Notre psyché est une maison vaste. Nous nous y promenons d’étage en étage, et de pièce en pièce. De notre mental instinctif, qui garantit notre survie, au mental raisonneur, qui découpe et simplifie la complexité du monde et nous accorde d’y naviguer et de nous y retrouver un peu chez nous.
Et parfois, nous entendons au faîte les voix étouffés de ce supramental qui, à proximité de l’Esprit en nous, souffle en direction de notre moi conscient et inconscient des intuitions propres à nous hisser jusqu’à la réalisation du divin en soi.
Par le truchement du supramental nous vient ce que les chrétiens appellent la Grâce, et que d’autres cultures désignent comme une illumination ou une délivrance : état d’harmonie où le moi s’affranchit de ses limitations et de la peur.
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Une question me turlupine. Ne lisait-on pas davantage à cette époque ? Ne lisait-on pas des ouvrages de meilleure qualité dans les écoles ? Lorsque je vois ce que l’on impose à mon petit-fils comme lectures obligatoires, je réponds oui, sans hésitation. Mille fois mieux de lire Robinson, Alice ou les Trois mousquetaires en version expurgée par l’Index que de lire les inepties moralisantes et dépourvues de tout style qu’on impose aux ados.
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Il est plus facile et moins inconfortable de reconnaître chez les autres plutôt qu’en soi-même ses propres travers
Il y a plusieurs années, j’avais fait monter deux bonzes de notre municipalité dans mon véhicule. Nous nous rendions à un Cinq à sept un peu huppé. L’un était calme et d’agréable compagnie. L’autre parlait haut, se vantait, émanait de toutes ses paroles et tous les pores de sa peau la réussite économique et sociale.
Peu après, il allait prendre sa retraite et allait commettre une indélicatesse dans le quartier résidentiel qu’il habitait en y militant avec ardeur contre l’établissement d’un service destiné à des personnes en perte d’autonomie : la circulation automobile risquait d’y augmenter, ce qui allait réduire le standing du secteur, donc la valeur des propriétés… Puis, il est décédé hâtivement.
J’ai souvent songé à notre bref trajet et j’ai eu peur. Je ne le juge pas ; je me juge. En moi-même, j’ai reconnu, en croissance, certains des traits qui m’avaient tant agacé chez lui.
Les autres nous renvoient ce que l’on est ou pourrait devenir. C’est ainsi que le théâtre et les romans sont des outils de connaissance de soi très efficaces. Les personnages nous parlent de nous.
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon