Voici le fruit de ma première participation à l'opération de Babélio, Masse Critique, qui propose de recevoir un livre et d'en faire la chronique.
J'ai reçu un roman choisi un peu par hasard, Un printemps 76, de Vincent Duluc, et je dois bien dire que je suis restée un peu circonspecte en comprenant que l'auteur est un journaliste sportif.
Mais vous serez ravis de savoir que je ne me suis pas dégonflée pour autant.
Le synopsis
L'auteur livre les souvenirs qui constituent son été 1976, dans la ville de St Etienne. Il nous parle des Verts, de Dominique Rocheteau, du stade, mais aussi du contexte économique et social, et de ses préoccupations d'adolescent.
Mon avis
Les premières pages, je dois bien l'avouer, m'ont fait redouter le pire : la perspective de 200 pages passant en revue les matchs de la saison 1976 n'était guère réjouissante pour la béotienne que je suis.
Pourtant, peu à peu, j'ai été surprise de constater que l'histoire m'absorbait, et que le récit prenait. La restitution réalisée par Vincent Duluc est saisissante : nombre détails de toutes sortes contribuent à dessiner le contexte de 1976, si bien que l'on peut appréhender en lisant l'atmosphère de cette année-là, l'euphorie mêlée d'ennui du narrateur adolescent, la relation contradictoire qu'il entretient avec St Etienne et son équipe.
Force est de reconnaître que je n'ai pas forcément pu identifier tous les protagonistes, figures emblématiques du foot de ces années-là, mais cela rajoute à l'exotisme de l'ensemble, et rendre St Etienne exotique, c'est tout de même remarquable.
Et puis, les faits et les descriptions font du récit par moment une analyse quasi-sociologique du milieu dans lequel évolue le narrateur, ce qui ajoute encore à l'intérêt du récit.
La langue, enfin, est précise et travaillée, rend la lecture fluide et vivante.
C'est en somme une belle découverte que la lecture de ce roman, que rien ne me prédestinait à apprécier, et dont je garderai pour finir un souvenir agréable.
Inattendu!
Pour vous si...
Morceaux choisis
"Grandir dans ma province avec Saint-Etienne juste à côté, en 1976, c'était habiter Naples au pied du Vésuve, c'était savoir que le cœur de l'univers avait soudain été déplacé, qu'il se rapprochait de nous mais sans nous inclure, et c'est pour cela que l'on se levait, pour voyager, franchir la frontière et ressentir l'appartenance au monde."
"Les footballeurs qui remerciaient le ciel pour leurs victoires n'avaient pas assez confiance en eux, le ciel n'y était pour rien et partageait ses bienveillances avec leurs adversaires, mais c'était une manière de mettre un nom sur ce qui échappait à leur contrôle, le hasard, le rebond, l'irrationnel. Le ballon."
"J'ai toujours voulu partir mais ma province est devenue ma mesure du temps, je le sens filer en voyant grandir les enfants des autres lorsque mes retours s'espacent. Je ne nous aurais pas vus changer, sinon."
"Je n'ai jamais cessé de courir mais je vais un peu moins vite, j'ai essayé de ne pas passer d'un rêve à un objectif, d'un idéal à une perspective réaliste ; le rêve est nimbé de modestie et mieux considéré, l'objectif a un goût de plan quinquennal accouché par l'administration, et si le point d'arrivée est le même, le chemin a tout changé, il dit ce que nous sommes et ce que nous avons vécu."
Note finale3/5(cool)
J'ai reçu un roman choisi un peu par hasard, Un printemps 76, de Vincent Duluc, et je dois bien dire que je suis restée un peu circonspecte en comprenant que l'auteur est un journaliste sportif.
Mais vous serez ravis de savoir que je ne me suis pas dégonflée pour autant.
Le synopsis
L'auteur livre les souvenirs qui constituent son été 1976, dans la ville de St Etienne. Il nous parle des Verts, de Dominique Rocheteau, du stade, mais aussi du contexte économique et social, et de ses préoccupations d'adolescent.
Mon avis
Les premières pages, je dois bien l'avouer, m'ont fait redouter le pire : la perspective de 200 pages passant en revue les matchs de la saison 1976 n'était guère réjouissante pour la béotienne que je suis.
Pourtant, peu à peu, j'ai été surprise de constater que l'histoire m'absorbait, et que le récit prenait. La restitution réalisée par Vincent Duluc est saisissante : nombre détails de toutes sortes contribuent à dessiner le contexte de 1976, si bien que l'on peut appréhender en lisant l'atmosphère de cette année-là, l'euphorie mêlée d'ennui du narrateur adolescent, la relation contradictoire qu'il entretient avec St Etienne et son équipe.
Force est de reconnaître que je n'ai pas forcément pu identifier tous les protagonistes, figures emblématiques du foot de ces années-là, mais cela rajoute à l'exotisme de l'ensemble, et rendre St Etienne exotique, c'est tout de même remarquable.
Et puis, les faits et les descriptions font du récit par moment une analyse quasi-sociologique du milieu dans lequel évolue le narrateur, ce qui ajoute encore à l'intérêt du récit.
La langue, enfin, est précise et travaillée, rend la lecture fluide et vivante.
C'est en somme une belle découverte que la lecture de ce roman, que rien ne me prédestinait à apprécier, et dont je garderai pour finir un souvenir agréable.
Inattendu!
Pour vous si...
- Même si vous ne comprenez rien au foot (et n'avez pas l'intention d'en savoir quoi que ce soit un jour)
- Même si vous avez la plus grande antipathie pour le club de St Etienne : il n'y a pas que le foot dans la vie, vous apprendrez des choses intéressantes sur les milieux ouvriers dans la région pendant les années 1970.
Morceaux choisis
"Grandir dans ma province avec Saint-Etienne juste à côté, en 1976, c'était habiter Naples au pied du Vésuve, c'était savoir que le cœur de l'univers avait soudain été déplacé, qu'il se rapprochait de nous mais sans nous inclure, et c'est pour cela que l'on se levait, pour voyager, franchir la frontière et ressentir l'appartenance au monde."
"Les footballeurs qui remerciaient le ciel pour leurs victoires n'avaient pas assez confiance en eux, le ciel n'y était pour rien et partageait ses bienveillances avec leurs adversaires, mais c'était une manière de mettre un nom sur ce qui échappait à leur contrôle, le hasard, le rebond, l'irrationnel. Le ballon."
"J'ai toujours voulu partir mais ma province est devenue ma mesure du temps, je le sens filer en voyant grandir les enfants des autres lorsque mes retours s'espacent. Je ne nous aurais pas vus changer, sinon."
"Je n'ai jamais cessé de courir mais je vais un peu moins vite, j'ai essayé de ne pas passer d'un rêve à un objectif, d'un idéal à une perspective réaliste ; le rêve est nimbé de modestie et mieux considéré, l'objectif a un goût de plan quinquennal accouché par l'administration, et si le point d'arrivée est le même, le chemin a tout changé, il dit ce que nous sommes et ce que nous avons vécu."
Note finale3/5(cool)