C'est le temps des poches du mois. Une sélection toute personnelle de romans que j'ai beaucoup aimés arrive ce mois-ci sur les tablettes. Un petit résumé des quatrièmes de couverture et, s'il y a lieu, le lien vers mes billets.
LES ARPENTEURS – KIM ZUPAN – GALLMEISTER
Gros coup de coeur pour le premier roman de Kim Zupan. La quatrième de couverture n'est pas très sexy, j'avoue. Mais une fois les premières pages lues, impossible de s'arrêter. Une lecture marquante.Nuit après nuit, dans une prison du Montana, le jeune Val Millimaki s'assied face aux barreaux qui le séparent de John Gload, 77 ans, en attente de son procès. Astreint aux pires heures de garde, l'adjoint du shérif se retrouve à écouter le criminel qui, d'instinct, est prêt à lui révéler en partie son passé. Petit à petit, Millimaki se surprend à parler, lui aussi, et à chercher conseil auprès de l'assassin. En dépit des codes du devoir et de la morale, une troublante amitié commence à se tisser entre les deux hommes.
Premier roman hypnotique et crépusculaire, Les arpenteurs met en scène deux personnages poursuivis par leur conscience et hantés par la mélancolie d'un paysage qui les a faits tous deux à son image.CATARACT CITY – CRAIG DAVISDON – POINTS SEUILC'est avec ce roman que j'ai découvert Craig Davidson. Un coup de poing au ventre, ce roman! Depuis, je garde Juste être un homme et Ungoût de rouille et d'os sous la main, pour un de ces futurs moments où les déceptions s'enchaîneront.Avec la puissance et la sensibilité révélées par Ungoût de rouille et d'os, adapté au cinéma par Jacques Audiard, Craig Davidson explore dans ce roman vertigineux le conflit intérieur de deux hommes liés par un secret d'enfance.
Duncan Diggs et Owen Stuckey ont grandi à Niagara Falls, surnommée par ses habitants Cataract City, petite ville ouvrière à la frontière du Canada et des États-Unis. Ils se sont promis de quitter ce lieu sans avenir où l'on n'a d'autre choix que de travailler à l'usine ou de vivoter de trafics et de paris. Mais Owen et Duncan ne sont pas égaux devant le destin. Tandis que le premier, obligé de renoncer à une brillante carrière de basketteur, s'engage dans la police, le second collectionne les mauvaises fréquentations. Un temps inséparables, sont-ils prêts à sacrifier le lien qui les a unis, pour le meilleur et pour le pire?BIG BROTHER – LIONEL SHRIVER – J’AI LUDepuis la lecture de Il faut qu'on parle de Kevin, je lis tout ce que publie Lionel Shriver. Si j'ai été déçu par Double faute et La double vie d'Irina, passablement transporté par Tout ça pour quoi, Big Brother est un très bon cru, un de ces romans qui m'a complètement bluffée.Femme d'affaires en pleine réussite, mariée à Fletcher, un artiste ébéniste, belle-mère de deux ados, Pandora n'a pas vu son frère Edison depuis quatre ans quand elle accepte de l'héberger. À son arrivée à l'aéroport, c'est le choc: Pandora avait quitté un jeune prodige du jazz, séduisant et hâbleur, elle découvre un homme obèse, contraint de se déplacer en fauteuil, négligé, capricieux et compulsif. Que s'est-il passé? Comment Edison a-t-il pu se laisser aller à ce point? Pandora a-t-elle une part de responsabilité? Entre le très psychorigide Fletcher et le très jouisseur Edison, la tension ne tarde pas à monter et c'est Pandora qui va en faire les frais. Jusqu'à se retrouver face au pire des dilemmes: choisir entre son époux et son frère. Qui aura sa préférence? Pourra-t-elle sortir son frère de la spirale dans laquelle il s'est enfermé? Edison le veut-il seulement? Peut-on sauver malgré eux ceux qu'on aime?
Après, entre autres, Il faut qu'on parle de Kevin, la nouvelle bombe de Lionel Shriver. Toute sa verve sarcastique, sa profondeur d'analyse, son esprit de provocation dans un roman choc partiellement autobiographique sur un sujet brûlant d'actualité: notre rapport névrotique à la nourriture, et son corollaire, l'obésité alarmante dans nos sociétés occidentales.MOI ET TOI – NICCOLO AMMANITI – 10/18Moi et toi est le premier roman de Niccolo Ammaniti que j'ai lu. J'ai eu un coup de foudre pour Lorenzo et sa demi-soeur. Un roman beau à fendre le coeur.Lorenzo, 14 ans, souffre d'un sentiment hypertrophique de soi, d'un ego surdimensionné qui le coupe depuis tout petit des autres enfants. Pour rassurer sa mère, il s'invente des amis avec qui il joue au foot et part au ski. Mais en se cachant dans une cave abandonnée, Lorenzo se retrouve face à Olivia, une lointaine demi-soeur. Tous deux vont se découvrir et se confronter à eux-mêmes et au monde.Parmi ceux qui me font envie...
SILO – HUGH HOWEY – LIVRE DE POCHELorsque le premier tome est paru en grand format, faut croire que j'étais mal disposée parce que je ne suis pas parvenue à dépasser les cinquante premières pages. Après la lecture des billets tentateurs de Gab, j'ai envie de donner une nouvelle chance à cette trilogie post-apocalyptique. Avec sa sortie en poche, je vais en profiter pour retenter le coup –à un moment plus propice!Dans un futur post-apocalyptique indéterminé, une communauté d'hommes et de femmes a organisé sa survie dans un silo souterrain géant. Du monde extérieur, devenu hostile, personne ne sait rien, sinon que l'atmosphère y est désormais irrespirable. Les images de mauvaise qualité relayées par d'antiques caméras, montrant un paysage de ruines et de dévastation balayé de vents violents et de noirs nuages, ne semblent laisser aucune place à l'illusion. Pourtant, certains continuent d'espérer. Ces individus, dont l'optimisme pourrait s'avérer contagieux, représentent un danger potentiel. Leur punition est simple. Ils se voient accorder cela même à quoi ils aspirent: sortir.GROSSIR LE CIEL – FRANCK BOUYSSE – LIVRE DE POCHE
J'ai repéré ce titre chez Jérôme. Ses mots avaient piqué ma curiosité. Ici, les éditions de La manufacture des livres ne courent pas les rues. Aussi, belle initiative que cette parution en poche.
Les Doges, un lieu-dit au fin fond des Cévennes. C’est là qu'habite Gus, un paysan entre deux âges solitaire et taiseux. Ses journées: les champs, les vaches, le bois, les réparations. Des travaux ardus, rythmés par les conditions météorologiques. La compagnie de son chien, Mars, comme seul réconfort. C'est aussi le quotidien d'Abel, voisin dont la ferme est éloignée de quelques mètres, devenu ami un peu par défaut, pour les bras et pour les verres. Un jour, l'abbé Pierre disparaît, et tout bascule: Abel change, des événements inhabituels se produisent, des visites inopportunes se répètent. Un suspense rural surprenant, riche et rare.