Les cahiers d'Esther - Riad Sattouf ****

Les cahiers d'Esther ne se laissent pas aussi facilement apprivoiser que L'arabe du futur.
Voilà c'est dit et j'explicite mon propos : clairement, je suis restée indifférente, pendant les vingt premières pages, à l'univers de cette petite Parisienne qui, du haut de ses neuf ans, nous narre son quotidien à l'école puis en colonie de vacances. Une année pleine où il se passe plein de choses et trois fois rien. Mais la prouesse de Riad Sattouf (oui, ce monsieur est talentueux) est de m'embarquer malgré moi dans cette histoire.
Résultat, passé le premier tiers, je suis devenue totalement accro à cette petite fille, bien dans sa vie, plutôt philosophe et maligne, qui s'adapte en toutes circonstances et en particulier au langage assez ordurier de son entourage (son frère, les écoliers en général et parfois son père).  Les cahiers d'Esther - Riad Sattouf **** Ne vivant pourtant pas dans un monde de bisounours, j'ai été assez choquée par les propos tenus de gamins dans la cour d'école, même dans un établissement privé mixte socialement. Je m'attendais à plus de bienséance, eh bien non ! Cette violence verbale fut une grande découverte pour moi. 
Et cette fois : un thème titre chaque planche monochromée et en général respecte une chute bien sentie !  Les cahiers d'Esther - Riad Sattouf **** Riad Sattouf n'évacue pas ce qui fait sa marque de fabrique : témoin de son époque, il transmet via son œuvre les us et coutumes de ses contemporains (ici, de taille pin's), leurs demi-dieux et ce qui les rassure (être sapé comme Maître Gims, s'amouracher de Kendji Girac ou de Black M., et les Non mais quoi, t'as des cheveux mais pas d'Iphone 6 ?  ...), et rapporte aussi des sujets d'acutalité plus graves (l'abandon familial, la quête d'identité...). Alors tout cela mélangé, j'aime forcément. Donc la suite, au prochain numéro !
Allary Éditions
J'ai le plaisir de partager cette lecture avec Framboise et Géronimo
J'ai apprécié l'attitude de Riad Sattouf dénonçant la sélection rétrograde d'Angoulême 2016 : j'ai admiré sa prise de position radicale et immédiate. Elle l'a honoré. Je n'en dirais pas autant des sélectionneurs de ce beau festival.