Flash, la legende tome 1 (carmine infantino)

Par Universcomics @Josemaniette
Ce qui est franchement drôle avec Barry Allen, simple jeune scientifique recruté par la police de Central City, et destiné à devenir le plus rapide de tous les héros costumés de l'univers Dc, c'est qu'il est surtout réputé pour son retard atavique, qui finit d'ailleurs par lui valoir quelques problèmes avec Iris West, sa fiancée. Tout change (et cela vous le savez) un soir où Barry est encore au labo, occupé à faire joujou avec des éprouvettes, et qu'il est frappé par la foudre. Concours de circonstances entre la décharge et le contenu des fioles, voilà que le jeune homme se découvre des super pouvoirs stupéfiants, et qu'il devient un bolide inépuisable. Inspiré par un des héros de son enfance (Dc Comics a toujours eu le don de jouer sur l'héritage entre les héros, du moins avant les New 52) il se fabrique un costume écarlate doté d'un éclair comme emblème (une sorte de Hermes moderne) et devient The Flash. Qui dit héros dit aussi criminels. A travers ce gros pavé proposé par Urban, nous allons donc faire la connaissance d'une belle brochette de cinglés en costume, de pitres dangereux, de malfaiteurs malsains. Mais attention, les lecteurs les plus jeunes, où ceux qui sont accrocs depuis peu à la série télévisée targuée CW risquent bien d'être déroutés. Nous sommes ici en plein silver age, c'est à dire dans les années cinquante/soixante, et le ton utilisé pour la narration du récit, ou la construction des dialogues et des planches sont adaptés aux techniques d'alors. Qu'à cela ne tienne, apprêtez-vous à voir défiler toute une ribambelle loufoque ou terribles, comme Captain Cold, Mirror Master, Pied Piper, et Gorrilla Grodd. 
Ne soyez donc pas surpris si les criminels utilisent une boîte géante placée au beau milieu de la ville pour distraire les forces de l'ordre et accomplir leurs méfaits en toute tranquillité. Si The Flash doit accomplir un véritable tour du monde (de Paris au Caire en passant par l'Everest) au risque d'être en retard (encore une fois) à son rendez-vous galant avec Iris. Si le bolide écarlate doit contrer la menace d'une invasion de géants extra-terrestres qui ont capturé sa fiancée, et qu'il se retrouve emprisonné dans un sablier! Si vous vous trouvez nez à nez avec un humanoïde seul rescapé d'une race qui domina la planète entière il y a 80 millions d'années de cela! Bref, si tout peut arriver, sans que cela soit abordé avec le sérieux et la crédibilité dignes d'un documentaire, telle qu'on voudrait parfois nous la faire avaler, dans les comics modernes. Ici nous avons droit à des épisodes de Showcase, le comic-book dans lequel Barry Allen fit ses premières courses, et une grosse dizaine de numéros de la première série The Flash du nom, qui tire toujours une larme à l'oeil aux grands nostalgiques que nous sommes. Le pauvre Barry se fait régulièrement rembarré par sa copine qui le compare au super-héros qu'il est dans le plus grand secret (quelle pimbêche, comment peut-il la supporter?) et il intervient pour sauver la veuve et l'orphelin grâce à une montre intelligente, un détecteur de catastrophes émetteur/récepteur des plus improbables mais parfait pour l'époque. John Broome se laisse aller aux pires ou plus incroyables fantasmes de l'après-guerre, entre aliens venus du fin fond du cosmos, et progrès scientifiques qui donnent le sourire, après coup. Une certaine vision du futur subitement devenu le lointain passé, et forcément vintage assumé. Le dessin de Carmine Infantino est pour sa part superbe. Fonctionnel (pas d'esbrouffe inutile) et dynamique sans perdre un instant en lisibilité et en clarté, il parvient à rendre passionnant des affrontements contre un gorille intelligent et avide de domination ou les team-up avec Wally West, le jeune neveu d'Iris, qui comme par le plus grand des hasards a été investi des mêmes pouvoirs que Barry, dans des circonstances assez similaires. Si vous parvenez à oublier un instant ces dernières décennies ultra sérieuses et crispées de la mâchoire, ce volume rafraîchissant et joliment naïf vous tend les bras, et vous l'adorerez. 

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