Titre : Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants
Auteur : Mathias Enard
Editeur : Actes sud
Date de parution : août 2010
160 pages
Quel régal ! Comme c’est bon de prendre autant de plaisir à la lecture d’un roman. C’est bien écrit, c’est intelligent et même brillant (n’ayons pas peur de nous enflammer !). L’alternance entre un narrateur extérieur, une narratrice qui s’adresse au sculpteur et de vraies lettres de Michel-Ange est une belle réussite.
Mathias Enard s’est appuyé sur des faits réels pour produire un texte passionnant et d’une grande subtilité.
Nous sommes en 1506, Michel-Ange Buonarroti est fâché avec le pape Jules II, il a l’opportunité de se rendre en Turquie à la demande du sultan Bajazet, un passionné de ponts et nous voilà plongé dans l’ambiance de l’époque avec un certain délice.
La relation entre le poète Mesihi, personnage torturé, et le sculpteur, quelque peu orgueilleux, est dévoilée avec tact et l’on comprend peu à peu à quel point elle devient importante pour l’un comme pour l’autre.
Et les plus beaux moments de lecture, ceux qui méritent amplement une relecture sont les passages que nous livre la ténébreuse et mortelle Andalouse.
Le début est prometteur :
« La nuit ne communique pas avec le jour. Elle y brûle. On la porte au bûcher à l’aube. Et avec elle ses gens, les buveurs, les poètes, les amants. Nous sommes un peuple de relégués, de condamnés à mort. »
J’ai aimé aussi :
« Des lambeaux de cauchemar lui scellent les paupières. »
Lorsque Mathias Enard a reçu le prix Goncourt pour Boussole, je m’étais dit que je ne le lirai pas. J’avais trop peur de ne rien y comprendre… Je n’avais pas encore goûté au style de l’auteur. Maintenant, j’ai envie de découvrir tous ses livres, et d’ailleurs je viens d’acheter en poche Rue des voleurs.