrées qui n'existent plus, prospecteur inlassable en quête de mystères, et qui raconte l'amour et le dégoût des hommes avec des mots qui ne sont que les siens, en s'exposant à l'incompréhension de tous? Est-ce qu'on écrit pour tuer le temps en attendant la barque du funèbre nocher, pour se libérer de l'âpre étreinte du réel, du périssable? Est-ce qu'on écrit parce qu'on ne sait pas vivre et que le cœur s'épouvante à la vue d'un calendrier? Demander à l'écrivain d'être simple, c'est demander à l'éclopé de ne pas boiter. L'écrivain est singulier, incompréhensible, tenaillé nuit et jour par un désir qu'il n'assouvit jamais. Ses ébauches ne touchent sans doute vraiment que quelques-uns, ceux qui écrivent aussi, et de rares lecteurs qui savent que la simple vue d'un étang peut faire mal, ceux qui comprennent le jargon des ramures dans le vent d'octobre, s'émeuvent devant le visage hébété d'un réfugié sur le quai d'une gare, devant un vieux chien qui claudique, et qui s'émerveillent à la vue d'un citron mûr. Ceux qui comprennent que certains mots recèlent des secrets sauvages que les mots d'ordinaire ne divulguent pas."
Note finale3/5(cool)