Hector et les pétrifieurs de temps, de Danny Wallace (2016)

Par Lupiot

J'AI RI. J'ai tant ri.

Hector et les pétrifieurs de temps est de cette race sympathique des livres qui vous racontent une aventure gentiment fun jusqu'au détour d'une phrase où, kaboum, v'là le nawak.

Hector, 10 ans, vit à Starkley, classée 4ème ville la plus ennuyeuse d'Angleterre, ce qui est déjà vous dire quelque chose sur le niveau de lose de la bourgade : elle n'a même pas été nommée première, ce qui aurait apporté un peu de piment.

Rien ne trouble la tranquille quiétude des longues après-midi d'école d'Hector, jusqu'au jour où son prof s'arrête au milieu d'une phrase.

S'arrête longuement. Si longuement qu'Hector finit par relever la tête, pour constater non sans un étonnement certain que TOUT s'est arrêté. Le postillon du professeur, figé en plein vol. L'oiseau et l'avion, par la fenêtre, comme épinglés sur ciel bleu. Et, bien sûr, tous les copains de classe, immobilisé dans une posture d'écoute ou de délogement de crotte de nez.

C'est une PAUSE du temps. La première, mais pas la dernière. Seul à être libre de ses mouvements pendant ces étranges pauses, Hector résout rapidement de les mettre à profit de façon responsable, bien sûr : en dévalisant les confiseries et en faisant des tours de scooter, entre autre.

Sauf que bientôt, il tombe nez-à-nez avec d'autres individus restés libres de leurs mouvements. Des individus pas exactement normaux, ni tout à fait courtois ni très beaux, ni même franchement humains. DES MONSTRES, OUAIS. De répugnants, dégoulinants, boutonneux et méphitiques monstres plein de dents. Apparemment, ce sont eux les responsables des Pauses, et ils n'aiment pas trop que les enfants soient au courant de leurs bidouillages temporels. Ils n'aiment pas ça du tout, même. Hector va devoir prendre gare à ses fesses.

Les + :
  1. L'univers est vraiment fantaisiste, entre le quotidien douillet d'un écolier britannique et l'absurde et géniale aventure surgie du néant. C'est un peu Roald Dahl rencontre Terry Pratchett.
  2. Les petits héros, Hector le premier, sont assez attachants. Contraints de se débrouiller seuls contre les horribles Pétrifieurs, ils en profitent pour résoudre leurs peurs intimes, entamer leurs quêtes personnelles et, plus simplement, ont des caractères enfantins, colorés, débrouillards et acidulés... super bien mis en valeur par les illustrations de Jamie Littler, à la fois cool et délirantes, qui émaillent le texte.
  3. La plume de Danny Wallace (qui est, ô surprise, un humoriste IRL) nous réjouit par son ton décalé, son innocence et son mordant. L'humour est pile-poil équilibré comme il faut pour que cela ne s'essouffle pas, ce qui est parfois le cas quand l'auteur en fait trop. On émet ici et là des glouglou de dindon puis, de temps à autre, un petit cri de cochon étranglé.
Les - :
  1. Le dénouement, qui fait apparaître, soudain, de nouveaux personnages issus d'une mystérieuse organisation, et nous laisse rêver à la suite, est un peu moins réussi que le reste.
  2. La quête personnelle du jeune Hector, dont le père a disparu quelques temps avant le début de l'histoire, se mêle bien à l'intrigue, mais m'a semblé superflue (et très classique). Pas besoin de tirer sur la corde sensible ni, forcément, de faire disparaître Papa, pour créer un personnage de petit garçon intéressant, riche, plein de potentiel. Mais cette quête reste parallèle et, somme toute, anecdotique (elle sera, on le sent, développée dans la suite des aventures d'Hector).

... Suite que je serai absolument ravie de dévorer. Le plaisir de retrouver l'univers loufoque de Danny Wallace et son humour ravageur écrabouillent aisément les petits bémol qui pointent dans cette partition bien orchestrée.

Bonne lecture !

Hector et les Pétrifieurs de temps, de Danny Wallace, chez Gallimard Jeunesse, 2016, 320 pages

P. S. : Je vous avais déjà parlé de ce roman junior dans ma Liste des livres à guetter en 2016, et je le listais également dans mon Tag Adieu 2015 parmi les livres les plus drôles lus dans l'année.