TITRE : LUNE ROUGE
AUTEUR : JULIA M TEAN
ANNEE DE PARUTION : 2015
EDITION : REBELLE
RESUME
Depuis trente ans, le même scénario morbide se répète. De 1963 à 1983, trois femmes ont froidement assassiné l’homme qu’elles aimaient. 1992. Lana Jiang souffre de troubles bipolaires et de cauchemars récurrents. Persuadée d’être condamnée à tuer l’homme dont elle tombera amoureuse, elle est internée en hôpital psychiatrique. Mais les murs de l’hôpital ne sont que de maigres protections face à la malédiction qui pèse sur elle. Et l’amour peut surgir là où l’on ne l’attend pas...
MON AVIS
Une malédiction, du meurtre, de l’amour, du suspens. Pour moi, tous les ingrédients étaient réunis pour que je passe un bon moment de lecture.
Lune Rouge raconte l’histoire de Lana Jiang, une jeune femme issue d’une famille sino-française qui depuis sa tendre enfance est en proie à de terribles cauchemars sanglants. Ceux-ci continuant à l’adolescence puis à l’âge adulte, elle décide, sous les conseils de son ami Maxime, d’exorciser ses cauchemars en écrivant une fiction dessus.
Trois femmes tuent les hommes qu’elles aiment sous le regard malveillant d’une lune rouge sang.
Malheureusement pour elle, au lieu de l’aider, la sortie de ce roman à succès va accentuer ses cauchemars jusqu’à ce qu’elle prenne la décision de se faire interner, pour le bien de ses proches. Là, en proie à de terribles crises, elle fait la rencontre de Keisuke Tanaka, infirmier, avec qui elle va se lier chair et sang, révélant au fil des pages, en réalité une terrible malédiction. C’est ensemble que les deux amoureux vont devoir combattre si Lana veut se libérer de ce terrible mal.
Lana Jiang, héroïne de ce roman, est une jeune femme pleine de volonté, doté d’un fort caractère. Sa famille, très cartésienne, ne comprend pas son mal. Sa terrible malédiction – de tuer l’homme dont elle tombera amoureuse – l’amène donc à vouloir s’exiler du monde pour ne pas que ce destin funeste s’accomplisse. Mais l’amour peut surgir de partout, même d’un hôpital psychiatrique. La présence de Keisuke l’apaise. A ses côtés, elle se sent forte et battante, prête à tout. Elle va subir des coups durs mais grâce à cet amour qu’elle a en elle, Lana se relèvera chaque fois un peu plus forte et un peu plus déterminée à s’opposer à ce destin.
Keisuke Tanaka, japonais, est infirmier. Passionné par sa profession, c’est un homme doux et consciencieux. Sa nature profonde est d’aider les gens à sa hauteur et à sa manière. Il possède un pouvoir bienfaiteur dont il se sert pour apporter un peu de bien-être à ses patients. Quand il rencontre Lana, un lien se crée entre eux tout de suite. Il est irrémédiable et puissant. Il ressent pour elle un vive intérêt qui l’oblige à s’investir, à connaître son passé, à comprendre comment une femme telle que elle a pu en arriver là. Leur passé étant plus lié que ce qu’ils le pensent, notre infirmier est amené à devoir découvrir le sien et y fait des découvertes auxquelles il ne s’attendait pas. D’un naturel optimiste, il est présent pour Lana jusqu’à la fin.
A eux deux, ils forment un tout, comme le Ying et le Yang. Le soleil et la lune, la froideur et la chaleur, des pouvoirs opposés (destruction, espoir). Ils forment un équilibre, précaire, une osmose fragile qu’il leur faut préserver.
April est la meilleure amie de Lana. C’est une fille très joviale, assez frontale, elle aime que les choses soient dites et n’hésite pas une seconde à secouer son amie quand elle se laisser aller. C’est elle qui effectue les premiers rapprochements entre les rêves de Lana et des faits divers à l’aide des notes prises par Maxime.
Les Jiang (parents) sont des gens très pris par leur travail, leur vie sociale au détriment parfois de leur fille. Son père est un être en apparence très froid cache en réalité un grand cœur, une grande tendresse pour sa fille. Et la mère, plus effacée, va devoir se dévoiler si elle veut aider sa fille à guérir. Dans le chaos le plus total, une famille va se rapprocher, se réunir, se souder pour s’en sortir.
L’histoire est très dense, complète. Le seul « reproche » que j’ai à formuler, c’est que j’ai trouvé que c’était un peu long. C’était peut-être une volonté de Julia M Tean de donner cette impression de ralentissement mais pour ma part, j’en ai été un peu gênée dans ma lecture. Je parle surtout dans l’histoire d’amour entre les deux héros. Parce qu’ils sont très rapidement amoureux l’un de l’autre et que l’évolution de leur relation va vite, on a l’impression que ça dure, que ça s’étire sur la longueur.
La malédiction concernant Lana n’est pas sans rapport avec la réincarnation d’une déesse vengeresse, Luna Jactata. LJ, comme toutes les prêtresses de la déesse. L’obsession de la lune rouge, les chapitres qui défilent sous le découlement lent d’un sablier, avec une date butoir, créé une vraie atmosphère oppressante sur le lecteur.
Le mal-être de l’héroïne se ressent sous la plume de l’auteur. On se demande quelle issue attend nos héros et comment Lana peut-elle se sortir de cette destinée dont elle ne veut pas. On avance et recule dans le temps pour comprendre tous les tenants et les aboutissements de cette longue histoire. Tout nous est révélé.
J’ai beaucoup aimé l’aspect « enquête » du roman où les personnages découvrent le lien entre des faits réels et les rêves de Lana et cherchent à savoir comment une fillette peut avoir connaissance de cela sans avoir eu affaire à la presse. J’aurais voulu que cette partie soit peut-être un peu plus longue.
C’est aussi une histoire d’amour. Une belle et intense histoire d’amour, entre deux personnes que rien ne prédestinait à réunir. Ou re-réunir. Un peu comme Roméo et Juliette, en somme. Comment l’amour peut surpasser la décision d’une déesse assoiffée de sang, de vengeance et d’asservissement masculine ? C’est une histoire de femmes (il y en a beaucoup dans ce roman) qui prouve que tous les hommes ne sont pas tels que Luna Jactata les imagine. Comment Lana et Keisuke vont s’unir pour lutter et prouver au monde entier que rien n’est impossible.
Quant à la fin, l’auteur a fini de m’achever avec. Ce n’était pas du tout à quoi je m’attendais. Assurément positive, elle comporte néanmoins toujours cette part d’ombre qui a plané sur le roman pendant 450 pages. Il y avait une part très logique dans sa décision mais j’avoue avoir été déstabilisée.
Reste que l’histoire est très bien, très complète, ficelée sans faute. Ce roman est agréable à lire. La plume de l’auteur nous entraine facilement dans son univers sombre et fantastique. A découvrir.