Nuit d’hiver…
Au loin, un renard passe,
affairé sur le nu de la neige et de la nuit
Le froid le fige sur le vaste blanc, où mon œil le cherche
dans sa solitude aveugle.
*
Une jeune dame entre au café. Elle dépose sur la table un exemplaire des Upanishads.
Aime-t-elle réellement cet ouvrage ? Ou veut-elle que l’on sache qu’elle le lit ?
Un jeune homme entre à son tour. Sur sa table, il dépose Le Capital au XXIe siècle, le succès de Thomas Piketty.
Aime-t-il réellement cet ouvrage ? Ou veut-il que l’on sache qu’il le lit ?
Même les tortionnaires de l’Inquisition n’arriveraient pas à leur arracher ce secret.
*
Une économie non réglementée conduit à une accumulation inique du capital en quelques mains et à un appauvrissement des populations. Une économie trop réglementée étouffe la créativité, les initiatives, les droits réels des individus et concentre les richesses et les privilèges entre les mains d’une classe de technocrates et de politiques asservis à leurs intérêts propres.
Où tracer la ligne de démarcation ? Où se situe l’équilibre ?
Des indices :
1) l’État doit contrôler les grands flux financiers : politiques monétaires et fiscales ; et assurer l’équité des échanges entre les divers acteurs de l’économie en protégeant par législation les plus faibles.
2) L’État doit encadrer, soutenir de ses paiements de transfert, mais ne jamais se charger directement de la production de biens ou de services. Sous peine de voir s’accroître de façon incontrôlable les emplois parasitaires et les pertes d’efficience.
Entre le capitalisme traditionnel et l’étatisation existent des formes de gouvernance – telles les coopératives, les OSBL… — qui pourraient fort bien gérer des secteurs d’activités comme ceux de l’Éducation, de la Santé et autres.
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet) ; récemment il publiait un essai, Fantômes d’étoiles, chez ce même éditeur . On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).